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Édition du vendredi 29 avril 2022
Numérique

Empreinte environnementale du numérique : la fibre beaucoup moins énergivore que le cuivre

L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a publié en début de semaine la première édition de son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable ». Les données ont été collectées auprès des quatre opérateurs télécoms pour suivre l'évolution de leur empreinte environnementale.

Par Lucile Bonnin

C’est avec la loi « Climat et résilience »  que l’Arcep s’est vu ajouter une corde à son arc.Une disposition de la loi permet désormais au régulateur de collecter des données sur l'empreinte environnementale de l'ensemble de l'écosystème numérique, notamment des opérateurs télécoms français. 

Cette nouvelle compétence vient donc de se concrétiser avec la publication d’une première édition de l’enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » . L’Arcep a rendu publics les premiers indicateurs collectés auprès des quatre principaux opérateurs télécoms – à savoir Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free mobile. 

« Cette publication s’inscrit dans le cadre de la démarche ''Pour un numérique soutenable'' lancée par l’Arcep : elle donne vie à l’une des 11 propositions présentées dans le rapport de décembre 2020, qui visait à mettre en place un baromètre environnemental » , est-il indiqué dans le communiqué de presse. 

Trois catégories d’indicateurs ont été collectés : les émissions de gaz à effet de serre ; l’énergie consommée par les réseaux en France et l’activité de vente, collecte, reconditionnement et recyclage des téléphones mobiles.

Les émissions de gaz à effet de serre 

L’indicateur incontournable lorsque l’on parle d’environnement est celui des gaz à effet de serre (GES). Parfois complexe à cerner, les émissions de ces gaz doivent s’observer en deux temps, au risque de fausser totalement les résultats.

Ainsi, l’Arcep constate que les émissions directes des quatre opérateurs ont diminué au cours des dernières années notamment sous l’effet de l’optimisation des flottes de véhicules, l’efficacité énergétique des bâtiments et la baisse d’activité pendant la crise sanitaire. 

Mais du côté des émissions indirectes, les résultats ne sont pas réjouissants. Pour rappel, ce type d’émission représente deux tiers des émissions totales des GES et concernent par exemple la consommation électrique due au fonctionnement des réseaux, des centres de données, des locaux commerciaux, etc. Entre 2017 et 2020, les émissions GES ont augmenté de 37 000 tonnes équivalent CO2. Les principaux mis en cause : les déploiements des réseaux mobiles mais également l’augmentation des usages sur ces réseaux.

L’énergie consommée 

S’il faut retenir une chose de cette première enquête c’est bien que « la fibre optique est la moins gourmande de toutes les technologies ! » , comme le précise l’Arcep sur son compte Twitter. Les réseaux fixes et mobiles représentent moins de 1 % de la consommation électrique totale en France. Le cuivre – dont la fermeture fait actuellement l’objet d’un grand plan – serait aussi « quatre fois plus gourmand que la fibre »  en énergie. Les réseaux d’accès cuivre consomment, en moyenne, environ 35 kWh par abonnement en 2020, contre moins de 10 kWh sur les réseaux fibre.

Mais l’énergie que les réseaux consomment augmente en moyenne de 5 % chaque année. À ce rythme, l’Arcep prévoit que l’énergie consommée puisse doubler d’ici 2035. Mais le plan progressif de fermeture du réseau cuivre laisse espérer une évolution positive en la matière, bien qu’il soit étroitement conditionné à la réussite du plan France très haut débit qui doit garantir l’accès de tous les usagers à la fibre optique d’ici 2025. 

L’empreinte carbone 

Avec ces premiers résultats dévoilés par l’Arcep, on comprend que les terminaux sont les principaux mis en cause en termes d’impact environnemental. Selon l’étude Ademe Arcep sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique, les terminaux représentent, en 2020, la majeure partie de l’empreinte carbone du numérique (79 %), parmi lesquels les ordinateurs (y compris tablettes), les écrans et matériels audiovisuels et enfin les téléphones mobiles.

« Plus de 20 millions de téléphones mobiles sont vendus chaque année en France mais la part des reconditionnés reste marginale, peut-on lire dans cette première édition. Pourtant 80 % de leur empreinte carbone est liée à leur fabrication, le reconditionnement offre un potentiel important de réduction de leur impact. » 

Pour ses prochaines enquêtes, l’Arcep va progressivement étendre sa collecte de données à d’autres acteurs du numérique comme les fabricants de terminaux, les opérateurs de centres de données et peut être ajouter de « nouveaux indicateurs, pour compléter la mesure de l’impact environnemental du numérique et apprécier son évolution dans le temps ». 

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