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Édition du jeudi 12 janvier 2023
Logement social

Une étude met en lumière la forte dégradation de la situation financière des locataires du parc HLM

L'Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols) a publié hier son enquête annuelle sur les ménages du parc social, réalisée l'été dernier. Elle fait apparaître de façon très claire la dégradation brutale du niveau de vie liée à l'inflation : 70 % des locataires déclarent avoir du mal à boucler leurs fins de mois.

Par Franck Lemarc

Créée en 2015, l’Agence nationale de contrôle du logement social est chargée de « contrôler et d’évaluer les organismes du logement social et du secteur de la participation des employeurs à l'effort de construction ». Depuis 2021, elle produit une enquête annuelle sur les ménages du parc social, qui met l’accent sur leur satisfaction (ou leur insatisfaction) par rapport à leur cadre de vie et aux difficultés qu’ils rencontrent. 

Un quart des locataires insatisfaits de leur logement

La première partie de l’étude 2022 porte donc sur la « satisfaction »  des ménages locataires du parc social vis-à-vis de leur quartier. Par rapport  à l’an dernier, les chiffres sont stables : plus de 80 % des ménages interrogés sont « tout à fait »  ou « plutôt »  satisfaits de leur quartier. Chez ceux qui ne le sont pas, la raison essentielle est « la délinquance, la violence ou le vandalisme »  (63 % des insatisfaits).

Pour ce qui concerne la satisfaction par rapport au logement lui-même, le taux d’insatisfaction augmente légèrement par rapport à 2021 (de 21 à 24 %). 35 % des « insatisfaits »  le sont en raison de la mauvaise isolation.  50 % des répondants jugent que leur logement est « mal isolé du bruit ». 65 % d’entre eux déplorent le « mauvais état »  de leur logement. 

En matière de confort thermique, 38 % des ménages du parc social estiment que leur logement est « désagréable »  en été, lors des vagues de chaleur. 

Forte augmentation des situations de difficultés financières

La seconde partie de l’étude est consacrée aux difficultés financières des ménages. Le changement, dans ce domaine, est en revanche brutal : si 56 % des ménages disaient, en 2021, avoir « souvent »  ou « de temps en temps »  des difficultés à boucler leurs fins de mois, leur proportion passe à 68 % cette année. Dans cette catégorie, ceux qui ont « souvent »  des problèmes passent de 28 % à 39 %. 

Parmi les différents types de ménages, ce sont les familles monoparentales qui souffrent le plus : presque 80 % d’entre elles, soit 4 sur 5, rencontrent des difficultés financières (75 % chez les couples avec enfants). Et il faut noter que cette étude a été réalisée en juin et juillet dernier, c’est-à-dire avant que l’inflation atteigne les taux qu’elle a atteints en fin d’année. 

Le chèque énergie ne semble répondre que très partiellement à ce problème, puisque seuls 45 % des ménages disent l’avoir reçu, très en-dessous donc des presque 70 % de ménages qui rencontrent des difficultés financières.

L’étude révèle plusieurs autres chiffres frappants : 77 % des ménages locataires du parc social se disent incapables de faire face, le cas échéant, « à une dépense non prévue de 1 000 euros ». 21 % des ménages (et même 31 % pour les familles monoparentales), disent avoir déjà passé dans l’année au moins une journée sans prendre de repas pour des raisons financières. 

Pour réduire les dépenses, 37 % des ménages disent avoir réduit le chauffage l’hiver précédent (on parle bien de l’hiver 2021-2022, avant l’explosion des prix de l’énergie). Mais les trois quarts des ménages ont réduit leurs dépenses de loisirs, 77 % leurs dépenses de vêtements. 

Peu de télétravail

Un autre chapitre de l’étude concerne les transports. Les deux tiers des ménages interrogés possèdent une voiture, et 72 % de ceux-ci déclarent que la hausse du prix des carburants a « fortement augmenté leurs dépenses ». 63 % ont dû limiter leur consommation de carburant. 

Le co-voiturage reste extrêmement peu pratiqué par ces ménages (entre 2 et 7 % selon les catégories). Le télétravail reste également particulièrement minoritaire chez les habitants du parc social, souvent salariés dans des emplois qui ne permettent pas cette facilité : 15 % seulement des répondants télétravaillent. 

Il est enfin à noter que quatre répondants sur cinq (79 %) constatent que leur immeuble n’a pas bénéficié d’une réhabilitation ces trois dernières années. 

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