Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 30 mars 2017
Outre-mer

Guyane : les ministres Fekl et Bareigts sur place dans un esprit de « compréhension »

Les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et des Outre-mer Ericka Bareigts, arrivés hier en Guyane, ont affiché un esprit de « compréhension »  à la veille de rencontres visant à sortir le territoire de la crise le paralysant depuis une semaine.
Venus directement de Paris, les deux représentants du gouvernement sont arrivés en avion gouvernemental après 17H00 locales (22H00 à Paris), avant d’être héliportés vers Cayenne puis de rejoindre en voiture la préfecture vers 17h55 locales.
« L’état d’esprit est d’abord la compréhension pour les difficultés qu’affronte la Guyane en matière de sécurité, les difficultés économiques, les difficultés sociales », a déclaré Matthias Fekl lors d’une conférence de presse commune débutée une heure plus tard. « Nous sommes là pour écouter, pour avancer avec des solutions concrètes », a déclaré le ministre, qui s’est dit prêt à rencontrer tous ceux qui veulent « sereinement construire l’avenir de la Guyane ».
Selon le site du quotidien Les Echos, les ministres « seraient en mesure de poser sur la table des négociations un pacte de développement de la Guyane de 4 milliards sur un peu moins de 10 ans ». Des informations que Matignon a aussitôt démenties. Les ministres ne sont partis avec « aucune enveloppe prédéterminée. On ne travaille pas comme ça. On travaille avec les acteurs à des mesures utiles pour la Guyane, pas sur des chiffres fantaisistes et inventés », selon Matignon.
La signature d’un « pacte d’avenir ambitieux », concrétisant les avancées, « pourrait intervenir dans les meilleurs délais », avait estimé mardi soir Bernard Cazeneuve, appelant « chacun »  à « s’associer »  aux discussions.
A Cayenne, dans la foule rassemblée mardi sur l’avenue du Général de Gaulle, étaient visibles beaucoup de drapeaux guyanais et des banderoles reprenant le slogan « nou bon ké sa »  - « ça suffit »  en créole - qui a fleuri sur les nombreux barrages installés dans les villes du territoire.
Ericka Bareigts et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont annoncé hier une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d’euros à l’hôpital de Cayenne, en difficulté financière et qui nécessite de gros travaux de rénovation.
De leur côté, les régions et collectivités d'outre-mer ont présenté hier à Paris une série de propositions, notamment fiscales, pour développer leurs territoires, confrontés « aux mêmes difficultés »  que la Guyane, dans une plateforme soumise aux candidats à l'élection présidentielle.
Rodolphe Alexandre, président de l'assemblée de Guyane, a dénoncé « un système semi-colonial et la surdité des gouvernements »  sur l'outre-mer, dans une intervention transmise depuis Cayenne. « C'est parce que la base spatiale est bloquée depuis une semaine que le ministère nous dépêche ses ministres », a-t-il affirmé.
Philippe Richert, le président de Régions de France, a souligné pour sa part les besoins particuliers de l'outre-mer, liés notamment aux taux de chômage et d'illettrisme plus élevés qu'en métropole, à l'explosion démographique sur certains territoires, aux faibles créations d'entreprises et à l'éloignement.
Les élus demandent notamment « l'autonomie fiscale des régions et collectivités d'outre-mer », en incluant la dotation générale de décentralisation (DGD) dans l'échange dotation de l'Etat (DGF) contre une fraction de TVA prévu pour 2018. Les outre-mer disposent en effet actuellement de plus de DGD que de DGF.
Autre revendication, l'extension de l'octroi de mer aux services, avec la mise en place « d’une fiscalité sur les services ». Les régions d'outre-mer souhaitent également « bénéficier d'une partie de la taxe carbone, en bénéficiant d'une part de la hausse annuelle du produit de la taxe »  pour constituer un fond environnemental et protéger les écosystèmes. Elles réclament un meilleur retour fiscal de l'activité touristique et la « transparence sur les prix des carburants », pour répondre aux préoccupations des populations.
Lors du dernier Congrès de l'AMF fin mai-début juin 2016, les maires d'outre-mer avaient lancé un cri d'alerte sur ce sujet des finances locales. Dans un communiqué publié à la suite de la traditionnelle journée consacrée aux élus d'outre-mer, l'AMF demandait « des mesures d'urgence »  pour faire face à la situation financière des communes d'outre-mer. Une situation qui avait conduit les maires de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de La Réunion à signer des résolutions communes, dans lesquelles ils alertaient, solennellement, sur le risque de déstabilisation de leurs territoires « résultant de réformes budgétaires non amorties par une péréquation nationale défaillante »  (lire Maire info du 31 mai 2016). Et, plus récemment, dans son manifeste « Pour des communes fortes et vivantes au service des citoyens » à l'attention des candidats à la présidentielle, l'AMF préconise « un soutien spécifique de l’Etat au titre de la solidarité nationale pour résoudre la situation particulièrement contrainte des communes et intercommunalités d’Outre-mer ». (Avec AFP)

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