Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 28 octobre 2021
Polices municipales

Policiers municipaux : non, il n'y a pas de pénurie 

La difficulté de recrutement de policiers municipaux ne semble pas liée au manque de candidats, mais plutôt à des facteurs spécifiques à la fonction publique territoriale et aux aspirants policiers municipaux.

Par Bénédicte Rallu

Sur la liste d’aptitude des gardiens brigadiers en 2020, on comptait plus de 700 agents ! Soit plus de 700 personnes qui cherchent un poste de policier municipal. Pour les seuls reçus au concours de 2020... Or les agents peuvent rester sur ces listes d’aptitude deux ans, voire quatre ans dans certaines conditions particulières. 

Parallèlement, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) – qui forme les policiers municipaux – a fait son enquête sur les perspectives de recrutements dans les cinq ans à venir : les collectivités comptent embaucher entre 7000 et 7500 policiers municipaux ! « Nous avons donc environ 10% des besoins sur les listes d’aptitude, calcule François Deluga, président de la commission FPT – RH de l’AMF, président du CNFPT et maire du Teich (Gironde). Nous avons un problème de mobilité. » 

Comment en effet expliquer que les collectivités n’arrivent pas à recruter des agents qui pourtant recherchent un poste ? Depuis que la demande de policiers municipaux a fortement augmenté, beaucoup d’actions ont déjà été menées pour tenter d’y répondre : augmentation du nombre de concours, accès facilité aux concours, réduction du temps de formation, remboursement entre collectivités lorsqu’un policier municipal formé dans l’une part dans une autre …. Pour la direction générale des collectivités locales (DGCL), « la filière est en tension, mais il n’y a pas de pénurie ! » 

Facteur géographique

La forte concurrence entre collectivités sur le traitement indemnitaire (voire sur l’équipement) « n’explique pas tout », selon la DGCL. Le « problème »  se situe donc ailleurs. Selon les chiffres des derniers concours du centre de gestion de la petite couronne parisienne cités par la DGCL (2014, 2018, 2019), 36% des lauréats n’ont pas été recrutés... A peine plus de la moitié l’ont été. Il semblerait qu’un certain nombre de candidats passent le concours de la police nationale, puis ceux de la petite couronne. Mais au final, les villes de la périphérie n’attireraient pas les lauréats… Le facteur géographique jouerait bien plus fortement que le montant de la rémunération. Un constat qui vient confirmer une autre constatation bien connue sur l’attirance des villes du pourtour méditerranéen. 

Ce facteur est amplifié par une spécificité de la fonction publique territoriale : si l’employeur choisit ses agents, les agents choisissent aussi leur employeur ! Grande différence avec les concours de la police nationale dont les lauréats « sont affectés »  à leur poste.

Pistes de travail 

Pour améliorer l’attractivité de ces postes, la DGCL écarte pour le moment l’augmentation du nombre de concours. Tout comme l’idée préconisée dans le rapport Fauvergue –Thourot de 2018 sur le continuum de sécurité de création d’une école nationale des polices municipales car celle-ci aurait pour conséquence de « créer des cohortes »  et donc de « rigidifier les recrutements ». Au sein de la commission FPT-RH de l’AMF, qui s’est réunie ce 27 octobre, certains élus ont avancé quelques pistes de travail potentiel pour pallier le manque d’effectifs : assermenter d’autres agents en ASVP est « efficace »  pour le stationnement selon Murielle Fabre, coprésidente de la commission et maire de Lampertheim (Alsace) ou « en période estivale »  a expliqué Sylvie Husson, adjointe au maire de la commune de Domme (Dordogne). Sans oublier la question des gardes-champêtres, dont le rôle prend de l’importance sur le volet environnemental.  
 

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