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Édition du mardi 7 mars 2023
Numérique

L'empreinte carbone du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050

L'Arcep et l'Ademe ont remis hier au gouvernement le troisième volet de leur étude sur l'évaluation prospective de l'impact environnemental du numérique en France à horizon 2030 et 2050. Si aucune mesure n'est prise pour réduire l'empreinte environnementale du numérique, son empreinte carbone pourrait tripler.

Par Lucile Bonnin

C’était en août 2020 que l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) se sont vues confier « une mission visant à mesurer l’empreinte environnementale du numérique en France et à identifier des leviers d’actions et des bonnes pratiques pour la réduire. » 

Les deux premiers volets de cette étude ont déjà été publiés (lire Maire info du 29 avril). Ces derniers évaluent l’impact actuel du numérique dans son ensemble. Ce dernier volet, dévoilé hier, porte sur l’évaluation prospective de l’impact environnemental du numérique en France, à horizon 2030 et 2050. Le panorama dressé par les deux institutions appelle à davantage maitriser les usages pour instaurer une « sobriété numérique »  durable. 

Croissance menaçante 

Le scénario suivi par l'Arcep et l'Ademe est en fait une projection des évolutions actuelles du numérique. Il est dit « tendanciel »  car il « repose sur l’hypothèse que les tendances observées, qu’elles correspondent à une diminution ou une augmentation de l’impact environnemental, se poursuivent. » 

En suivant ces évolutions, tous les impacts environnementaux seraient en forte croissance en 2030 et en 2050. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur du numérique seraient multipliées par trois d’ici 2050. 

Concrètement, en 2030, « si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel », l’empreinte carbone du numérique en France augmenterait d’environ 45 % et de 187 % en 2050.

Autre facteur prévisionnel : le « trafic de données serait multiplié par 6 et le nombre d’équipements augmenterait de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés ». 

L’étude met également en lumière « qu’un des enjeux environnementaux majeurs du numérique, outre son empreinte carbone, est la disponibilité des métaux stratégiques et autres ressources utilisées pour la fabrication des terminaux (principalement téléviseurs, ordinateurs, box internet et smartphones mais aussi objets connectés dont l’impact est grandissant). »  La consommation de minéraux et de métaux pourrait augmenter de 59 % en 2050 et les ressources utilisées (matériaux, biomasse, déplacements de terre, eau et air) pourraient elles aussi augmenter de 179 %. 

Les leviers d’action 

Pour éviter ces augmentations préjuciables pour l’avenir environnemental du pays, l'Ademe et l'Arcep préconisent d’allier des mesures de sobriété et des mesures d’écoconception. « Un des leviers d’action est de promouvoir la « sobriété numérique », qui commence par une interrogation sur l’ampleur du développement de nouveaux produits ou services numériques et une réduction ou stabilisation du nombre d'équipements » , peut-on lire sur le site de l’Arcep. 

Ensuite, l’écoconception qui passe notamment par « l’allongement de la durée de vie des terminaux, en développant davantage le reconditionnement et la réparation des équipements est un axe majeur de travail, tout comme la sensibilisation des consommateurs à ces enjeux. » 

Pour améliorer l’efficacité énergétique, l’écoconception doit être systématisée : « pour les terminaux, mais aussi pour l’ensemble des équipements (infrastructures de réseaux et centres de données), ainsi que dans le cadre des modalités de déploiement des réseaux et services numériques. » 

La mise en œuvre de l’ensemble de ces leviers permettrait de réduire l’empreinte environnementale du numérique d’ici à 2030 : jusqu’à - 16 % pour l’empreinte carbone par rapport à 2020.

Télécharger l'étude dans son intégralité. 

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