Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 2 juin 2022
Numérique

Raccordements FttH : quelles sont les priorités pour demain ? 

Hier a eu lieu la première journée du traditionnel colloque TRIP de printemps organisé par l'Avicca. En guise d'ouverture de cette dixième édition, les acteurs de la filière des infrastructures numériques ont commencé par faire le point sur les avancées du chantier fibre avant de lister les freins qui ralentissent la transformation des territoires. 

Par Lucile Bonnin

Entre l’élection présidentielle et les élections législatives : « il n’y avait pas de meilleur moment pour faire une mise au point sur les avancées du déploiement du réseau FttH (fibre optique) et pour proposer le scénario de l’Avicca », commence Patrick Chaize, président de l’Avicca. 

Très rapidement, le sénateur de l’Ain entre dans le vif du sujet. Il se réjouit de constater une prise de conscience collective des problèmes qui ont pu être soulevés lors du dernier colloque de l’Avicca qui a eu lieu en novembre dernier. (lire Maire info du 29 novembre).

Mais en ce 1er juin 2022, premier jour du colloque TRIP printemps de l’Avicca, certains problèmes demeurent, notamment un, qui a fait vivement réagir la salle pleine de l’Espace Charenton à Paris : celui des raccordements FttH en mode STOC qui est à l’origine d’une ubérisation inquiétante de la filière. (lire Maire info du 11 mars).

Néanmoins, dix années après son lancement, tout le monde s’accorde à dire que le Plan France Très Haut Débit est un succès – bien qu’il soit teinté de quelques incertitudes et de cas particuliers qui nécessitent de « déployer des solutions sur le terrain rapidement ». 

Ces perspectives d’avenir ont été évoquées hier avec en premier lieu la présentation des résultats de l’Observatoire du très haut débit- enquête réalisée par InfraNum, la Banque des territoires et l’Avicca – et dans un second temps un débat autour des avancées et évolutions possibles concernant l’aménagement numérique du territoire. 

Généralisation de la fibre : des progrès constatés

Hervé Rasclard, directeur général d'InfraNum, a présenté hier les résultats de l'Observatoire du très haut débit 2022. Pour résumer, les avancées en termes d’aménagement numérique du territoire sont encourageantes. 

D’abord, « la fibre supplante largement le cuivre aujourd’hui », comme l’indique Hervé Rasclard qui annonce que 70 % du total des locaux sont désormais raccordables en FttH. « Les réseaux d’initiative publique (RIP) ont été les moteurs les plus importants », ajoute-t-il. 

Ces résultats encourageants montrent que la trajectoire du plan est bonne, ce qui n’empêche pas l’existence de « derniers réglages »  qui pousse les acteurs du numérique à réfléchir à un nouveau scénario pour « enraciner le plan France très haut débit »  et parvenir à sa généralisation, au plus tard fin 2025.

« Il y a une nécessité d’intervention rapide au niveau national et il faudra 10 ans pour raccorder tous les Français et pour engager le plan résilience des infrastructures, avec un budget de 1,3 milliard d’euros par an et où 7 000 équivalents temps plein (ETP) pourraient être conservés durablement. On a imaginé la répartition des emplois dans notre filière à échéance 2025 qui représenterait plus de 42 000 ETP contre 38 000 en 2021. » 

Enfin, de grandes priorités ont été identifiées pour répondre aux objectifs fixés par InfraNum. Elles sont résumées par la devise « Égalité, pérennité et solidarité ». Régler l’absence de génie civil, enfouir les réseaux aériens, boucler les nœuds de raccordements optiques (lieu où convergent les lignes des abonnés), préserver l’intégrité du réseau et prendre en compte des spécificités d’exploitation des RIP : voilà les grands axes sur lesquels il faudra travailler à l’avenir. Seul point encore flou : la question des financements qui passeront soit par un plan national, un investissement de long terme ou avec un mécanisme de péréquation. 

La qualité du réseau toujours problématique

Laure de La Raudière, présidente de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), se souvient avoir eu du mal en novembre dernier, lors du TRIP d’Automne de l’Avicca, à reconnaitre la réussite du réseau fibre car « la qualité n’était pas au rendez-vous ». 

Malheureusement, six mois après, le constat ne change pas. La présidente rappelle l’engagement du gendarme des télécoms pour limiter le nombre de sous-traitance à deux rangs ou encore pour imposer la mise en place d’outils pour permettre aux opérateurs de vérifier la qualité des raccordements à distance. Elle a d’ailleurs annoncé le déploiement de l’application e-intervention, prévu pour l’été prochain. 

De son côté, Philippe Le Grand, président d’InfraNum, détaille les contours d’un plan qui serait en discussion depuis un mois avec les opérateurs d’infrastructures (OI). Il encourage notamment le fait de labelliser et donner une carte professionnelle aux entreprises et travailleurs sous-traitants pour s’assurer de la bonne formation des intervenants. Ce plan encourage aussi le fait de renforcer les contrôles pour que les OI puissent disposer des plannings d’intervention sur les réseaux. 

C’est apparemment tout un nouveau plan de qualité qui doit être (re)construit par la filière pour répondre aux futurs enjeux. Maire info reviendra demain sur cette question de la qualité des réseaux exposant le point de vue des collectivités et celui des opérateurs commerciaux, opérateurs d’infrastructures, équipementiers et sous-traitants. 

Accéder à l’Observatoire du THD 2022. 

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