Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 12 novembre 2025
Santé publique

Les régions s'opposent au déremboursement des cures thermales

Dans un courrier au Premier ministre, onze présidents de région lui demandent de renoncer au déremboursement des cures thermales pour les patients souffrant d'affections de longue durée. Pour l'instant, cette mesure ne figure plus dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. 

Par Franck Lemarc

Le gouvernement souhaite-t-il, ou non, le déremboursement partiel des cures thermales ? La question semblait évidente il y a quelques jours, elle l’est moins aujourd’hui, tant la position du gouvernement est fluctuante sur la question. 

Pour mémoire, tout est parti du dossier de presse du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS), où une petite phrase mentionne, en passant, que « le taux de prise en charge des cures thermales sera diminué », sans plus de précision.

Quelques jours plus tard, la ministre chargée des Solidarités, Charlotte Parmentier-Lecocq, confirmait ce choix, indiquant que deux mesures seraient prises : la suppression du remboursement des cures à 100 % pour les personnes en ALD (affection longue durée) et le passage à un remboursement de 65 % à 15 % pour les autres. Le tout permettant, indiquait la ministre, une économie de 200 millions d’euros.

Amendement rejeté

Le gouvernement devait envisager de faire passer ces mesures par amendement, car ces mesures ne figurent pas dans le PLFSS lui-même. Au final, devant la très large opposition rencontrée par cette perspective, il ne l’a pas fait, laissant au groupe Ensemble pour la République le soin de faire une proposition, finalement différente de ce qui avait été annoncé par la ministre : cet amendement préservait les patients en ALD et maintenait la prise en charge des cures pour ceux-ci… mais supprimait entièrement toute prise en charge pour les autres patients. 

Discuté samedi 8 novembre dans l’hémicycle, cet amendement a été très largement rejeté – les orateurs de tous les groupes, hormis Ensemble pour la République, se succédant pour le fustiger. Et, surprise, même la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a émis… un avis défavorable. La ministre a simplement estimé qu’il fallait « ouvrir le débat »  sur le remboursement des cures, dont « les bienfaits médicaux sont très discutés ». « Le débat doit avoir lieu », a jugé la ministre, qui a reproché à l’amendement EPR « d’aller directement à sa conclusion ». L’amendement a été rejeté par 167 voix contre 24. 

Le débat n’est toutefois pas terminé : il reviendra au moment où les députés examineront les montants de l’Ondam (objectif national de dépenses de l’Assurance maladie). Les oppositions estiment qu’il manque 200 millions dans ces montants, précisément pour financer le remboursement des cures thermales. Un amendement a été déposé pour rétablir ces 200 millions d’euros. 

Les présidents de région vent debout

Même si l’Assemblée nationale semble donc assez fermement opposée au déremboursement, l’association Régions de France a tout de même tenu à s’exprimer par voie de communiqué, lundi 10 novembre, en publiant une lettre signée le 5 novembre (avant la session où l’amendement a été rejeté, donc), par 11 présidents de région. 

Adressée à Sébastien Lecornu, cette lettre lui demande de « mesurer la gravité qu’aurait (…) la mesure de réduction du remboursement des cures thermales », qui représenterait « une erreur stratégique, budgétairement discutable et socialement injuste ». 

Les présidents de région estiment qu’en la matière, le remède risque d’être pire que le mal : le déremboursement des cures « inciterait au recours à des alternatives moins efficaces et plus coûteuses (traitements médicamenteux chroniques, kinésithérapies répétées, hospitalisations) », ce qui « annulerait »  à terme les économies escomptées.

Mais surtout, les élus régionaux mettent l’accent sur les retombées pour les territoires concernés, où « le thermalisme constitue un levier économique majeur ». Ce sont « des dizaines de milliers d’emplois », directs et indirects, en comptant l’hébergement, la restauration, les fournisseurs, le commerce local, qui seraient en jeu, et « des centaines de millions d’euros ». 

Régions de France rappelle que 90 % des stations thermales se situent dans des communes de moins de 10 000 habitants, où elles représentent souvent « l’un des premiers employeurs locaux ». « La fermeture d’une station entraînerait non seulement des pertes d’emplois directs, mais aussi la disparition de pans entiers de l’économie locale », écrivent les élus. 

Enfin, ils rappellent que les curistes sont souvent des personnes âgées « à revenus modestes ». « Supprimer le remboursement reviendrait à réserver l’accès à la cure à une population aisée, accentuant ainsi les inégalités sociales de santé ». 

Les présidents de région attendent du Premier ministre qu’il « renonce à cette mesure ». Est-ce déjà chose faite ? La suite du débat sur le PLFSS le dira. 

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