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Édition du vendredi 7 novembre 2025
Handicap

Inclusion scolaire : quel chemin parcouru depuis la loi handicap de 2005 ?

Un peu plus de 20 ans après l'adoption de la loi du 11 février 2005, dite loi Handicap, les élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire sont trois fois plus nombreux qu'en 2006. Selon les statistiques de la Depp, l'accompagnement par les AESH se mutualise de plus en plus.

Par Lucile Bonnin

La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale a publié hier un bilan statistique présentant des chiffres sur l'évolution de l'école inclusive depuis 2006.

Depuis la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005 a été promulguée, la scolarisation des élèves en situation de handicap dans le milieu scolaire ordinaire est désormais un principe de droit. En conséquence, les effectifs d’élèves en situation de handicap en milieu scolaire (premier et second degrés) ont augmenté sans surprise de manière drastique, passant de 232 400 en 2006 à 563 400 élèves en 2024 soit une augmentation de 142 %. 

Des effectifs en hausse mais des différences qui persistent 

Les élèves en situation de handicap représentent en 2024 4,7 % du total des élèves contre seulement 1,9 % en 2006. « Dans le premier degré, le nombre d’élèves en situation de handicap en milieu ordinaire a été multiplié par 2,2 (+ 121,6 %) et par 5,6 (+ 463,7 %) dans le second degré », peut-on lire dans l’étude de la Depp. 

Que cela soit dans un établissement ordinaire, avec ou sans aménagements pédagogiques, ou encore avec l’appui d’un dispositif collectif au sein de l’établissement, comme une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis), « les effectifs d’élèves en situation de handicap augmentent de manière dynamique quel que soit le mode de scolarisation ». Le Depp observe une importante hausse du nombre d’élèves en situation de handicap dans le second degré qui s’explique notamment « par l’allongement de la durée de scolarisation des élèves ». 

Certaines spécificités de ces élèves ressortent cependant clairement de l’étude. Par exemple, alors qu’à 11 ans (âge théorique d’entrée des élèves au collège), la grande majorité des enfants est scolarisée dans le second degré, les enfants en situation de handicap sont plus souvent « en retard » . En 2024, 46,7 % d’entre eux sont encore scolarisés dans le premier degré. Cette part a néanmoins fortement baissé puisqu’elle était de 82,5 % en 2006. 

Même s’il apparaît que les élèves en situation de handicap poursuivent leur scolarité dans le second degré plus longtemps en 2024 qu’en 2006, « ils en sortent plus précocement que les autres élèves »  notamment vers 14 et 15 ans alors que les autres élèves sortent du système scolaire à 17 ans. Le temps complet progresse cependant dans le premier degré où 92,4 % des élèves handicapés sont en classe ordinaire tous les jours. 

AESH : tendance à la mutualisation 

L’inclusion scolaire vise à assurer une scolarisation de qualité à tous les élèves par la prise en compte de leurs singularités et de leurs besoins éducatifs particuliers. Ainsi depuis la publication du décret n° 2012-903 du 23 juillet 2012, « deux modalités d’aide humaine peuvent être notifiées par décision de la CDAPH : l’aide individuelle apportée à un seul élève qui requiert une attention soutenue et continue et l’aide mutualisée apportée simultanément à plusieurs élèves nécessitant un suivi moins soutenu. » 

Ce sont les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) qui accompagnent en 2022 pas moins de 248 500 élèves dont 149 500 dans le premier degré et 99 000 dans le second degré. « Entre 2013 et 2022, la part des élèves accompagnés passe ainsi de 49 % à 67 % dans le premier degré et de 26 % à 46 % dans le second degré », précise la Depp. 

S’il est indéniable que « les effectifs d’AESH ont également augmenté »  et représentent « en 2022, quatre personnels non enseignants sur dix rémunérés par l’Éducation nationale » . Cela reste peu face aux besoins grandissants et alors que les prescriptions d'aides humaines émises par les MDPH ne cessent d'augmenter. Il y a quelques jours, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé que 42 000 élèves en situation de handicap étaient encore en attente d’un accompagnant à la fin du mois d’octobre 2025. 

Enfin, l’étude pointe une croissance importante de l’aide mutualisée :  en 2022, dans le premier degré, 64 % des élèves reçoivent une aide mutualisée ; ils étaient 22 % en 2013. « Dans le second degré, les taux observés passent respectivement de 31 % à 80 % », ajoutent les auteurs. Cette tendance à la mutualisation n’est pas sans lien avec la mise en place des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial) en 2019. Si la Depp explique en partie cette montée en puissance des AESH mutualisées par « les pratiques d’attribution des MDPH »  c’est une conséquence – ou une solution selon les points de vue – de la pénurie de professionnelles qui explose ces dernières années. 

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