Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 30 avril 2021
Jeunesse

Écoles de la deuxième chance, un réseau dynamique malgré la crise

Destinées aux jeunes en échec scolaire, les écoles de la deuxième chance étendent progressivement leur réseau. Le coup de pouce donné à l'alternance dans le cadre du plan de relance « 1 jeune 1 solution » les dynamise certainement. 

Par Emmanuelle Stroesser

Le bilan des Écoles de la deuxième chance (E2C) fait apparaître un maintien de 91 % des activités de formation et d’accompagnement des stagiaires en 2020. Le contexte sanitaire a donc joué mais il n’a pas entravé le fonctionnement de ces structures, destinées aux jeunes de 16 à 25 ans, descolarisés, sans diplôme ni formation. 
 Ils font partie de ceux que l’administration classe sous l’acronyme (anglais) « NEET », qui signifie « ni en emploi ni en études ni en formation ». Ils représentaient près d’1,5 million de personnes en 2020, soit 13,5 % des 15-29 ans en 2020 selon l’Insee. 

Variations

14 188 ont fréquenté l’une des écoles réparties sur l’ensemble du territoire. Le nombre d’entrées diminue sensiblement par rapport à 2019 (- 20 % en 2020), c’est l’un des effets de la crise sanitaire, avec une fermeture administrative de deux mois en 2020 notamment. Cela tranche avec la tendance observée depuis des années, de hausse des inscriptions (+ 6 % en 2019). 
Autre conséquence, « l’alternance en cours de parcours est passée de 35 % en 2019 à 24 % en 2020 ». Mais les sorties positives vers l’alternance en fin de parcours ont, elles, grimpé de 11 % à 15 % en 2020. Le réseau y voit l’impact des politiques en faveur de l’apprentissage.
Autre variation, cette fois due à l’obligation de formation des 16/18 ans depuis la rentrée : les E2C accompagnent davantage de mineurs : « 22 %, soit + 3 points par rapport à 2019, et même + 9 points par rapport à 2018 ». Ils comptent pour près d’un jeune stagiaire sur cinq.
Les jeunes quittent leur E2C avec une Attestation de compétences acquises. Certains reprennent des études, poursuivent une formation, trouvent un emploi. Le taux de sorties positives (sur un emploi, une formation) reste stabilisé à 60 %, indique le réseau des E2C, en léger recul (de 3 points). Les jeunes suivent un parcours de sept mois en moyenne, « mais le principe même de notre accompagnement est de miser sur l’individualisation, s’il a besoin de plus, nous le suivons plus longtemps », explique Carole Fauconnet, coordinatrice de l’antenne de Saint-Michel, dans l’agglomération d’Angoulême. Les jeunes sont là pour découvrir des métiers, effectuer des stages, se remettre à niveau en français, mathématiques et bureautique, afin de se projeter dans un projet, et se préparer à l’emploi ou la reprise d’une formation, en travaillant aussi sur le « savoir-être ». À la fin de leur parcours au sein des E2C, les stagiaires sont encore suivis pendant  près d’une année : « On ne les lâche pas brutalement ». Leur sélection à l’entrée se base sur « leur motivation ».  
Il existe actuellement 135 sites-écoles deuxième chance répartis dans 59 départements (12 régions) et 5 régions ultramarines. Près d’un tiers des jeunes stagiaires vivent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. La moyenne d’âge est de 20 ans à peine.
Les collectivités sont à l’initiative de leur création, comme dans le Grand Angoulême. Une école y a ouvert fin 2019, appuyée sur le réseau de deux écoles déjà existantes, à Châtellerault et à Niort (E2C Charente Poitou). « Je voyais bien qu’il fallait autre chose sur le territoire que la mission locale », explique Anne-Laure Willaumez, adjointe à la Solidarité et au Soutien aux acteurs associatifs sociaux au maire d’Angoulême, à l’origine du projet avec une autre élue, lors du précédent mandat. Malgré les périodes de confinement, l’école a maintenu un lien avec les jeunes. Elle suit déjà près d’une centaine de jeunes. Elijah fait partie des derniers arrivés, depuis le 29 mars. « On y est encadré, confie-t-il. On apprend à prendre des rendez-vous, à lire un contrat de travail, comment s’habiller, cela motive, c’est concret. On a aussi appris des choses sur des sujets comme le recyclage, des ‘’vieux’’ sont venus nous parler de leurs parcours. Je suis en train d’aimer ma rentrée ! ». 

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