Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 13 octobre 2025
Numérique

Transformation numérique des communes : encore du chemin à parcourir

Les résultats du Baromètre « Numérique et collectivités » lancé au dernier Congrès des maires par la direction interministérielle du numérique (Dinum) et le réseau Déclic, viennent d'être publiés.

Par Lucile Bonnin

Partant du constat que le « niveau de transformation numérique des collectivités territoriales est aujourd’hui encore trop partiellement documenté », le Baromètre Numérique et collectivités lancé dans le cadre du programme Transformation Numérique des Territoires au sein de la Dinum, vise à collecter ces données manquantes, en partenariat avec le réseau Déclic, fédérateur national des Opérateurs publics de services numériques (OPSN).

Les derniers résultats de cette grande enquête qui a commencé au début de l’année 2024 viennent d’être dévoilés aux rencontres Déclic la semaine dernière, selon nos confrères de Localtis. Au total, 3 117 réponses ont été collectées jusqu’ici dont la grande majorité des répondants sont des communes avec un taux de réponse très élevé dans trois régions : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes. 

Usage du numérique en interne : les collectivités à la traîne 

Au sein même des collectivités, et notamment des communes, l’usage du numérique (équipements, télétravail, gestion logicielle, etc.) n’est pas une évidence. Au niveau de l’organisation du travail, seulement 34 % des collectivités disposent par exemple d’une charte télétravail pour leurs agents. De même, « la sécurisation du travail à distance, via des solutions comme le VPN, demeure limitée, tout comme l’usage du matériel reconditionné »  (seulement 8 % du matériel informatique des communes est reconditionné). 

La dématérialisation interne peine aussi à s’affirmer. Selon le Baromètre, seulement 22 % des collectivités disposent d’un système de dématérialisation des bulletins de paie, 66 % affichent leurs actes administratifs sur un média numérique et 44 % ont mis en place un registre communal d’alerte. La Dinum préconise de « renforcer ces dispositifs internes et élargir l’open data »  ce qui « pourrait améliorer l’efficacité administrative, réduire les délais et accroître la transparence ».

Côté formation des élus, 49 % des agents et 26 % des élus ont suivi une formation ou une sensibilisation sur la cybersécurité au cours des deux dernières années – un chiffre qui progresse d’année en année. Plus globalement, l’effort de formation et de sensibilisation au numérique est insuffisant. 43 % des collectivités déclarent n’avoir proposé aucune formation ou action de sensibilisation au cours de l’année. La Dinum estime que si les collectivités montrent une « volonté de former leurs agents, notamment sur la cybersécurité et le RGPD », « l’effort reste inégal et touche encore trop peu de personnels. »  De plus, « le niveau global de compréhension des enjeux numériques est jugé "juste suffisant" par une majorité, ce qui confirme l’importance de renforcer l’offre de formation ».

Des services d’inclusion et de médiation pour les administrés à renforcer 

Les services numériques proposés aux administrés sont, eux aussi, sous-développés. Par exemple, en matière de communication, 82 % des collectivités ne font pas de retransmission des réunions en ligne et seulement 16 % utilisent des outils de participation citoyenne en ligne. Ces outils permettent pourtant « d’encourager un dialogue plus actif entre la collectivité et ses habitants ». De même, l’accessibilité numérique reste « marginale » : « Peu de sites ont été audités ou mis en conformité avec le RGAA ». Aussi, si la « majorité des collectivités propose déjà des services en ligne essentiels, comme la prise de rendez-vous pour les CNI/passeports ou le paiement sécurisé des prestations (...), la mise en place de modules pour d’autres rendez-vous administratifs reste encore limitée, tout comme l’offre globale de prestations payantes en ligne ». 

Enfin, au niveau de l’inclusion numérique, seulement 28 % des collectivités interrogées disposent de lieux de médiation. Ce sont en majorité des maisons France services, des médiathèques, des bibliothèques ou encore des espaces publics numériques et centres sociaux. Seulement 25 % des collectivités interrogées disposent d’un conseiller numérique France services.

Difficultés à s’approprier l’Intelligence artificielle 

Le constat du manque de gouvernance dédiée au sujet du numérique dans les collectivités est sans appel : seulement 22 % des collectivités disposent d'une feuille de route dédiée au numérique et 52 % n'ont pas désigné d'élu en charge du numérique. Si l’enjeu est pourtant stratégique, le manque de compétences, de moyens et de temps sont des obstacles pour les collectivités. 

Ce n’est pas sans lien si les collectivités ont également du mal à se saisir de l’open data et de l’intelligence artificielle. La Dinum observe que l’exploitation avancée des données des collectivités, « que ce soit via l’intelligence artificielle, des capteurs connectés ou l’open data, reste encore limitée ». Seulement 5 % des collectivités utilisent l’Intelligence artificielle dans le cadre de leur projet. Cependant, les usages vont progresser. 26 % des collectivités ont par exemple ouvert leurs jeux de donnés en Open Data et 7 % sont en réflexion pour le faire. 

Rappelons qu’en 2023, Valérie Nouvel, vice-présidente du département de la Manche, avait remis un rapport de mission au gouvernement détaillant quelques exemples intéressants d’appropriation de l’IA au service des territoires.

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