Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 16 octobre 2019
Fonction publique territoriale

Pompiers : entre 7 000 et 10 000 manifestants à Paris, deux réunions annoncées en novembre

De la place de la République à celle de la Nation mais aussi devant l’Assemblée nationale, entre 7 000 et 10 000 sapeurs-pompiers professionnels, selon neuf syndicats représentatifs, 7 400 selon la préfecture de police de Paris, ont dénoncé leurs conditions de travail, hier à Paris. La manifestation, qui s’est d’abord déroulée dans une ambiance bon enfant avec sifflets, sirènes et fumigènes, a été, au fur et à mesure que l’après-midi avançait, ponctuée de plusieurs scènes d’affrontements entre les soldats du feu et les forces de l’ordre. 
Les policiers ont fait usage de canons à eau. En fin de journée, place de la Nation, des dizaines de grenades lacrymogènes ont été tirées quand des pompiers tentaient de rejoindre le périphérique. Dans la soirée, la préfecture de police recensait trois blessés parmi les forces de l’ordre et six interpellations pour « violences et jets de projectiles ». Des images de pompiers blessés circulaient également sur Twitter.
Dans un communiqué, publié hier, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a indiqué que les organisations syndicales avaient été reçues par le cabinet du ministère « en marge de la manifestation »  et annoncé qu’une réunion sur « la question des retraites des sapeurs-pompiers »  se tiendrait le 6 novembre, en présence de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, et des représentants de l'ADF et l'AMF. Les pompiers, qui peuvent prétendre à la retraite à 57 ans avec 42 annuités, s’inquiètent, en effet, des conséquences du passage au système universel. Une deuxième réunion, prévue le 14 novembre, sera consacrée à « l’ensemble de leurs revendications ». Là encore, les collectivités seront conviées autour de la table.

Sursollicitation
Cette manifestation a été organisée concomitamment à une longue grève des sapeurs-pompiers. Entamée le 26 juin et toujours en cours, celle-ci a mis en lumière leur malaise face à la « sursollicitation », le « manque de moyens »  et les « violences »  qu’ils subissent en interventions. Un mouvement « sans impact sur la prise en charge de nos concitoyens », les sapeurs-pompiers étant tenus d’assurer leur service. 
L’un des problèmes soulevés par les grévistes est la stagnation des effectifs - 40 646 professionnels en 2016, 40 537 en 2017. Les pompiers professionnels représentent 16 % des quelque 247 000 pompiers en France, le reste étant à 80 % des volontaires.
Dans le même temps, le nombre d’interventions des sapeurs-pompiers n’a jamais été aussi élevé - 4 651 500 en 2017 (+2,4 % par rapport à 2016) dont plus de 4 millions par les Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis). Elles ne relèvent d’ailleurs pas toujours de leur domaine de compétences : en 2018, une intervention sur cinq n’a même pas nécessité un seul geste de secours, déplorait, le 21 mars dans un entretien à Libération, le général Jean-Claude Gallet, qui commande la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris. « Nous faisons face à une paupérisation, un vieillissement et une augmentation de la population. Dans le même temps, il y a un net recul de la médecine de ville. Or la brigade fournit, elle, un système gratuit, qui répond en moins de dix minutes, et offre une qualité de secourisme de haut niveau. Donc la population se tourne de plus en plus vers les pompiers… » 

Un numéro unique d’urgence
Dans le même état d’esprit, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, avait plaidé devant Christophe Castaner, le 21 septembre lors du congrès des pompiers à Vannes, en faveur d’une modification de la loi de 1986 sur l’aide médicale urgente « pour confier clairement au ministère de l’Intérieur et aux services d’incendie et de secours la gestion des urgences préhospitalières, que les sapeurs-pompiers assurent quotidiennement dans les territoires ». En somme une « réforme d’un système de secours à bout de souffle »  qui passerait par « un seul numéro d'appel d'urgence, le 112 ». Interrogé hier à l’Assemblée nationale sur le sujet, Laurent Nuñez, secrétaire d’État place Beauvau, a répondu à cette revendication en annonçant l’expérimentation d’un numéro unique d’urgence pour « mieux orienter les appels ».

Une revalorisation de la prime de feu
Les sapeurs-pompiers demandent également plus de reconnaissance avec la revalorisation de leur prime de feu à 28 % (fixée à 19 % de leur salaire brut aujourd’hui), soit le taux de la prime de risque des policiers, mais aussi « des mesures concrètes »  pour assurer leur sécurité pendant les interventions. Depuis le début de l’année, le ministère de l’Intérieur a recensé plus de 1 200 incivilités physiques ou verbales à l’encontre des sapeurs-pompiers. Le recours aux caméras-piétons pendant les interventions, autorisé par Christophe Castaner début septembre, ne suffit pas à satisfaire la profession (lire Maire info du 19 juillet).
Beaucoup de questions restent donc en suspens au lendemain de cette manifestation. « Maintenant il faut avancer, en novembre il faudra des réponses à nos revendications, du gouvernement comme de la part de ceux qui nous financent », a déclaré à l’AFP Yannick Tenesi, secrétaire général du syndicat SNSPP-PATS.

Ludovic Galtier

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