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Édition du mercredi 26 novembre 2025
Santé publique

Pas de lien démontré entre l'usage des smartphones et le cancer, selon une étude de l'Anses

L'Anses a publié hier une vaste étude sur les effets des ondes radiofréquences émises par la téléphonie mobile. La conclusion de l'agence est claire : il est impossible d'établir une corrélation entre l'exposition à ces ondes et la survenue de cancers. 

Par Franck Lemarc

C’est un débat récurrent depuis des années : les ondes émises par les antennes de téléphone mobile et les téléphones eux-mêmes sont-elles susceptibles de provoquer des cancers ? Plusieurs études, dont une menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’an dernier tendent à dire que non, mais la crainte subsiste – pourtant notamment par certains courants écologistes. 

L’Anses, si elle se garde de trancher le débat définitivement, établit aujourd’hui qu’aucun lien entre l’exposition aux ondes et le cancer ne peut être établi. 

Inquiétudes levées

Pour aboutir à ce résultat, l’Anses a compilé les plus de 1 000 études scientifiques menées sur ce sujet depuis 2013, et a retenu les 250 les plus pertinentes. Il s’agit de travaux portant aussi bien sur des expérimentations animales que sur des cohortes d’êtres humains. Ces études ont « considérablement enrichi les connaissances sur ce sujet ». 

L’Anses s’est penchée sur les études parues depuis 2013 parce que c’est cette année-là qu’elle avait publié une première étude, dont les conclusions, bien que très prudentes, avaient suscité une certaine inquiétude. À cette époque, tout comme le Centre international de recherches sur le cancer (Circ), l’agence avait émis une alerte sur la possibilité qu’une « utilisation intensive »  des téléphones mobiles puisse favoriser l’apparition de certaines tumeurs cérébrales (gliomes). 

Dans l’étude parue hier, l’Anses revient sur cette conclusion et la réfute : l’agence « révise »  son avis de 2013, sur la base des « nombreuses données publiées »  depuis, en particulier, « les résultats épidémiologiques issus d’études de cohortes » . La prise en compte de ces données a conduit les experts de l’Anses « à réviser le niveau de preuve de la cancérogénicité des radiofréquences » , et qu’il est « impossible de conclure »  à l’existence d’un lien entre les ondes et le cancer du cerveau. 

Il n’y a donc, aujourd’hui, « pas de lien de cause à effet »  prouvé entre usage du smartphone et apparition de cancers.

Des impacts plus larges

L’Anses reste néanmoins prudente, et précise que ces conclusions sont valables à un instant T, au regard des études disponibles, sans exclure « la possibilité que de futurs travaux apportent des éléments nouveaux ». 

D’autant plus que l’évolution des technologies est rapide dans ce domaine : à peine la 5G développée, la 6G est déjà dans les cartons. L’Anses « s’interroge »  sur cette évolution frénétique et sur « ces développements constants en matière de fréquences utilisées, de couverture, de débit », alors que la société reste « dans l’ignorance de l’impact des futurs développements sur la santé humaine ». 

Elle ajoute que son étude ne concerne que le cancer et qu’il ne faut pas sous-estimer, en revanche, les effets éventuellement  délétères des usages du numérique « sur la santé mentale » . Tout comme elle alerte sur le fait que « les technologies numériques ont des conséquences sur le climat, la biodiversité, la consommation énergétique, l’eau, les ressources minières », et que « des liens étroits et interdépendants existent entre la santé des personnes et les écosystèmes » . Il n’y a donc pas de vision angélique ou naïve qui ressort du rapport de l’Anses : certes, les ondes ne provoquent probablement pas de cancer, mais l’usage des technologies numériques peut avoir bien d’autres conséquences négatives sur la santé. 

Recommandations

Les conclusions de l’agence la conduisent à dire qu’il n’y a « pas d’argument qui justifierait de faire évoluer les valeurs limites d’exposition et les préconisations d’usage actuelles »  des smartphones. Elle annonce néanmoins qu’elle va se livrer à de nouvelles études notamment sur les effets des ondes radiofréquence sur la fertilité des hommes comme des femmes. 

Au nom du principe de précaution, l’Anses rappelle qu’il est préférable de se conformer aux préconisations d’usage émises depuis longtemps sur le téléphone mobile : avoir « un usage raisonné », « privilégier les zones de bonne réception » , utiliser des oreillettes ou des kits main-libre et « limiter l’usage pour les enfants ». 

Elle appelle à la vigilance sur les évolutions technologiques futures et continuera à « surveiller »  celles-ci et « l’éventuel impact de l’exposition aux radiofréquences sur la santé »  qui en découleront.

Accéder à l’étude.

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