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Édition du mardi 22 juillet 2025
Ruralité

Les Français toujours séduits par les petites villes, mais pas comblés

Face aux offres insuffisantes en termes de santé, de logements ou encore d'emplois dans les petites villes, neuf Français sur dix réclament davantage d'implication des pouvoirs publics au cours des années à venir, selon un baromètre Ipsos.

Par A.W.

Si les Français plébiscitent toujours les petites villes, ils pointent un certain nombre de freins à leur éventuelle installation. C’est ce que révèle la quatrième édition du baromètre Ipsos pour l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), l’Association des petites villes de France (APVF) et la Banque des territoires.

Réalisée en mai 2025 auprès de 1 000 Français et de 800 habitants de communes du programme Petites villes de demain, cette enquête d’opinion publiée hier confirme l’image positive des petites villes qui « incarnent pour de nombreux Français une forme d’équilibre entre dynamisme et tranquillité, entre lien social et cadre de vie préservé ». 

Territoires à la « meilleure qualité de vie » 

Si un Français sur six porte un regard « très positif »  sur ces dernières (16 %), ils sont surtout 86 % à déclarer en avoir une opinion positive. Un dernier résultat plutôt stable, mais en léger recul par rapport aux précédentes enquêtes (89 % en 2021, 88 % en 2024). En parallèle, ils ne sont que 14 % à avoir une opinion « assez »  ou « très négative »  des petites villes (respectivement 13% et 1%).

Cet « état d’esprit favorable »  est largement partagé, indépendamment de l’âge, du milieu social ou du lieu de résidence des personnes interrogées. Les jugements positifs envers les petites villes sont « massifs »  (entre 80 et 90 %) aussi bien « chez les hommes, que chez les femmes, chez les moins de 35 ans que chez les 60 ans et plus, chez les cadres que chez les ouvriers, ou encore et surtout chez les habitants des métropoles grandes ou moyennes, de leurs banlieues ou de leurs zones périurbaines, ou encore des espaces ruraux », constatent les auteurs de l’enquête.

De la même manière, 85 % des Français ont le sentiment qu’il s’agit du type de territoire qui « offre la meilleure qualité de vie »  à ses habitants et autant pensent que les petites villes « attirent de plus en plus de nouveaux habitants ». Parmi ceux qui n’y résident pas, 62 % envisagent ainsi de s’y installer un jour, une possibilité particulièrement marquée chez les jeunes et les diplômés. 

Pourtant, un quart des répondants assurent que leur perception des petites villes s’est dégradée, autant que ceux disant qu’elle s’est améliorée. 

La proximité avec la nature, l’atout majeur

Reste que les Français estiment, dans leur grande majorité, que l'avenir des petites villes est positif, selon le baromètre. « C'est particulièrement vrai pour celles qui disposent d'atouts touristiques évidents comme la proximité du littoral (70 %) ou de la montagne (66 %), ou qui se situent à proximité d'axes de communication importants comme celles qui sont connectées au réseau ferré (69 %) ou autoroutier (61 %) ».

L’image positive des petites villes s’appuie avant tout sur le sentiment que leurs habitants bénéficient d’un « contact plus direct avec la nature » : 63 % des Français – et 72 % de ceux habitant dans des petites villes – pensent ainsi qu’il s’agit de leur principal atout, loin devant les relations sociales de qualité (42 %) et le niveau de sécurité plus élevé (37 %). 

Parmi les autres atouts cités, on peut noter la progression de la vie associative (26 %, +  6 points) et l’offre de commerces (21 %, + 7 points), traduisant une perception de plus en plus dynamique de ces communes à taille humaine.

Le développement du télétravail, l’attrait pour les circuits courts, « la sensibilité accrue aux enjeux environnementaux »  sont également « porteurs »  pour les petites villes, alors que la majorité de ceux qui pourraient s’y établir dans les années à venir citent comme raison principale « la tranquillité ».

Des « freins »  à l’installation

Mais qu’en pensent les premiers concernés ? Du côté positif, les habitants des petites villes notent une amélioration en matière de vie de loisir, culturelle et évènementielle (34 %), mais aussi en matière de vie associative et sportive (31 %).

Surtout, 57 % d’entre eux affirment que « les aménagements urbains ont eu des conséquences positives sur le cadre de vie »  et autant estiment que « les conditions de mobilités se sont améliorées au cours des dernières années ». Des aménagements réalisés par les communes qui sont donc « favorablement perçus pour la majorité des usagers ».

Du côté des points négatifs, les habitants des petites villes pointent une dégradation dans l’offre de santé (43 %) et une détérioration de l’offre de logements (31 %).

Des aspects négatifs cités également chez les Français qui envisagent de déménager dans une petite ville à l’avenir et qu’ils perçoivent comme les « principaux freins à leur éventuelle installation ». La question de l’offre de services de santé est ainsi citée par 38 % d’entre eux (et jusqu’à 52 % chez les 60 ans et plus) tandis que les faibles possibilités de logements sont pointées du doigt par un quart d’entre eux (26 %).

À cela s’ajoutent le manque de commerces (36 %), les difficultés en matière de déplacements (33 %) et également les faibles possibilités en termes d’emplois qui sont particulièrement citées par les moins de 35 ans (41 %). Même si, paradoxalement, 76 % des répondants se disent confiants dans leurs chances de trouver un emploi dans une petite ville, le manque d’opportunités d’emploi « peut donc être un frein majeur à l’installation des populations les plus jeunes, stratégiques dans le développement des petites villes ».

Dans ce contexte, 93 % des Français estiment qu’au cours des années à venir, « les pouvoirs publics doivent agir pour contribuer à l’évolution et à la transformation des petites villes ».

Consulter le baromètre.

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