Maire-info
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Édition du mardi 17 novembre 2020
Handicap

Comité interministériel du handicap : de nouvelles annonces positives mais « des attentes fortes non satisfaites »

Chacun dans leur périmètre, une vingtaine de ministres ont décliné, hier, leurs annonces à l’attention des personnes handicapées. Présidé par le premier d’entre eux, Jean Castex, le comité interministériel du handicap (CIH) qui se tenait le matin même, n’a pas répondu à toutes les attentes des associations.

Emploi, école, accès aux droits et aux soins… Hier, le Premier ministre Jean Castex a multiplié les messages pour tenir, en dépit de la crise sanitaire, les engagements du gouvernement sur le handicap, « l’une des grandes priorités du quinquennat »  Macron. « Ce fut surtout un rappel des mesures définies lors du dernier CIH de décembre 2019 et de la Conférence nationale du handicap (CNH) du 11 février 2020, regrette de son côté le Collectif handicap. Elles devaient pour la plupart être déployées en 2020 mais, sur les 46 mesures listées, seules 16 sont en partie ou totalement réalisées tandis que 30 sont en cours ». 
Quatre objectifs ont toutefois été identifiés en comité interministériel : la jeunesse, la simplification des démarches administratives, l’amélioration de la vie quotidienne et l’engagement de la société vers une accessibilité universelle avec sur le plan démocratique, le renforcement de l’accessibilité des campagnes électorales en 2021 et 2022 et de la communication gouvernementale (discours des ministres accessibles) dès le premier semestre 2021 (10 millions d’euros). « L’axe majeur, c’est qu’on ne ralentit pas les réformes, malgré cette crise »  du covid-19, a expliqué la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, qui entend « réaffirmer haut et fort les chantiers en cours ».

Les nouveaux enseignants formés à l’école inclusive
« Investir sur les jeunes générations en situation de handicap »  est donc le premier d’entre eux. Depuis la rentrée 2020, 40 plateformes de coordination et d’orientation opérationnelles (PCO) permettent « un parcours d’intervention et de diagnostic précoce dans le champ des troubles du neuro-développement dont l’autisme ». Celles-ci devraient être complétées par le « déploiement des plateformes de coordination et d’orientation TSA-TND (trouble du spectre autistique et troubles du neurodéveloppement) avec pour objectif de couvrir l’ensemble du territoire national en 2022 (20 ouvertures d’ici fin 2020 et 39 courant 2021) »  ainsi que « la mise en œuvre de la stratégie des 1 000 premiers jours qui prend en compte les parents des enfants en situation de handicap ainsi que les parents en situation de handicap. Il s’agit d’engager des actions pour mieux soutenir tous les parents sur tous les plans (médical, social, éducatif) sur la période du 4e mois de la grossesse aux 2 ans de l’enfant. » 
L’école, quant à elle, formera l’ensemble des nouveaux enseignants à l’école inclusive à compter de la rentrée 2021 (au moins 25 heures) et le déploiement des unités d’enseignement autisme se poursuivra avec 50 unités en maternelle et 35 en élémentaire à la rentrée 2021 puis 60 unités en maternelle et 10 dispositifs en élémentaire à la rentrée 2022.

PCH étendue en 2021
S’agissant du volet « simplification des démarches », Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, a annoncé que « le dispositif de la prestation de compensation du handicap (PCH), qui permet de financer des aides, humaines ou matérielles, sera ainsi étendu dès le 1er janvier 2021 pour couvrir les aides à la parentalité ». Ainsi, « les 17 000 parents en situation de handicap bénéficieront d’une PCH ''parentalité'' qui leur permettra d’accompagner au mieux leur(s) enfant(s) jusqu’à 7 ans ; le temps de la préparation du repas et de la vaisselle sera intégré dans l’aide à l’alimentation financée par la PCH ; les personnes ayant droit à la PCH avant leurs 60 ans pourront continuer à en bénéficier après 75 ans. La branche autonomie prendra en charge cet investissement (200 millions d'euros par an). » Or « ce sera un forfait d’une heure d’aide humaine par jour, alors qu’on préconisait d’aller jusqu’à cinq heures par jour. Ça risque de ne pas répondre aux besoins des parents très dépendants », alerte Patrice Tripoteau, directeur général adjoint de l’association APF France Handicap, dans Libération.

Prolongement d’une aide au recrutement de personnes handicapées
Au chapitre de l’emploi, le gouvernement prolonge, jusqu’au 30 juin 2021 au lieu du 28 février, l’aide au recrutement de personnes en situation de handicap dans le cadre du plan France Relance. Celle-ci prévoit l’octroi jusqu’ à 4 000 euros aux entreprises et aux associations qui embauchent un salarié handicapé, sans limite d’âge, en CDI ou en CDD d’au moins trois mois. Cette aide doit permettre « 30 000 recrutements », a dit Jean Castex.
Dans la fonction publique, Amélie de Montchalin, secrétaire d’Etat chargée de la Transformation et de la Fonction publiques, a assuré qu’elle développerait « fortement », à l’occasion de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées, le recrutement d'apprentis en situation de handicap pour les intégrer sur le long terme dans la fonction publique. La « mise en place d’un droit pour les agents en situation de handicap à accéder à un référent handicap chargé de les accompagner tout au long de leur carrière et de coordonner les actions menées en leur faveur par leur employeur »  a aussi été annoncée. 

« Des attentes fortes non satisfaites » 
Concernant le logement enfin, Jean Castex a précisé que 45 millions d'euros seraient déployés entre 2021 et 2023 pour financer des « aides à la vie partagée »  (AVP) qui permettront de « favoriser l'habitat inclusif »  via des petites unités de logement en cœur de ville. Lény Marques, porte-parole du Collectif lutte et handicap pour l’égalité et l’émancipation (Clhee), ne se montre pas enthousiaste dans Libération : « On voit ça comme une nouvelle institution. Ce sont des colocations, mais entre personnes handicapées. Ça ne va pas réduire la ségrégation. Ils préfèrent donner de l’argent à ça que de financer des aides à domicile. Ce n’est pas la personne concernée qui va pouvoir décider de sa vie. » 
Plus globalement, le Collectif handicaps note « positivement de nouvelles annonces »  mais dit attendre leur « concrétisation rapide ». Pour autant, il ajoute qu'elles « ne permettront pas d'agir rapidement pour renforcer l'accessibilité des bâtiments ou répondre aux attentes des familles ». Le déploiement des ambassadeurs de l'accessibilité, ces ambassadeurs du service civique chargés d’accompagner les différents acteurs des territoires recevant du public (gares, commerces, bibliothèques, centres médicaux et dentaires, etc.), pour renforcer l’accès aux services du quotidien, ne débutera qu'en 2021. Ce réseau d'ambassadeurs avait pourtant été annoncé et présenté en juin 2018. Dans son analyse enfin, l'Unapei (association de personnes avec un handicap intellectuel) déplore des « attentes fortes non satisfaites », pointant en particulier les carences de la scolarisation et de l'accompagnement avec de « trop nombreuses personnes sans solution ».De son côté, l'Unapei (association de personnes avec un handicap intellectuel) déplore des « attentes fortes non satisfaites », pointant en particulier les carences de la scolarisation et de l'accompagnement avec de « trop nombreuses personnes sans solution ».

Ludovic Galtier

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