Légionellose, botulisme, chikungunya : plusieurs alertes sanitaires en cours
Par Franck Lemarc
45 cas en Savoie – et huit patients en réanimation –, 6 en Haute-Saône, dont deux mortels. Ce sont bien deux « clusters » de légionellose qui ont été repéré ces derniers jours en France, notamment dans le secteur d’Albertville, en Savoie. Hier, la préfecture du département a diffusé un « point de situation » et annonce travailler, en étroite collaboration avec les services de santé, la mairie d’Albertville et la communauté d’agglomération d’Arlysère, pour déterminer « l’origine de la contamination ».
Contamination par inhalation
Pour rappel, la légionellose est provoquée par l’inhalation de bactéries (légionelles) présentes dans l’eau, qui s’attaquent aux poumons. Cette maladie n’est pas contagieuse et ne peut être contractée en buvant de l’eau infectée – seule l’inhalation par le système respiratoire présente un risque. Dévaliser les hypermarchés pour se procurer des packs d’eau minérale à titre préventif, comme c’est le cas depuis quelques jours autour d’Albertville, est donc inutile.
Les vecteurs de contamination sont les réseaux d’eau domestiques, notamment les douches, mais également les systèmes d’arrosage ou les brumisateurs. La préfecture de Savoie fait savoir que « c’est ce type d’équipement qui fait l’objet d’investigations » à Albertville. Dans certains cas, la légionellose peut également se diffuser via les systèmes de climatisation ou les tours aéroréfrigérantes.
La légionellose se traite par antibiotiques, mais peut, dans certains cas et notamment chez des patients atteints d’affections de longue durée et les personnes âgées, être mortelle. Les symptômes sont la fièvre, des maux de tête, une fatigue extrême et une toux violente, et des difficultés respiratoires dans les cas les plus graves.
Entre 1 600 et 2 000 cas de légionellose sont déclarés en France chaque année. Le « cluster » repéré en Savoie n’est pas exceptionnel, mais préoccupant par le nombre de patients infectés. Jusqu’à présent, la plus importante épidémie de légionellose repérée en France a eu lieu en 2003 dans le Pas-de-Calais (90 cas et 17 morts). Mais contrairement à un virus comme le covid-19, qui se transmet d’un humain à l’autre, le caractère non contagieux de la légionellose conduit à des épidémies toujours localisées.
Botulisme
La Direction générale de la santé a également lancé, la semaine dernière, une « vigilance nationale » sur le botulisme, après la découverte de « plusieurs cas » depuis le début du mois de septembre. Dû à une neurotoxine bactérienne, le botulisme est une maladie grave, voire mortelle, qui provoque des troubles neurologiques et respiratoires. Tout cas repéré de botulisme, rappelle la DGS, doit être obligatoirement déclaré auprès de l’agence régionale de santé.
Le plus souvent, le botulisme est contracté par ingestion de denrées en conserve ou en bocaux, mal stérilisées. En septembre, un cas « évocateur du botulisme » a été repéré chez une personne ayant consommé un produit vendu sur un marché en Occitanie (de l’ail confit). Ce produit a été vendu sur plusieurs marchés dans l’Hérault, le Gard et l’Aude, sur les communes de Sommière, Lattes, Sète, Béziers, Vendres-Plage et Port-la-Nouvelle. Eu égard au fait que ces produits ont été vendus dans des zones très touristiques, il est « attendu » par la DGS que des cas soient repérés dans d’autres régions dans les jours et semaines à venir.
Chikungunya : 570 cas, un record
Enfin, le chikungunya, véhiculé par les moustiques tigres, se développe de façon inquiétante en métropole : pour la première fois, le nombre de cas autochtones (c’est-à-dire contractés en métropoles et non pendant un voyage) a atteint les 570, a annoncé hier Santé publique France. Il s’agit bien là d’une épidémie, puisqu’il suffit qu’une personne infectée soit piquée par un moustique tigre pour que celui-ci devienne porteur de la maladie, et la transmette à d’autres personnes par piqûre.
Les principaux foyers ont été repérés « dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Corse, Île-de-France, Occitanie, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, déjà affectées les années précédentes, et pour la première fois cette année en Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, Grand Est et Nouvelle-Aquitaine », précise Santé publique France.
Hier, pour la première fois, le dispositif FR-Alert a été utilisé à Antibes pour dire à la population de se protéger. La ville d’Antibes est en effet le principal foyer de la maladie à ce jour, avec plus de 100 cas détectés. La préfecture a donc envoyé une alerte sur tous les smartphones des habitants de la commune, avec un message de prévention : « Protégez-vous des piqûres du moustique et consultez un médecin en cas de symptômes (fièvre élevée, douleurs articulaires, éruptions cutanées », et un numéro de téléphone dédié.
La mairie d’Antibes a également lancé une série d’opérations de démoustication et d’actions d’information par porte à porte, notamment pour demander aux habitants de supprimer tout dépôt d’eau stagnante.
Il est maintenant à espérer que la baisse notable des températures, ces derniers jours, ralentisse la propagation du virus. Mais le chikungunya et surtout son vecteur, le moustique-tigre, sont désormais installés de façon pérenne en France, et des épidémies importantes de la maladie devraient hélas devenir monnaie courante.
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