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Édition du mardi 8 mars 2022
Emploi

L'emploi se concentre progressivement dans ce que l'Insee appelle le « U de la croissance »

Depuis 1975, l'espace allant de la façade atlantique à la côte méditerranéenne et de la vallée du Rhône à l'Alsace a été particulièrement dynamique en termes d'emploi, selon l'Insee. Au détriment des petites zones et de l'espace allant des Ardennes au Massif central.

Par A.W.

Si l’emploi a augmenté de 25 % (soit + 0,5 % en moyenne par an) en France métropolitaine entre 1975 et 2018, celui-ci a connu une évolution « très contrastée »  selon les territoires. C’est ce qu’observe l’Insee, dans une étude parue ce matin sur l’évolution de l’emploi dans les 287 zones d’emploi de l’Hexagone. 

L’emploi a ainsi diminué dans environ un quart des zones d’emploi, tout en augmentant de plus de 35 % dans un autre quart (plus de + 0,7 % en moyenne par an). Deux facteurs sont déterminants dans cette situation : d’un côté, la taille des zones d’emploi, où il se concentre de plus en plus, et la situation géographique.

L’emploi progresse dans les grandes zones d’emploi

Ainsi, depuis 1975, la concentration de l’emploi s’accentue dans les zones d’emploi qui comptent plus de 200 000 emplois. En 2018, ces zones regroupaient un quart des emplois de France métropolitaine, ce qui représente une augmentation de 3,7 points de plus par rapport à 1975. Une exception, l’Île-de-France, où la part des emplois est restée stable sur la période (environ 22 %).

Du côté des emplois dans les zones de taille intermédiaire (entre 50 000 et 200 000 emplois), leur part a légèrement diminué (- 0,6 point) et a même baissé de 2,9 points dans les zones de moins de 50 000 emplois.

Cependant, l’emploi a progressé en moyenne dans toutes les zones, que ce soit dans les 18 plus grandes où il a augmenté de 0,9 % par an entre 1975 et 2018, dans les zones de taille intermédiaire (+ 0,5 % par an) ou dans les petites zones (+ 0,2 % par an), bien que « plus d’un tiers d’entre elles perdent des emplois comme Alençon, Bar-le-Duc, Vichy et Vierzon ».

Déclin dans la « diagonale des faibles densités » 

Outre la taille de la zone d’emploi, c’est la position géographique qui a influé sur la progression de l’emploi. Ainsi, l’espace allant de la façade atlantique à la côte méditerranéenne et de la vallée du Rhône à l’Alsace a été le plus dynamique. 

Cet espace géographique, appelé le « U de la croissance »  et où un peu plus de 40 % des emplois de France métropolitaine sont situés, est celui dans lequel l’emploi a augmenté le plus entre 1975 et 2018 (avec + 0,9 % en moyenne par an) et est celui qui concentre de plus en plus d’emplois. Sa part est passée de 34,2 % à 40,9 %, soit + 6,7 points. 

A contrario, dans l’espace allant des Ardennes au Massif central, appelé la « diagonale des faibles densités », et celui réunissant la façade de la Manche et le centre-ouest, la part d’emploi a diminué avec un déclin de l’activité marqué dans le premier. La part de la « diagonale des faibles densités »  dans l’emploi total baisse ainsi de 4,5 points quand celle de la « façade Manche-centre-ouest »  régresse de 2 points.

Si la concentration de l’emploi n’est pas sans lien avec la présence de grandes zones d’emploi plus dynamiques - puisque 11 des 18 zones d’emploi de plus de 200 000 emplois s’y trouvent (Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Nantes, Strasbourg, Rennes, Montpellier, Grenoble, Nice et Toulon) – il reste que, « à même à taille de zone équivalente, l’emploi est plus dynamique dans le ‘’U de la croissance’’ ». « Par exemple, entre 1975 et 2018, parmi les grandes zones d’emploi, l’emploi augmente respectivement de 1 % par an en moyenne dans la zone de Toulon située dans le ''U de la croissance'', de 0,6 % dans celle de Caen située dans la ''façade Manche-Centre-ouest'' et de 0,5 % dans la zone de Clermont-Ferrand, située dans la ''diagonale des faibles densités'' », observent les auteurs de l’étude.

Baisse des emplois de production 

Par ailleurs, les mutations dans la nature des emplois depuis le début des années 1980 ont influé sur les dynamiques territoriales d’évolution de l’emploi. 

Sous les effets conjoints du développement du secteur tertiaire, de l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication ou de l’économie de la connaissance, la part des emplois des fonctions à orientation présentielle (distribution, artisanat commercial, services de proximité, santé et action sociale) a augmenté de 11,1 points depuis 1982 et celle des fonctions métropolitaines (conception-recherche, gestion, commerce inter-entreprises, prestations intellectuelles, culture-loisirs) de 7,1 points.

Dans le même temps, la part des emplois industriels et agricoles dans l’emploi a été divisée par deux, passant de 34 % des emplois en 1982 à 16,9 % en 2018.

Dans ce cadre, les territoires compris dans la « diagonale des faibles densités », bien pourvue en emplois de production, a subi « le déclin »  de ce type d’emploi et explique « en partie »  son ralentissement économiques dans les années 80 (la façade « Manche-centre-ouest »  a également subi ce phénomène mais dans une « moindre mesure » ), quand ceux appartenant au « U de la croissance »  ont « profité de l’essor des fonctions métropolitaines pour gagner toujours plus d’emplois ». Sans compter que « la baisse des emplois de production y est moindre »  qu’ailleurs.

A noter que, malgré une répartition par secteur plus favorable (grâce à une forte dotation en emplois des fonctions métropolitaines), l’Île-de-France n’a pas connu une croissance de l’emploi supérieure à celle de la moyenne nationale.

Télécharger l’étude.

 

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