Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 25 janvier 2016
Migrants

La tension monte à Calais toujours confronté à la forte présence de migrants

Calais, où stationnent dans un bidonville de la périphérie 4 000 réfugiés désireux de passer en Grande-Bretagne, a connu un week-end de tension, avec une manifestation hier de commerçants en présence de la maire au lendemain d'une nouvelle action spectaculaire de migrants qui sont parvenus à monter sur un ferry dans le port.
Dans ce contexte crispé, la maire de Calais, Natacha Bouchart, et Xavier Bertrand, président de la Région, seront reçus le 3 février à Paris par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, accompagné de la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Sans mot d'ordre politique et évitant toute prise de position hostile aux migrants, quelque 2 000 personnes ont défilé dans le calme pour « soutenir les emplois »  dans les rues de la sous-préfecture du Pas-de-Calais, régulièrement théâtre d'incidents en relation avec un vaste campement situé près de la rocade portuaire. Dans les premiers rangs avait pris place Natacha Bouchart, qui s'était jusqu'ici tenue à l'écart de toute manifestation de rue et avait même appelé les Calaisiens à faire de même. Après l'intrusion de migrants sur le port samedi, elle avait à nouveau donné de la voix, demandant « solennellement au président Hollande de venir sur place à Calais pour régler les problèmes liés au camp ».
Ce rassemblement était prévu avant les incidents de samedi, qui ont toutefois sans doute contribué à lui donner une ampleur inattendue. Après des prises de parole sur la place d'Armes, où une Marseillaise a été entonnée, le cortège des commerçants a défilé dans le centre-ville pendant près de deux heures derrière une grande bannière « Mon port est beau, ma ville est belle - soutenir notre ville, notre port, nos commerces et nos emplois ». A l'origine du défilé, le collectif des entreprises et commerçants du Calaisis, qui regroupe une centaine d’acteurs économiques locaux , a réitéré sa demande formulée mi-décembre sur la mise en place d'un moratoire sur les taxes des commerçants du Calaisis en raison « d'une forte baisse de l'activité »  due à la crise migratoire.
Samedi après-midi, une autre marche avait également réuni 2 000 personnes, organisée cette fois par des collectifs de soutien aux migrants, et quelques personnalités, dont l'eurodéputée EELV Karima Delli et Philippe Poutou (NPA).
C'est après le défilé que 350 personnes, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, s'étaient introduites dans l'enceinte du port. Après avoir forcé un barrage, une cinquantaine avait pu s'infiltrer pour monter à bord d’un ferry stationné dans le port. Bernard Cazeneuve a dit hier la « détermination totale du gouvernement à assurer l'ordre public à Calais », après cet événement exceptionnel qui a débouché sur 15 gardes à vue. Huit de ces manifestants, six migrants et deux militants altermondialistes de l'association No Borders, doivent être jugés aujourd’hui en comparution immédiate.
« En toute impunité on laisse faire des activistes, des No borders, des gauchistes extrémistes mener la loi, utiliser la misère du monde et derrière, au niveau judiciaire, les choses ne suivent pas », a affirmé Natacha Bouchart, parlant « d'un échec du gouvernement ». Ce n’est pas la première fois en effet que la maire de Calais appelle à l’aide le gouvernement face à l’ampleur de la situation. Fin octobre, elle avait ainsi demandé l’intervention de l’armée. Elle avait aussi reçu le soutien du président de l’AMF, François Baroin, qui avait estimé que « ce qui se passe à Calais concerne toutes les communes de France »  (lire Maire info du 27 octobre 2015). Depuis, l'élue a intégré le bureau de l'AMF.
A une quarantaine de km de là, à Grande-Synthe, le gouvernement vient d’accepter que Médecins sans Frontières (MSF) construise un camp de 500 tentes chauffables pour accueillir les migrants regroupés dans un bidonville installé dans la ville (lire Maire info du 12 janvier). (Avec Afp)

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