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Édition du mercredi 1er décembre 2021
Démographie

La population française devrait baisser à partir de 2044, selon l'Insee

À rebours de ce que prévoyait l'Insee en 2016, la population française pourrait finir par décliner et atteindre 68 millions d'habitants en 2070, selon les dernières projections. En cause, un solde migratoire qui ne suffirait plus, à compter de 2044, à compenser l'excédent de décès par rapport aux naissances.

Par A.W.

Huit millions d’habitants en moins en 2070 qu’initialement prévu. La correction est considérable. Dans une étude parue hier, l’Insee revoit sa copie et remanie nettement ses précédentes projections, réalisées en 2016. Si l’Institut pressentait, il y a cinq ans, que la population française culminerait à 76,5 millions d’habitants en 2070, il table désormais sur un déclin à compter de 2044 qui conduirait à une population hexagonale d’un peu plus de 68 millions d’habitants.

En cause, les hypothèses de fécondité et de mortalité sur lesquelles se basait l’Institut en 2016 ont été « fortement révisées »  et réduites. 

Plus de décès que de naissances, dès 2036 

Résultat, dans 50 ans, la population française serait à peine plus nombreuse qu’aujourd’hui avec seulement 700 000 habitants supplémentaires, selon les nouvelles projections de l’Institut, dont les tendances ont été analysées « hors effet de la pandémie depuis 2020 ».

Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la population de la France augmenterait ainsi jusqu’en 2044 pour atteindre 69,3 millions d’habitants, avant de diminuer et s’établir à 68,1 millions d’habitants en 2070 (contre 67,4 millions cette année).

Dans le détail, les auteurs de l’étude prévoient que jusqu’en 2035, la population continuerait d’augmenter de 116 000 personnes en moyenne par an, pour atteindre les 69 millions d’habitants, « du fait d’un solde naturel positif qui s’ajouterait à l’excédent migratoire ». Une croissance qui correspondrait à « un rythme de + 0,2 % par an, nettement inférieur à celui connu depuis 50 ans (+ 0,5 % en moyenne depuis 1970) ». 

À compter de 2035, une première évolution apparaîtrait : les décès seraient plus nombreux que les naissances et le solde naturel deviendrait négatif. Cependant, jusqu’en 2044, le solde migratoire permettrait de compenser ce déficit naturel et la population continuerait d’augmenter légèrement pour plafonner donc à 69,3 millions d’habitants. 

« À partir de 2044, cela ne serait plus le cas et la population diminuerait à un rythme moyen de 45 000 personnes par an, soit - 0,1 % par an, pour atteindre 68,1 millions d’habitants en 2070 », envisagent désormais les auteurs de l’étude dans leur scénario dit « central »  qui se fonde sur une fécondité stabilisée à 1,8 enfant par femme et un solde migratoire de 70 000 habitants en plus par an.

Moins de 65 millions d’habitants en 2121 ?

En extrapolant ces projections jusqu’en 2121 (dans une étude annexe), la population française pourrait même plonger en deçà des 65 millions d’habitants, soit son niveau de 2011. L’Institut met toutefois en garde : « L’incertitude est déjà très forte d’ici 2070 […], l’évolution est encore plus incertaine entre 2070 et 2121 ».

À noter que des scénarios dits « alternatifs »  – fondés sur des hypothèses « haute »  et « basse »  – sont également évoqués. Ainsi, « si toutes les évolutions défavorables à la croissance de la population (fécondité, espérance de vie et solde migratoire plus faibles) se conjuguaient (scénario de « population basse » ), la population diminuerait dès 2027 et serait de 58 millions d’habitants en 2070, soit son niveau de 1990. Au contraire, si toutes les évolutions favorables se combinaient (scénario de « population haute » ), la population augmenterait à un rythme soutenu sur toute la période et atteindrait 79,1 millions en 2070 », détaille l’Insee.

Une population vieillissante

Reste qu’il faut s’attendre à une structure par âge très différente à l’horizon 2070, avec une inversion de la pyramide des âges. On compterait ainsi 5,7 millions de seniors de plus de 75 ans de plus qu'aujourd'hui, et à l'inverse 5 millions de moins de 60 ans de moins, selon le scénario central.

La France devrait donc vieillir, avec une pyramide plus équilibrée entre hommes et femmes (50,8 % de femmes, contre 51,7 % en 2021), en raison d’un écart d’espérance de vie qui se réduirait.

À un horizon plus proche, en 2040, les projections de l’Insee dessinent un scénario similaire mais cette fois-ci « inéluctable » : celui d'une « poursuite du vieillissement de la population […] quasi certaine »  et dont « l’ampleur est connue ».

En effet, celle-ci « dépend surtout du passé, c'est-à-dire de l'augmentation de l'espérance de vie qui s'est déjà produite, ainsi que de l'avancée en âge des générations déjà nées, notamment celles du baby-boom », soulignent les auteurs de l'étude. 

Ainsi, quelles que soient les hypothèses retenues, le « rapport de dépendance démographique »  (le ratio entre les plus de 65 ans, majoritairement retraités, et les 20-64 ans, majoritairement actifs), va être nettement bouleversé d'ici à 2040. Dans le scénario central, l'Hexagone compterait 51 personnes de 65 ans ou plus (entre 48 et 53, selon les autres scénarios) pour 100 individus de 20 à 64 ans, contre 37 actuellement.

Entre 2040 et 2070, l’évolution du rapport de dépendance démographique est « beaucoup plus incertaine » : « Il pourrait croître un peu selon le scénario central (rapport de 57 en 2070), à un rythme plus soutenu selon le scénario de "population âgée" (70) ou diminuer légèrement selon le scénario de "population jeune (46)" », envisagent les auteurs de l’étude.


 

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