Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 31 mai 2021
Finances locales

Les collectivités locales ont bien fini l'année 2020 « Ã  l'équilibre », confirme l'Insee

Les administrations publiques locales (Apul) ont vu leur déficit et leur dette se creuser de manière moins importante que ceux de l'Etat et de la Sécurité sociale, l'an passé, selon les résultats définitifs publiés par l'Insee. Pour 2021, le déficit et la dette ont déjà été revus à la hausse par Bercy.

Par A.W.

La tendance observée il y a deux mois est confirmée. Si les finances publiques ont bien connu une dégradation historique en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire et économique qui frappe le pays depuis un an, les collectivités locales ont réussi à maintenir leur compte « à l’équilibre », a assuré l’Insee après la publication, vendredi, du compte définitif des administrations publiques

Deficit : un niveau historique

Le déficit et la dette publics ont ainsi atteint des niveaux « historiques », en 2020, le premier se creusant de 9,2 % (à 212 milliards d’euros) alors que la seconde s’est envolée à 115,1 % du PIB. « L’action des administrations publiques dans le contexte de la crise sanitaire conduit à une très forte croissance des dépenses publiques [alors que] dans le même temps, les recettes publiques pâtissent fortement de la chute de l’activité », expliquent les auteurs de la publication. Ceux-ci soulignent que « la détérioration du solde public provient en premier lieu de l’État et des administrations de sécurité sociale ». 
Bien que les finances des collectivités locales ont été « à l’équilibre »  l’an dernier, après avoir connu un excédent de 1,2 milliard d’euros en 2019, le solde des administrations publiques locales (Apul) s’est « de nouveau »  détérioré l’an dernier avec un déficit de 4,2 milliards d’euros. Un déficit qui s'explique donc entièrement par celui de certains opérateurs avec « la forte augmentation »  des dépenses de participation aux organismes de transport de la part d’Île-de-France Mobilités, et, « dans une moindre mesure », de la progression des investissements de la Société du Grand Paris. 

Budgets locaux : dépenses et recettes en baisse

Les recettes locales ont ainsi reculé plus fortement (- 2 %) que les dépenses (- 0,9 %) l’an passé « dans le contexte de la crise sanitaire, de la réforme de l’apprentissage et de la recentralisation du revenu de solidarité active (RSA) à La Réunion ».
S’agissant des dépenses, les rémunérations ont légèrement ralenti (+1,5 % après +1,7 %) alors que les consommations intermédiaires ont reculé (- 2,7 % après + 2,6 % en 2019) du fait de la fermeture de services durant la crise sanitaire. Les subventions, elles, ont progressé de 2,6 % (+ 8,3 % à champ constant hors réforme de l’apprentissage) « en raison notamment de la hausse des subventions versées par Île-de-France Mobilités aux organismes de transport », tout comme les prestations sociales locales (+ 1,1 %, + 3,8 % à champ constant hors recentralisation du RSA à La Réunion). L’investissement local, lui, a baissé de 8,8 % (après + 15,8 %), « en raison de l’effet conjoint du ralentissement attendu en année électorale communale et de la crise qui a conduit au report des élections municipales et à la suspension de nombreux chantiers durant le premier confinement ».
S’agissant des recettes, l'Insee constate qu’elles se sont « beaucoup moins »  contractées que l’activité (-1,8 %) « du fait de la bonne tenue des impôts directs locaux dont l’assiette est peu sensible à l’activité économique », les concours financiers de l’État progressant en 2020 « du fait du dynamisme du fonds de compensation de la TVA ».

Le déficit revu à la hausse pour 2021

Reste que le déficit public français se creusera encore cette année. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce matin, sur France 2, qu’il sera une nouvelle fois révisé à la hausse et a dit s’attendre à ce que celui-ci atteigne les « 9,4 % »  du PIB pour 2021, conséquence de nouvelles dépenses engagées pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale.
Il devrait atteindre 220 milliards d’euros, soit près de 47 milliards de plus que ce qui avait été budgété en loi de finances initiale, avait déjà indiqué le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, hier à l'AFP.
Un déficit record lié à « trois choses », a expliqué Bruno Le Maire. La première, « c'est que nous reportons un certain nombre de dépenses de 2020 sur 2021 », la deuxième provient du fait que « nous continuons à aider un certain nombre de secteurs et d'entreprises, même si progressivement nous allons supprimer ces aides », et, enfin, « parce qu'il y a une partie du plan de relance qui est décaissé ».
Ce déficit est « la prolongation de l'effort que nous avons fait pour protéger notre économie et en même temps l'accroissement de cette relance économique ». « Les indicateurs économiques sont bons », a-t-il toutefois assuré sur Twitter, indiquant être « convaincu que nous ferons 5 % de croissance en 2021 et que nous retrouverons au début de l’année 2022 le niveau de développement économique que nous avions avant la crise ».
Des chiffres confirmés également par le ministre chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, qui a précisé, ce matin sur Public Sénat, que la dette publique se creusera, elle aussi davantage que prévu, à 117,2% cette année, contre 115,1% l'an dernier. Celui-ci a, par ailleurs, souligné que « la crise nous amène à viser en 2021 et 2022 une stabilité des emplois de l'Etat » 
A noter que Bruno Le Maire a estimé que la politique du « quoi qu’il en coûte »  devait « prendre fin », car elle n’est « pas tenable sur le long terme ».
Le gouvernement doit présenter mercredi un projet de loi de finances rectificative (PLFR) comprenant plus de 15 milliards d'euros de mesures d'urgence supplémentaires, qui serviront notamment au financement de l'activité partielle et à des aides ciblées pour les entreprises en difficulté.

Télécharger le compte des administrations pubiques en 2020.
 

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