Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 28 septembre 2020
Numérique

Même « sans 5G, l'exposition du public aux ondes devrait continuer de s'accroître », selon une étude de l'ANFR

Reporté de six mois pour cause d’épidémie, le coup d’envoi des enchères pour l’obtention des fréquences 5G sera bel et bien donné demain malgré le climat de défiance ambiant (lire Maire info du 16 septembre). L’utilité même de la 5G mais aussi son impact sur l’environnement et sur la santé sont, en effet, régulièrement dénoncés par ses détracteurs.

Pour tenter d'apaiser le débat, dans Libération, le président de l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep), Sébastien Soriano appelle ce matin à « définir de nouveaux gardes-fous »  et Cédric O, secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques opposé au moratoire, s'est dit prêt, le 21 septembre sur Public Sénat, à « discuter avec les maires pour qu'ils sachent quand une antenne va arriver chez eux, qu'on puisse systématiser un certain nombre de simulations et augmenter le nombre de contrôles ».

Surtout, une étude de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), publiée ce mois-ci, vient contredire l’un des arguments phares des protestataires, selon lequel la 5G provoquerait une surexposition aux ondes. Y renoncer, au contraire, reviendrait à augmenter fortement l’exposition aux ondes 4G.

Quatre scénarios

Afin d’étudier l’évolution de l’exposition du public aux champs électromagnétiques, l’ANFR a analysé des simulations numériques des niveaux d’exposition créés par la téléphonie mobile dans le 14e arrondissement de Paris. Quatre scénarios, « état initial »  ; « 4G optimisée »  ; « 5G seule »  ; « Majorant 5G », ont été testés. Les scénarios « 4G optimisée »  et « 5G seule »  sont les plus intéressants à observer. 

Le premier part du principe que la 5G a été abandonnée : il « reflète l’optimisation ultime de la 4G », c’est-à-dire « la conversion de la plupart des émetteurs 2G et 3G à la technologie 4G, avec une augmentation concomitante des puissances pour accroître les débits disponibles »  et répondre ainsi aux besoins. « La 4G serait alors déployée sur toutes les stations existantes et sur toutes les bandes de fréquences actuelles, excepté sur la bande 900 MHz qui hébergerait la 2G et la 3G ». L’autre scénario à observer a, quant à lui, « consisté à modéliser l’exposition produite par la mise en service de la 5G dans la bande des 3,5 GHz (scénario « 5G seule » ) en ayant recours à des antennes à faisceaux orientables ».

« En l’absence »  de 5G, « le niveau d’exposition moyen augmente d’environ 66 % » 

Résultat : « Sans 5G, l’exposition du public aux ondes devrait continuer de s’accroître (…) avec l’hypothèse d’un déploiement optimisé de la 4G, le niveau d’exposition moyen augmente d’environ 66 % ». Un retard éventuel de la 5G « s’accompagnerait donc d’un accroissement sensible de l’exposition dans les zones denses, pour permettre au réseau 4G de tenter de prendre en charge une partie de la croissance attendue du trafic », expliquent les auteurs de l’étude.

Le scénario « 5G seule »  produit, quant à lui, une augmentation modérée de l’exposition : le niveau moyen reste faible (le niveau d’exposition moyen est ainsi évalué à 2,30 V/m en extérieur et 1,30 V/m en intérieur) par rapport aux valeurs limites de l’exposition comprises entre 36 V/m et 61 V/m. Le scénario « 4G optimisée »  génère, de plus, environ six fois plus de points les plus exposés (niveaux supérieurs à la valeur d’attention de 6 V/m) quand, dans le scénario « 5G seule », le nombre de ces points atypiques n’augmenteraient que de 0,2 % grâce aux antennes à faisceaux orientables.

Celles-ci « ne devraient donc pas être à terme le contributeur principal de l’exposition, y compris en zone urbaine dense où ces antennes devraient être largement déployées », conclut l’étude, qui ne répond pas toutefois à la question de l’exposition aux ondes de la 5G sur d’autres bandes fréquences et notamment la bande des 26 Ghz ni aux craintes des maires concernant l’implantation par les opérateurs de « petites cellules »  dans le mobilier urbain (lire Maire info du 17 juillet).

2,17 milliards d'euros

À quelques jours près, la publication de cette étude coïncide donc avec le lancement des enchères. En jeu à partir de demain : l’attribution aux opérateurs télécoms des 11 blocs de 10 mégahertz (MHz) disponibles dans la bande 3,4-3,8 GHz. Celle-ci aura lieu en octobre, avant une commercialisation des premiers forfaits 5G dans certaines villes à la fin de l’année. Jusque-là, les quatre opérateurs, Bouygues Telecom, SFR, Free et Orange, avaient chacun obtenu dans cette bande un bloc de 50 MHz, dont la valeur a été fixée à 350 millions d’euros. Avec la mise en jeu de ces 110 MHz supplémentaires, l’État empochera au minimum 2,17 milliards d’euros. 

Ludovic Galtier

Télécharger l’étude.

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