Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 23 mars 2021
Coronavirus

Le gouvernement prévoit « 100 à 200 méga-centres » de vaccination, alors que « l'épidémie s'emballe » en ÃŽle-de-France

Lors d'un débat organisé hier soir à l'Assemblée nationale sur la stratégie vaccinale, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a détaillé la nouvelle étape voulue par le gouvernement : l'ouverture de « 100 à 200 » vaccinodromes, en complément des quelque 1500 centres de proximité déjà existants. La vaccination apparaît comme le seul espoir, alors que les professionnels font état de la plus grande inquiétude sur la situation en ÃŽle-de-France. 
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Invité de LCI ce matin, le maire de Fontainebleau et président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, s’est montré particulièrement inquiet de la situation dans la région capitale – tout comme, hier, le patron de l’ARS Île-de-France, Aurélien Rousseau. « L’épidémie s’emballe, tous les indicateurs progressent de façon violente », expliquait hier ce dernier. Frédéric Valletoux ne dit pas autre chose : « Les chiffres explosent, augmentent à une vitesse vertigineuse. » Principale inquiétude : les chiffres d’occupation des lits de réanimation sont aujourd’hui largement supérieurs à ce qu’ils étaient au pic de novembre, « alors qu’à ce moment, cela faisait déjà plus de quinze jours qu’on était en confinement », explique le maire de Fontainebleau. Or aujourd’hui, même après les mesures mises en place depuis ce week-end, « rien en nous dit que les courbes vont s’inverser ». Frédéric Valletoux s’attend donc à ce que les hôpitaux soient confrontés, « d’ici quinze jours à trois semaines », à « une vague d’une violence inouïe ». 
Les chiffres sont, en effet, alarmants : en quinze jours à peine, le taux d’incidence en Île-de-France est passé de 350 à 547 cas pour 100 000 habitants. En Seine-Saint-Denis, il était même de 683 hier (et de 852 chez les 30-39 ans). 6 400 malades du covid-19 sont actuellement accueillis dans les hôpitaux franciliens, dont plus de 1300 en réanimation. C’est « 176 de plus qu’il y a une semaine », signalait hier Aurélien Rousseau. Le professeur Stéphane Gaudry, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, twittait rageusement dimanche : « Lits réa covid dispo dans le 93 : 0 ». 
Autre donnée inquiétante, pour Frédéric Valletoux : l’indisponibilité des lits de réanimation pour des patients autres que ceux atteints du covid-19. Le maire de Fontainebleau rappelle qu’il y a « normalement », en France, hors épidémie, environ 4 000 patients hospitalisés en réanimation. Or il y en a aujourd’hui 4 300 en réanimation uniquement à cause du coronavirus. « Les conséquences en termes de santé publique de cette situation, assure-t-il, on ne les verra que bien plus tard… ». 
En attendant, le patron de la FFH appelle instamment le gouvernement à « garder le doigt sur le bouton stop » : « Si d’ici le week-end prochain les chiffres ne changent pas, le gouvernement ne devra pas hésiter à appuyer sur ce bouton stop », c’est-à-dire imposer un confinement strict. 
Il faut aussi noter que l’Île-de-France n’est pas la seule région qui suscite des inquiétudes. Les taux d’incidence sont en hausse partout, à l’exception de la Corse. Plusieurs départements, hier, ont atteint, à la fois sur le taux d’incidence et le taux d’occupation des lits de réanimation, des seuils qui les mettent en position, cette semaine, de passer à leur tour en alerte maximale. Il s’agit en particulier de l’Aube, de la Moselle, de l’Eure-et-Loir, du Doubs, des Hautes-Alpes, du Var, des Bouches-du-Rhône et du Gard. 

« Vacciner, s’il le faut, la nuit » 

Plus que jamais, la vaccination massive de la population apparaît comme la seule perspective de sortie du tunnel. Auditionné par un groupe de députés, hier soir, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, l’a encore une fois répété, en assumant totalement la stratégie du gouvernement.
Olivier Véran a été interrogé sur le refus, jusqu’à ces dernières semaines, d’ouvrir des « vaccinodromes » : « Il n’a jamais été dit ni écrit nulle part par le gouvernement que nous étions opposés aux vaccinodromes », a martelé le ministre. « Le seul paramètre, ce sont les livraisons [de vaccins]. Nous n’avons pas de stocks cachés, nous administrons à flux tendu chaque dose que nous recevons. »  Le ministre affirme que le nombre de doses livrées va augmenter de façon continue dans les semaines à venir. La première étape, avant même de penser à ouvrir des vaccinodromes, va être de faire en sorte que les centres de vaccination existants (ils seront bientôt au nombre de « 1500 » ) « vaccinent davantage ». « Il va falloir vacciner tous les jours, les week-ends, les jours fériés, et s’il le faut, la nuit – oui, s’il le faut, la nuit ! », a répété Olivier Véran. 
Quant aux vaccinodromes, que le ministre préfère appeler des « méga-centres de vaccination », cela « n’avait pas de sens d’en ouvrir lorsque l’on était à 100 000 ou 150 000 doses disponibles par jour. Cela en aura quand on sera à 500 000 doses disponibles par jour ». Il a donc annoncé que « 100 à 200 »  de ces centres, « au moins un par département », allaient être ouverts dans les jours à venir. 
Le ministère de la Santé a indiqué hier que 35 de ces « méga-centres »  seraient gérés par les pompiers ou l’armée. Ce sera notamment le cas du centre qui va ouvrir début avril au Stade de France, en Seine-Saint-Denis. Le ministère des Armées a également communiqué hier sur le fait que les huit hôpitaux d’instruction qu’il compte sur le territoire pourraient accueillir des grands centres de vaccination. 
Restera la question de savoir qui peut procéder à la vaccination. Car accélérer drastiquement le rythme des vaccinations suppose d’augmenter le nombre de professionnels susceptibles de le faire. Le gouvernement réfléchit, apparemment, à permettre aux vétérinaires, pharmaciens hospitaliers et biologistes médicaux de le faire. En attendant, Frédéric Valletoux, ce matin, a appelé à « la mobilisation des professionnels de santé, de tous statuts, tous les paramédicaux, tous ! ». « Ce sont toujours un peu les mêmes médecins et les mêmes infirmières qui sont sur le front et qui commencent à s’épuiser. Quand on vaccine dix heures par jour, sept jours sur sept... Il faut trouver du monde. » 

En dernière minute, on apprend, ce matin, que la vaccination va être ouverte aux personnes de 70 à 74 ans sans comorbidités à partir de samedi. C'est ce qu'a annoncé le chef de l'État lors d'une visite à Valenciennes.

Franck Lemarc

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