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Édition du mercredi 12 mai 2021
Numérique

Le « 100 % fibre » en 2025 conditionné à la création du service universel, selon l'Avicca

L'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca) table, dans ses prévisions, sur un déploiement de la fibre de 87 % en 2022, soit 7 points de plus que l'objectif.

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Qu’il semble loin le temps où l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) et le gouvernement bataillaient pied à pied sur les modalités de réouverture du guichet France très haut débit… La crise sanitaire et le télétravail ont « été un accélérateur »  pour le déploiement de la fibre, a reconnu, hier lors de l’événement printanier annuel de l’association, son délégué général, Ariel Turpin. Garantir une bonne connexion internet est, en effet, indéniablement aujourd'hui un gage d’attractivité supplémentaire pour les communes rurales. 
A tel point que le déploiement de la fibre, un chantier estimé à plus de 3,5 milliards d’euros d’argent public (le gouvernement avait annoncé, en janvier 2021, une rallonge de 570 millions d’euros), est désormais largement « en avance »  sur les objectifs. D’après les prévisions de l’Observatoire du très haut débit, dévoilées hier par l’Avicca, InfraNum et la Banque des territoires, 87 % des Français seraient raccordables à la fibre en 2022. L’objectif fixé par le gouvernement à cette échéance est 80 %. 

2,1 millions de locaux « en difficulté » 

Dans le détail, 16,1 millions de prises seraient déployées en zone Amii en 2022, 7,1 millions en zone très dense, 1 million en zone Amel (13 territoires) et 12 millions en zone d’initiative publique (Rip). 2021 devrait d’ailleurs être celle du pic pour les réseaux portés par les collectivités. Rien que cette année, 3,6 millions de prises de raccordement devraient être issues des Rip, près du double par rapport à 2020 (1,9 million). 
Toujours est-il que 2022 reste un point d’étape, un tremplin vers l’objectif du 100 % fibre en 2025. 6,5 millions de locaux, dont 4 millions en zone Rip, restent à raccorder pour tendre vers la « société du gigabit ».
Parmi ces 6,5 millions de locaux, 2,1 millions, soit 5 % du total des locaux, sont « en difficulté », selon l’Observatoire. Dans les zones plus reculées, le déploiement est plus long et plus coûteux. « Déployer en zone Rip est différent que de déployer en zone privée bien que les prises soient désormais de plus en plus difficile à construire y compris en zone privée », confirmait hier Ariel Turpin. « Comme toujours, les dernières prises sont les moins simples à déployer », abondait dans son sens le sénateur de l’Ain et président de l’Avicca Patrick Chaize.

Service universel de la fibre

Ces 5 % de locaux ne pourront pas tous être raccordables (certains utiliseront d’autres technologies comme le satellite, le THD radio ou le 4G fixe), c’est pourquoi, en novembre 2020, le gouvernement a demandé à Orange et SFR de lui « faire des propositions pour qu’il y ait 100 % de possibilités de raccordables sur demande d’ici la fin 2021 ». Ces offres de raccordement à la demande n’ont, pour l’heure, toujours pas été officialisées. Un appel à manifestation d’intérêt de 150 millions d’euros, visant à « surmonter les difficultés de raccordement à la fibre optique et assurer à tous un accès effectif à la fibre optique », se fait, lui aussi, attendre. Il s’annonce primordial tant le taux d’échec de raccordement (environ 20 %) est « inacceptable », dixit le secrétaire d'Etat aux Communications électroniques Cédric O et la présidente de l'Arcep, Laure de la Raudière. 
« Les sujets opérationnels ayant un impact direct sur la qualité sont nombreux, rappellent ce matin InfraNum, la Banque des territoires et l'Avicca dans un communiqué, simplification du recours aux poteaux électriques (1 millions de prises concernées, dont 75% en zones Rip), traitement des adresses mal répertoriées (3 millions en avril 2021), mise en œuvre effective de Grace THD (généralisation d'un protocole commun aux acteurs de l'écosystème), et bien sûr le traitement du mode stoc avec l'adoption récente d'un contrat cadre « v2 »  et la mise en place très prochaine d'une charte de qualité côté sous-traitants.
Cette somme - 150 millions d'euros - ne « suffira [donc] pas »  tant « le coût total pour la complétude et la vie du réseau est bien supérieur », assure déjà l’Avicca, selon qui « il faut créer le service universel de la fibre pour atteindre le 100 % fibre, c’est-à-dire un fonds de péréquation pour assurer la vie du réseau, sur le modèle de l’énergie ». Le 100 % fibre est, rappelons-le selon les déclarations du gouvernement, une condition sine qua non à la fermeture du réseau cuivre, dont Orange a annoncé plusieurs expérimentations cette année, en plus de celle observée à Lévis-Saint-Nom (Yvelines).

Inversion des courbes

En attendant 2025, 2021 pourrait être l’année d'un croisement des courbes. « Dès 2021 », analyse InfraNum, le nombre d’abonnés à la fibre devrait être « supérieur »  au nombre d’abonnés ADSL. Cela peut s’expliquer par une augmentation des besoins numériques. Les confinements successifs, notamment, ont démontré l’apport de la fibre en matière de travail ou de consultation médicale à distance. « L’utilisateur de 2014 n’a pas les mêmes besoins que celui de 2021 ». L’augmentation du nombre de logements est un autre facteur d’explication à cette envolée de la fibre. Un besoin aujourd’hui partagé par tous qui n’a pas toujours fait consensus, se souvient Patrick Chaize. « Il y a dix ans, Orange prétendait que la fibre ne serait pas utile aux particuliers. Il y a dix ans, on nous prenait pour des extraterrestres ».

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