Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 3 mars 2020
Parité

Rapport du HCEfh : la politique reste « un bastion des hommes »

Dans son Rapport annuel sur l’état du sexisme, publié hier, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) pointe une fois encore la trop faible place faite aux femmes en politique, et préconise de prendre des mesures drastiques. 
« Le monde politique fonctionne comme une chasse gardée des hommes ». C’est le constat sans appel du HCE, nuancé tout de même par l’affirmation que la parité a fait « des avancées remarquables grâce aux contraintes légales ». Mais les chiffres sont là, y compris dans les collectivités : 84 % des maires et 92 % des présidents d’intercommunalité sont des hommes. Au-delà, le Haut conseil dresse une liste éclairante de toutes les hautes fonctions qui n’ont jamais été occupées par des femmes : la présidence de la République, bien sûr. Mais aussi celle du Sénat, de l’Assemblée nationale, de la Cour des comptes, du Cese… 

Un bilan accablant
Outre la trop faible place des femmes dans les instances – y compris celles de direction des partis politiques –, les comportements sexistes sont encore légion dans le monde politique, relève le HCE, qui cite le propos de l’ancienne ministre Roselyne Bachelot décrivant l’ambiance à l’Assemblée nationale comme celle « d’une chambre de caserne ». Les députées représentent presque 40 % des sièges au Palais Bourbon, mais elles n’occupent que 3,6 % du temps de parole. 
Et le monde politique n’est pas – loin de là – exempt des agressions sexistes ou sexuelles, qu’elles soient verbales ou physiques. Depuis les députés imitant le caquètement d’une poule lorsqu’une femme prend la parole dans l’hémicycle, jusqu’aux gestes déplacés, les comportements d’un autre âge persistent. Et les collectivités ne sont pas épargnées. Le rapport cite une enquête selon laquelle 40,1 % des femmes élues locales déclarent subir des comportements sexistes, et dans 83 % des cas de la part d’un collègue élu. 29 élues ont été victimes d’agressions sexuelles en 2019 dans le cadre de leur mandat, dont la moitié s'est produite dans les locaux de la collectivité. L’enquête cite aussi les innombrables remarques sexistes entendues par les élues (« Tu ferais mieux de faire des gosses plutôt que de la politique », « C’était mieux quand tu mettais une mini-jupe »  …).
Enfin, le rapport présente un focus intéressant sur « l’assignation »  des femmes à des thématiques spécifiques, « comme si les hommes politiques les acceptaient dans leur espace à condition qu’elles gardent une sorte de spécialisation ». Là encore, les chiffres sont éloquents : la répartition des délégations dans les exécutifs régionaux, sur laquelle le HCE s’est penché, est pesque totalement « genrée » : la délégation aux affaires sociales est occupée dans 100 % des cas par des femmes ; la culture, à 82 %. De l’autre côté, 89 % des délégations aux finances sont occupées par des hommes. 

Les mesures préconisées
Le HCEhf émet de nombreuses préconisations pour tenter de remédier à cette situation. Au premier rang desquelles – comme l’AMF le souhaite également : l’extension des dispositifs paritaires « dans les zones blanches de la parité : les villes de moins de 1 000 habitants et les intercommunalités ». 
Pour ce qui concerne le Parlement, le Haut conseil préconise d’instaurer des règles paritaires « aux postes de vice-présidence des assemblées et de nommer systématiquement un binôme paritaire de co-rapporteur et co-rapporteuse d’un projet de loi. » 
Il demande également un « rééquilibrage »  de la répartition des délégations et des responsabilités des femmes et des hommes dans les assemblées locales, en intégrant un bilan de cette répartition dans le rapport relatif à la situation comparée en matière d’égalité femmes-hommes. Et d’instaurer une peine d’inéligibilité pour les élus condamnés pour violences sexistes et sexuelles. 
Le HCE suggère également de revoir les règles de financement des partis en fonction de critères d’égalité entre les sexes : il propose par exemple que le soutien public aux partis politiques soit pour partie conditionné à une obligation de parité dans les instances de direction des partis.

Franck Lemarc

Télécharger le rapport du HCEfh.

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