Crise du logement : le taux d'attribution des HLM continue de chuter
Par A.W.
Un manque de rotation des locataires conjugué à un nombre de HLM en construction toujours à la peine. Ce sont les raisons principales qui expliquent que le taux d’attribution de logements sociaux ne cesse de diminuer ces dernières années, selon l’Agence nationale du contrôle du logement social (Ancols) qui vient de publier son deuxième Panorama du logement social (portant pour l’essentiel sur des données de 2023). Et alors même que la hausse des demandes ne faiblit pas, au contraire.
Bien que l’USH se soit félicitée de certaines avancées sur le budget 2025 pour tenter de contenir la crise actuelle (la baisse de 200 millions d’euros de la réduction de loyer de solidarité (RLS) qui ponctionne les bailleurs et le retour du prêt à taux zéro pour les primo-accédants qui a été étendu à tout le territoire), le nombre de demandeurs de logement social a continué de battre des records en 2025 avec désormais 2,8 millions de personnes dans cette situation, un chiffre en hausse de 200 000 par rapport à la fin d’année 2023.
Manque de rotation
Avec 400 000 demandes de plus par rapport à 2019, leur nombre* n’a cessé de progresser alors que les attributions, elles, continuent de baisser. Elles sont ainsi passées sous le seuil symbolique des 400 000 en 2023, soit une chute de 13 % sur les cinq dernières années.
Résultat, seule à peine une demande sur dix reste désormais satisfaite, alors que le taux était encore de 13,1 % en 2019, juste avant la crise sanitaire. Sans compter que plus d'une attribution sur quatre est faite à des ménages vivant déjà dans le parc social.
En cause principalement, la baisse de la rotation dans le parc qui est passée « de 9,5 % à 8,1 % sur la période 2019-2023 ». Or « l’offre de logements disponibles à la location est composée à 80 % des logements provenant de la rotation », rappelle l’Ancols.
Bien sûr, « la diminution des mises en services », c’est-à-dire le ralentissement des créations de logements sociaux, pèse également dans la situation actuelle. Représentant « environ 20 % de l’offre disponible chaque année », 330 000 logements locatifs sociaux ont été mis en service par les bailleurs sociaux au cours des cinq dernières années. Déduction faite des logements démolis et ceux vendus, l’Ancols recense finalement un « accroissement net d’environ 210 000 logements » sur un parc de plus de 5 millions de logements. Bien en deçà des besoins.
L’Île-de-France reçoit 30 % des demandes
Et la situation ne devrait pas s’améliorer. Une étude de la Banque des territoires, parue l’an passé, estimait qu’« à court terme, le secteur pourrait être en mesure de mettre en chantier autour de 77 000 nouveaux logements chaque année » jusqu’en 2029, avant de chuter à nouveau. « À partir de 2030, après une phase d’accélération en matière de réhabilitations lors de la décennie précédente, le secteur disposerait de moindres capacités financières pour investir, la production de logements sociaux s’établirait alors à hauteur de 72 000 constructions neuves par an en moyenne », anticipaient ainsi les auteurs du document.
D’un point de vue géographique, l’Ancols met en avant la proportion importante de demandes effectuées en zone tendue. L’Île-de-France et la Guyane rivalisent avec un taux de demande de près de 20 %, soit un ménage sur cinq, alors que le reste des territoires ultramarins, Paca et les Hauts-de-France suivent avec des taux de plus de 12 %.
Reste que la région capitale porte à, elle seule, plus d’un million de demandes, soit « près de 30 % de l’ensemble des demandes alors qu'elle abrite 17 % de l'ensemble des ménages ». Elle doit également gérer 64 % des demandes Dalo (Droit au logement opposable).
Revenu moyen de 17 200 euros par an
Selon l’étude, le taux d'attribution est « un peu plus élevé » pour les ménages jeunes et les familles monoparentales. Concrètement, 42 % des locataires qui se sont vu attribuer un HLM en 2023 sont des personnes seules, 29 % des familles monoparentales,19 % des couples avec enfants et 10 % des couples sans enfant.
Si la majorité des attributions vont à des personnes ayant un emploi, « près de 11 % des attributions » ont été accordées à des ménages dont les ressources par personne étaient inférieures à 600 euros par mois. Étonnamment, « le taux d’attribution des ménages très modestes est inférieur à la moyenne », constatent les auteurs de l’étude, qui notent que « 34 % des locataires du parc social, en 2021, disposaient d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté ».
Plus globalement, le revenu de vie moyen dans le parc social est de 17 200 euros (et 16 600 euros pour les nouveaux locataires arrivés depuis moins d'un an) contre 22 200 euros pour les locataires du parc privé et 29 500 euros pour les propriétaires.
Ces ressources limitées font que 25 % des locataires disent avoir difficultés pour régler leur loyer ou leurs charges et 13 % reconnaît « être ou avoir été en situation d'impayés de loyer dans les douze derniers mois ».
À noter, par ailleurs, que les auteurs de l’étude estiment que 93% des bailleurs ont « une santé financière solide ». Toutefois, « 34 organismes (7 %) sont en dessous des deux seuils d’alerte ».
* Pour connaître le nombre de demandes, deux méthodes de calcul se font concurrence : la première fait état de 3,9 millions de demandes de logement social qui ont été actives au moins un jour en 2023. L’autre méthode, la plus souvent relayée dans les médias, consiste à prendre les demandes actives à une date donnée. Ainsi, au 1er juillet 2023, 2,6 millions de demandes étaient comptabilisées.
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