Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 18 octobre 2019
Numérique

Déploiement de la fibre : le gouvernement rouvre le guichet France Très haut débit, l'Avicca crie « victoire »

Suspendu fin 2017, concomitamment au lancement des Amel (Appels à manifestation d’engagements locaux), le guichet France Très haut débit (THD), dont la vocation est de financer les réseaux d’initiative publique (Rip), va rouvrir en 2020, a annoncé, dans un communiqué daté d’hier, le gouvernement. « Dès 2020, 140 millions d’euros (économie dégagée par le plan France Très haut débit de 3,3 milliards d’euros, ndlr) seront dédiés à l’accompagnement des projets de Rip, afin de garantir à terme à tous les Français un accès à la fibre optique », se réjouit-on au ministère de la Cohésion des territoires. L’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) crie « victoire ». Depuis la suspension du guichet, son président, Patrick Chaize, sénateur de l’Ain, n’a cessé de réclamer sa réouverture.

3 millions de foyers exclus du déploiement de la fibre
Il faut dire qu’il était urgent d’agir : trois millions de foyers français étaient, jusque-là, « exclus de toute perspective d’accompagnement par l’État », assure Patrick Chaize. Il y a un mois, lors de l’Université d’été du très haut débit, Julien Denormandie, qui suit le dossier au gouvernement, recensait, au total, 25 départements (27 départements selon la carte de l’Avicca*), « pour lesquels l’accompagnement [vers le tout-Ftth] jusqu’en 2025 n’est pas défini », et estimé « le reste à faire »  à 600 millions d’euros (lire Maire info du 19 septembre). Heureusement, estime Patrick Chaize, « il n’est pas indispensable de budgéter immédiatement les 600 millions d’euros nécessaire pour atteindre cet objectif, certains projets n’étant pas encore prêts et de nouvelles économies sur les dossiers déjà déposés restant possibles, quand bien même limitées ».

 

322 millions d’euros supplémentaires à dégager dans le PLF 2020
Interrogé hier par Maire info, Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, est certain, toutefois, que les 140 millions d’euros ne seront pas suffisants pour financer « l’ensemble des premières demandes prêtes à être déposées ». « Rien qu’en Bretagne, le reste à faire (70 %) est estimé à 200 millions d’euros, pour l’Auvergne, c’est 83 millions d’euros. »  L’Avicca a fait les comptes : en 2020, 462 millions d’euros sont nécessaires pour financer les demandes prêtes à être déposées. « En face, il y a 140 millions d’euros, c’est là que le discours du gouvernement perd toute sa cohérence », regrette Ariel Turpin. « Il convient donc de prévoir dans le cadre de la loi de finances une première autorisation de programme de 322 millions d’euros supplémentaires. C’est le faible prix à payer pour ne laisser aucun département sur le carreau », milite Patrick Chaize.
Sans quoi, « cela ne peut tourner autrement qu’à la foire d’empoigne »  entre les élus locaux soumis à la « pression électorale (élections municipales en 2020, départementales en 2021, ndlr) »  et à celle de leurs administrés, insiste Ariel Turpin.

La barre des 4 millions de prises franchie en 2019
Mercredi, lors du troisième point d’étape sur l’avancée de la couverture numérique, Julien Denormandie a noté, plus largement, une « accélération notable »  du déploiement de la fibre optique. « En 2019, plus de 4 millions de nouvelles prises en fibre optique seront déployées, soit deux fois plus qu’en 2016. Aujourd’hui plus de 21,6 millions de foyers peuvent être raccordés à la fibre optique jusqu’au domicile (Ftth) ». « Avec 1,9 million d’abonnements supplémentaires en un an, le nombre d’abonnements Ftth atteint 5,8 millions fin juin 2019, soit près de quatre locaux sur dix éligibles au Ftth », écrivait l’Arcep début octobre (lire Maire info du 14 octobre).
À noter que « pour garantir un même niveau de déploiement de la fibre dans tous les départements, le gouvernement a décidé de lancer une consultation publique pour étudier les modalités de généralisation de la fibre optique dans les territoires les moins bien dotés ». En septembre, Patrick Chaize redoutait, en effet, un manque d'homogénéité territoriale au regard de l’objectif de 2025 (100 % Ftth), certaines collectivités étant certaines d’être équipées à 100 % en Ftth en 2025, tandis que d'autres ne le seront qu'à 40 ou 50 % à cette même date.

Ludovic Galtier

*Allier, Aude, Cantal, Cher, Côtes-d’Armor, Creuse, Dordogne, Doubs, Finistère, Gers, Ille-et-Vilaine, Indre, Jura, Haute-Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Manche, Morbihan, Moselle, Puy-de-Dôme, Haute-Saône, Sarthe, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Yonne, Guyane et Mayotte.
 

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