Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 7 mai 2020
Coronavirus

Intermittents, cinéma, librairies  : les réponses d'Emmanuel Macron et du gouvernement au monde de la culture

Droits des intermittents prolongés, fonds d'indemnisation pour les tournages, programme de commandes publiques, plan de soutien aux libraires… Après les SOS lancés par les acteurs culturels estimant être les « oubliés »  de la crise, le chef de l’État a esquissé, hier, son « plan pour la culture », à l’occasion d’un échange avec certains représentants du secteur, dont le rappeur Abd Al Malik et le réalisateur Olivier Nakache. Si les intermittents et les représentants de l’audiovisuel ont pu être rassurés, la réouverture des cinémas, des théâtres ou des concerts après le déconfinement reste encore hypothétique.


« Enfourcher le tigre » 
Rappelant qu’« on ne fera pas de grands événements durant cet été », Emmanuel Macron a souhaité que les « lieux de création revivent (...) sans doute en inventant un nouveau rapport au public », dans le contexte sanitaire actuel. Manches de chemise retroussées, le chef de l’État a dit miser sur le mariage du « bon sens »  et de « la créativité »  des acteurs du secteur pour « enfourcher le tigre, le domestiquer »  et engager une « révolution de l’accès à la culture et à l’art », à grands renforts d’une gestuelle expressive. 
Emmanuel Macron a appelé « les régions, les grandes villes, les métropoles »  à « s’engager car elles sont les partenaires des associations et des festivals (afin) qu’elles nous accompagnent dans cette bataille ».


Intermittents : « On a besoin de vous à l’école ! » 
Emmanuel Macron s’est également engagé à ce que « les droits des artistes et techniciens intermittents soient prolongés d’une année au-delà des six mois où leur activité aura été impossible ou très dégradée, soit jusqu’à fin août 2021 », tout en présageant qu’il donnerait « suffisamment confiance pour qu’on en n’ait pas besoin ».
Préférant l’idée d’une « année bleu ou rose »  à celle d’une « année blanche », il a ainsi avancé l'idée d'associer les professionnels de la culture aux activités périscolaires et durant l’été afin que celui-ci soit « apprenant et culturel ». « Peut-être qu’ils feront leurs heures par ce biais » , a-t-il envisagé puisque, devant les annulations successives de spectacles, l’essentiel des 100 000 artistes et techniciens dépendant du régime des intermittents ne pourront vraisemblablement pas cumuler les 507 heures de travail sur douze mois pour toucher l’assurance-chômage.
« On a besoin de vous à l’école. Si vous êtes prêts à donner un ou deux après-midi par semaine… », a-t-il insisté. « Parce que l’on a besoin de s’occuper de nos jeunes, en particulier dans les milieux les plus modestes dont les familles ne peuvent pas être là pendant ce temps de reprise scolaire ». 
Le lancement d'un « grand programme de commandes publiques »  visant notamment les « jeunes créateurs »  a aussi été évoqué. Là aussi, il doit être « inventé ».
« Tout cela doit être détaillé au-delà des effets d'annonce », a relativisé Denis Gravouil de la CGT Spectacle, tout en saluant cette décision. « J'ai le sentiment qu'on a été entendus. Maintenant, comment cela va se traduire sur le terrain ? », a affirmé Abd Al Malik interrogé par l'AFP. Saluant des « réponses très attendues », le réalisateur Olivier Nakache a, lui, rappelé sur Europe 1 que « toutes les solutions n'ont pas été trouvées en une matinée ».

Cinéma et théâtre : fonds d’indemnisation et reprise des répétitions
Alors que le chef de l’État a confirmé que les librairies, les disquaires, les galeries d’art, les bibliothèques ou autres petits musées doivent rouvrir, dès lundi, les salles de cinémas et de théâtre doivent, elles, encore rester fermées jusqu'à nouvel ordre.
S’ils restent clos, les théâtres pourront, toutefois, d’ores et déjà commencer à « répéter »  avec « les contraintes et les bonnes règles de distance ». 
Pour les tournages de cinéma et les séries, un « fonds d'indemnisation temporaire »  doit également voir le jour. Celui-ci fonctionnera « au cas par cas ». Ce fonds pourrait être abondé à la fois par les régions, mais aussi par les assureurs, les banques et les Sociétés de financement de l'industrie cinématographique et de l'audiovisuel (Sofica) qu’Emmanuel Macron compte mettre « devant leur responsabilité ». De son côté, le Centre national de la musique, « qui vient d’être créé et qui est très fragilisé par la période », sera, pour sa part, « redoté à hauteur de 50 millions d’euros ». 
Un point sera fait « fin mai »  pour statuer du sort de ces acteurs à compter du mois de juin et selon quelles modalités, a indiqué Emmanuel Macron, estimant qu’il faudra, « là aussi, réinventer des nouvelles formes »  de rapports au public. Il a également assuré qu’il « y aura un accompagnement car ce sont des moments qui ne se construiront pas dans le même modèle économique que ceux que l’on avait l’habitude d’avoir ». « Il faudra inventer la saison prochaine car moi je ne sais pas dire où sera cette épidémie, a ajouté le chef de l’État. Il faudra peut-être la penser et l’inventer différemment. On a à créer sous contrainte extrême, et donc il faut qu’on réfléchisse à comment on le fait et sous quelles conditions... » 

Un plan de soutien spécifique aux librairies
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a, de son côté, annoncé, hier, que les libraires, qui ont « beaucoup souffert », devraient recevoir un « accompagnement spécifique »  dans le cadre des aides en préparation pour le tourisme, a-t-il déclaré à quelques journalistes lors d'une visite à une librairie de Montreuil. « Le tourisme on va le comprendre dans un sens large, dans le tourisme il y a la culture et dans la culture il y a les libraires », a-t-il expliqué. Et d’ajouter sur Twitter : « Les mesures de soutien de l’État leur ont permis de tenir pendant le confinement. Nous travaillons désormais à un plan de soutien. C’est la vie culturelle du pays qui est en jeu. » 
Face au risque « d'une cascade de faillites de libraires », Bruno Le Maire souhaite ainsi que ces derniers ne se retrouvent pas avec « un problème de solvabilité quand il faudra rembourser l'emprunt »  qu’ils auront réalisé afin que « que ça ne pèse pas trop sur (leur) trésorerie ».

A.W.

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