Maire-info
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Édition du vendredi 27 mai 2016
Patrimoine

Le Sénat adopte en seconde lecture le projet de loi création, architecture et patrimoine

Le Sénat a adopté, mercredi, en deuxième lecture, le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, à l’unanimité des suffrages exprimés. Une commission mixte paritaire se réunira le 15 juin pour accorder les positions des deux chambres sur ce texte. Au cours de son examen, la Haute assemblée a modifié le texte déjà amendé en commission (lire Maire Info du 24 mai). S’agissant des dispositions relatives à l’archéologie préventive, le Sénat souhaitait limiter les prérogatives de l’Etat et de l’Inrap, contre l’avis du gouvernement. En commission, les sénateurs avaient confirmé leurs intentions en rejetant le principe de maîtrise scientifique accordée à l’État et en supprimant l’obligation pour les collectivités territoriales de signer une convention avec l’État pour obtenir l’habilitation de leurs services d’archéologie. En séance, ils ont trouvé un compromis avec la version des députés : le principe de la maîtrise d’ouvrage scientifique de l’État sur les opérations de fouilles a été abandonné au profit de la notion de maîtrise scientifique de l’Etat. Un consensus a également été trouvé sur le délai accordé aux collectivités territoriales pour décider de se saisir d’un diagnostic, et sur le contenu de la convention que les collectivités territoriales doivent signer avec l’État pour obtenir l’habilitation de leur service archéologique. Il reste néanmoins quelques sujets de désaccord à ce stade au sujet notamment du monopole de l’Inrap sur les opérations de fouilles sous-marines.
Concernant la protection du patrimoine, le Sénat a finalement supprimé l’obligation de soumettre à l'autorisation de l'architecte des Bâtiments de France tout projet d'implantation d'éoliennes situé dans un rayon de 10 kilomètres autour d'un monument historique et en covisibilité avec celui-ci, d'un site patrimonial remarquable ou d'un bien inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette disposition avait pourtant été rétablie en commission.
Les sénateurs ne se sont pas opposés à la nouvelle dénomination de « sites patrimoniaux remarquables »  proposée par les députés pour le nouveau régime unique de protection du patrimoine qui succèdera aux trois dispositifs existants (ZPPAUP, AVAP, secteur sauvegardé). Ils ont encadré les conditions dans lesquelles un EPCI pourrait déléguer aux communes qui en feraient la demande l’élaboration du plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine en prévoyant l’attribution obligatoire de moyens humains et financiers des EPCI aux communes en cas de délégation. Quelques points de désaccords subsistent encore à ce stade avec la version de l’Assemblée nationale, qui concernent notamment l’obligation de créer une commission locale sur le périmètre d’un site patrimonial remarquable.
Au chapitre relatif à l’architecture, les sénateurs ont confirmé l’obligation d’associer l’ensemble des professions compétentes pour l’élaboration des projets architecturaux, paysagers et environnementaux d’un lotissement, votée en commission. La liste des professionnels de l'aménagement et du cadre de vie compétents serait fixée par décret. Ils ont rétabli un dispositif dérogatoire à l’obligation de recourir à un architecte pour établir le projet pour les lotissements de petite taille (le seuil sera être fixé par décret en Conseil d’État) qui avait été supprimé en commission.
Concernant les enseignements artistiques, comme en commission, les sénateurs ont rétabli les dispositions qu'ils avaient votées en première lecture instaurant un « chef de filat »  de la région dans ce domaine. Ils ont aussi adopté les objectifs de la politique en faveur de la création artistique en supprimant la référence à son caractère de service public et en rétablissant la nécessité de la construire en concertation avec les acteurs de la création artistique. Le Sénat a rétabli l’article 1erbis dans sa rédaction intégrale votée en première lecture, afin de mentionner que la liberté de diffusion devait respecter les principes encadrant la liberté d’expression ainsi que le droit d’auteur.
Xavier Brivet
Télécharger le texte adopté.

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