Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 27 janvier 2020
Société

Le nombre de « faits racistes et xénophobes » a plus que doublé en un an

Depuis Israël, où il célébrait, jeudi 23 janvier, le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, Emmanuel Macron a alerté : « Nous faisons tous le même constat, et il n’est pas valable que pour la France : l’antisémitisme revient ». Les statistiques 2019 des actes religieux, antisémites, racistes et xénophobes, dévoilées hier par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, lui donnent raison.
En 2019, 687 faits à caractère antisémite ont été constatés contre 541 en 2018, « soit une augmentation de 27 % ». C’est plus du double par rapport à 2017. Il y a deux ans, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait recensé 311 actes antisémites en France. Ces chiffres n’englobent toutefois, rappelons-le, que les actes signalés à la police (plainte ou main courante) : autrement dit, le nombre d’actes réels peut être plus important et une hausse peut traduire aussi bien une augmentation des faits qu’une propension plus importante des victimes à porter plainte.

« Net recul »  du nombre d’atteintes aux personnes
« Ces faits se décomposent en 151 « actions »  (catégorie qui regroupe les atteintes aux personnes et aux biens : dégradations, vols, violences physiques…) et 536 « menaces »  (propos ou gestes menaçants, inscriptions, tracts, courriers…) », détaille ensuite le ministère de l’Intérieur. C’est l’augmentation de cette seconde catégorie qui « explique exclusivement la hausse des faits antisémites en 2019 ». Le nombre de « menaces »  a, en effet, augmenté de 50 % entre 2018 et 2019. Les actions ont, quant à elles, diminué de 15 % et « les faits les plus graves, les atteintes aux personnes, sont en net recul, de 44 %. » 
La publication de ces chiffres officiels a été précédée quelques jours plus tôt, le 21 janvier, par celle de la « Radiographie de l’antisémitisme en France ». Pour la première fois, l'American Jewish Committee (AJC) Europe et la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), « think tank libéral, progressiste et européen »  dirigé par Dominique Reynié, politologue et ancien candidat Les Républicains-UDI aux élections régionales en Occitanie en 2015, ont « mesuré », en partenariat avec l’Ifop, « l’ampleur du phénomène ».
Résultat : « Au total, 70 % des Juifs indiquent avoir été victimes d’au moins un acte antisémite au cours de leur vie ». Comprenez par là une agression physique, verbale, un vol ou des dégradations. Chiffre impressionnant : « près des deux tiers des personnes interrogées indiquent ainsi avoir subi au moins une fois une agression verbale antisémite (64 %) ». Christophe Castaner appelle ainsi à « un sursaut de conscience de notre société »  face à « la permanence de la haine antisémite, et plus généralement l’inquiétante banalisation des propos et comportements racistes et xénophobes ».

1 142 faits « racistes et xénophobes » 
S’agissant des faits antichrétiens, « leur nombre est stable sur l’année, avec 1 052 faits recensés, qui se décomposent en 996 actions et 56 menaces. Les actions décomptées consistent essentiellement en atteintes aux biens à caractère religieux », écrit le ministère de l’Intérieur. 
Le nombre de faits antimusulmans demeure, quant à lui, « relativement faible »  (154 faits, qui se décomposent en 63 actions et 91 menaces), « mais il est en hausse par rapport à 2018, où l’on avait dénombré 100 faits ». Là encore, l’essentiel des actions concernent des atteintes aux biens religieux.
S’agissant, enfin, des faits à caractère raciste et xénophobe, « ils ont augmenté en 2019, avec 1 142 faits comptabilisés (contre 496 en 2018). »  Pour l’essentiel, ces faits relèvent de la catégorie des « menaces »  (977).

Une cellule nationale de lutte contre les crimes de haine
« Afin de faciliter la révélation de ces faits », le ministère de l’Intérieur annonce notamment travailler avec le ministère de la Justice « pour permettre aux témoins et victimes d’infractions de haine de se connecter à une plateforme de mise en relation avec des enquêteurs spécialement formés. Des échanges sous forme de tchat seront alors possibles 24h/24, 7 jours/7 et favoriseront le recueil de la parole, puis de la plainte. »  Place Beauvau, on rappelle également que « la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos) qui reçoit plus de 200 000 signalements par an, a été renforcée à travers la cellule « droit de la presse », spécialisée dans la lutte contre les discours de haine »  et « qu’une cellule nationale de lutte contre les crimes de haine (Astree), rattachée à la DGGN, a été récemment créée ». Elle est « spécifiquement chargée de lutter contre la haine antisémite, de coordonner les investigations sur les faits commis dans le département du Bas-Rhin et sur le reste du territoire. » 

Ludovic Galtier

Télécharger la « Radiographie de l’antisémitisme en France ».

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