Maire-info
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Édition du mercredi 20 octobre 2021
Ecole

Les accompagnants d'élèves handicapés manifestent et crient leur colère

Pointant des conditions de travail dégradées, les anciens auxiliaires de vie ont fustigé les nouveaux PIAL et dénoncé la situation d'enfants handicapés qui doivent parfois se partager un accompagnant, dit « mutualisé ». Jean-Michel Blanquer a défendu son action à l'Assemblée.

Par A.W. avec AFP

« Du fric, des postes, un statut ! », « AESH en colère »,... Avec une grève, des rassemblements à Paris et dans de nombreuses villes de France, les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) se sont mobilisés, hier, pour protester contre leur précarité et la dégradation de leurs conditions de travail.

Salaires insuffisants, temps partiels imposés…

Salaires insuffisants, temps partiels imposés, absence de statut de la fonction publique, manque de formation, conditions de travail dégradées... : la liste des motifs d'insatisfaction est longue pour ces accompagnants d'enfants handicapés, anciennement appelés auxiliaires de vie scolaire (AVS), une profession largement féminine. 

« Je touche à peine 900 euros par mois. Qui voudrait faire ce travail ? Moi, parce que j'aime mon travail. Mais à un moment, ça suffit », s'est insurgée, par exemple, l’une des manifestantes. 

Les AESH sont par ailleurs unanimes pour dénoncer une dégradation de leurs conditions de travail avec la création des PIAL, ces pôles inclusifs d'accompagnement localisés mis en place en 2019 et généralisés depuis pour mieux coordonner leurs interventions, mais qui leur imposent de suivre souvent davantage d'élèves. 

« Les PIAL, ce sont des machines à broyer », dénonce Magalie Trarieux, enseignante et référente AESH dans le Val-de-Marne pour le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, venue manifester à Paris. Ils auraient contribué à « déshumaniser cette fonction », estime Katia Batailler, AESH dans les Deux-Sèvres. Les syndicats réclament leur abandon, comme celui de la « mutualisation systématique des moyens ». 

« Depuis l'arrivée des PIAL, suivre quatre ou cinq élèves c'est courant, et ça l'est aussi qu'un élève puisse avoir plusieurs AESH », témoigne Sylvie Serrano, qui fustige « des emplois du temps complètement fragmentés ». 

Du côté des parents également, l'exaspération est aussi grande alors que beaucoup d'enfants sont privés de tout ou partie des heures d'accompagnement auxquelles ils ont droit, certaines familles n'hésitant pas à se tourner aujourd'hui vers la justice.

« Cette majorité est celle qui a fait le plus ! » 

Lors des questions au gouvernement, hier, à l’Assemblée, plusieurs députés ont interpelé les membres de l’exécutif sur le malaise qui gagne la profession et les multiples problèmes dénoncés.

En guise de réponse, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, s’est contenté de rappeler l’action du gouvernement durant ce mandat. « Cette majorité est celle qui a fait le plus – et de très loin ! – pour la scolarisation des enfants en situation de handicap. Les chiffres, notamment budgétaires, en attestent », a défendu le ministre.

« Quand on analyse les chiffres, on constate qu’on est passé de 70 000 contrats aidés à 125 000 CDD voire CDI ; davantage de chemin a été parcouru en quatre ans qu’en dix ans. Nous avons scolarisé 100 000 élèves de plus, nous avons créé des ULIS, des unités d’enseignement externalisé pour l’autisme », a détaillé Jean-Michel Blanquer.

Concernant les très critiqués PIAL, ce dernier a défendu une organisation « au plus près du terrain, qui permet d’affecter les AESH en fonction des besoins et donc de répondre le plus précisément possible aux demandes des familles ». « Ces dernières sont beaucoup plus écoutées puisqu’elles peuvent aujourd’hui appeler une commission départementale lorsqu’elles ont un problème », a estimé le ministre.

« La situation est-elle pour autant idéale ? Non, d’abord parce que la demande est toujours plus forte : il y a 100 000 élèves handicapés supplémentaires dans le système scolaire par rapport à 2017 », a-t-il rappelé, soulignant la mise en place d'une grille indiciaire rénovée et la création de 4 000 nouveaux emplois d'AESH pour la rentrée 2022. Toutes deux jugées insuffisantes. 

Amendements dans le PLFSS

A noter que des députés de différents groupes politiques ont déposé des amendements au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 afin de revaloriser les « métiers du lien », en particulier les auxiliaires de vie auprès des personnes âgées.

Les AESH étaient 125 500 à la rentrée, soit une augmentation de 35 % en cinq ans, selon le ministère de l'Education, tandis que plus de 400 000 élèves en situation de handicap étaient scolarisés dans les écoles et établissements.
 

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