Renouvellement urbain : le gouvernement lance une « mission de préfiguration » pour un troisième programme
Par A.W.
L’avenir du renouvellement urbain est-il enfin assuré ? La ministre du Logement Valérie Létard a, en tout cas, annoncé, hier, le doublement du montant des fonds versés à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) en 2026 et le lancement d’une mission de préfiguration pour poursuivre cette politique publique.
Une sortie qui intervient quelques jours après la tenue d’un comité interministériel de la ville (CIV) pas totalement convaincant et la demande récurrente des élus locaux pour préserver les financements de l’Anru. Et notamment le fléchage d’une somme suffisante dans le projet de loi de finances 2026.
Qui, « pour faire quoi » et avec quel argent ?
Première étape pour élaborer un nouveau programme de renouvellement urbain, cette mission de préfiguration a « pour vocation de regarder les conditions qui permettront de définir le futur de la rénovation urbaine », a expliqué l’ancienne vice-présidente du Sénat alors que le deuxième programme (NPNRU) doit s'achever en 2030 et que le maintien, voire l'élargissement à d'autres territoires de cette politique est largement réclamé.
Cette mission permettra de travailler sur « le tour de table financier » - le « nerf de la guerre » - , mais aussi de déterminer « qui est prêt à embarquer [dans] un futur de l’Anru », « sous quelle forme » et « pour quoi faire », a détaillé la ministre à l’occasion des journées nationales de l’Agence, qui se sont déroulées à Paris, celle-ci semblant ouverte à toutes les options possibles.
La mission de préfiguration est « une victoire, on est parti de loin », a-t-elle ainsi déclaré. « C'est un accord de principe pour la mise en oeuvre d'un troisième programme de renouvellement urbain », s’est félicité le président de l'Anru, Patrice Vergriete, parlant d’un « acte historique ».
Même réaction de la part d’Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui a rappelé, auprès de l’AFP, que « c'est un enjeu majeur », mais que rien n’est fait « tant qu'il n'y a pas de loi prévoyant un nouveau programme de renouvellement urbain ». « On ne peut pas tergiverser sur l'avenir de la rénovation urbaine », a-t-elle estimé, ajoutant que « rien que chez nous, les bailleurs sociaux, on a déjà identifié des besoins ».
116 millions d’euros en 2026
La ministre du Logement a, en outre, assuré qu’une enveloppe de 116 millions d’euros serait débloquée l’an prochain pour l’Anru, soit plus de deux fois les 50 millions d’euros versés par l’Etat en 2025. « L’État contribuera à hauteur de ce qui lui reste à payer annuellement jusqu'à la fin du programme, pour honorer son engagement », a promis Valérie Létard.
Une somme qui reste, toutefois, largement en-deçà des 270 millions d’euros réclamés par l’Agence. D'autant que son président – et ancien ministre du Logement - a récemment prévenu d’un risque de blocage de certains projets si l'Etat ne versait pas sa part pour financer le deuxième programme de rénovation urbaine.
Lancé en 2014 après un premier programme national PNRU (2004-2021), le Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU) prévoit la transformation profonde de 448 quartiers prioritaires de la politique de la ville présentant des dysfonctionnements urbains importants.
En fin d’année dernière, l’Anru s’était félicitée d’avoir déjà alloué « 100% des concours financiers » et engagé « deux tiers [de ce] programme » qu’elle pilote et qui prévoit 12 milliards d'euros jusqu’en 2030 afin de transformer les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).
Pour cela, elle prévoit la rénovation ou la démolition de grands ensembles principalement (mais aussi de copropriétés privées et de quartiers d’habitat ancien dégradé de centre-ville ou de faubourg), afin de reconstruire de plus petits immeubles et d’améliorer le cadre de vie des habitants.
Dans ce cadre, ce sont ainsi près de 135 000 logements sociaux qui ont été construits ou réhabilités et 1 046 équipements publics créés ou améliorés, dont 320 écoles, dans quelque 400 communes de métropole et d’outre-mer (dont la quasi-totalité des villes françaises de plus de 100 000 habitants, mais aussi des villes petites ou moyennes).
À noter, par ailleurs, qu’une proposition de loi pour pérenniser le dispositif d'encadrement des loyers, dont l'expérimentation arrivera à terme en 2026, vient d’être déposée, hier, au Sénat et à l'Assemblée nationale.
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