Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 11 mars 2022
Guerre en Ukraine

Réfugiés : l'AMF propose un plan d'actions État-collectivités

Dans un communiqué diffusé ce matin, l'AMF appelle à une collaboration plus étroite entre l'État et les collectivités locales sur l'accueil des réfugiés ukrainiens et propose un « plan d'actions » commun. 

Par Franck Lemarc

Le flot des réfugiés fuyant l’Ukraine en guerre ne cesse de croître, à une vitesse qui inquiète les responsables européens. Selon le dernier décompte de l’Onu, hier, ce sont déjà quelque 2,3 millions de personnes qui ont quitté le pays – ce qui fait dire à des historiens qu’il s’agit du plus massif et du plus rapide exode de citoyens hors de leurs frontières, en Europe, depuis la fin de la guerre civile espagnole et la victoire de Franco, en 1939. 

Comité interministériel de crise

Hier, le gouvernement a annoncé l’ouverture d’une cellule interministérielle de crise (CIC) sur ce sujet, afin de « coordonner et anticiper »  l’arrivée des réfugiés sur le territoire – environ 7 200 réfugiés ukrainiens sont arrivés à ce jour dans l’Hexagone. Cette cellule sera dirigée par le préfet Joseph Zimet, ancien conseiller en communication d’Emmanuel Macron, « excellent logisticien, habitué au travail interministériel et (possédant) une fine connaissance du fonctionnement des préfectures », a commenté hier le ministère de l’Intérieur. 

Les réfugiés ukrainiens font l’objet de mesures exceptionnelles : gratuité des trains dans toute l’Europe, et mise en place d’un dispositif datant de la guerre en ex-Yougoslavie mais, jusqu’à présent, encore jamais activé, permettant de bénéficier automatiquement d’une « protection temporaire »  plus protectrice que le statut de réfugié. Ce statut donne droit à une autorisation de séjour pouvant aller jusqu’à trois ans, à la perception d’une allocation, à l’ouverture d’une couverture médicale immédiate et d’un droit de travail. 

Selon les pointages du ministère de l’Intérieur, environ 2 500 Ukrainiens sont hébergés dans des hôtels, et les autres (soit les deux tiers) par des collectivités locales ou des particuliers. Plus de 20 000 particuliers ont déjà fait des offres d’hébergement sur la plate-forme gouvernementale « Je m’engage pour l’Ukraine »  (https://parrainage.refugies.info/ukraine/). 

Trois acteurs

Dans ce contexte, le président de l’AMF, David Lisnard, qui revient d’un déplacement en Ukraine et en Pologne « à la rencontre des maires », propose à l’État « un plan d’action pour l’accueil des Ukrainiens en France, pour contribuer à répondre à la crise humanitaire au plus près des besoins du terrain ». Il permettrait de « limiter les risques humanitaires et sécuritaires »  et organisant l’accueil des familles avant même leur arrivée sur le territoire : « Plus les réfugiés sont pris en charge en amont, c’est-à-dire en Ukraine ou dans les pays voisins, plus leur intégration et le contrôle de leur situation sont facilités », souligne le maire de Cannes, qui propose « une coordination rigoureuse entre l’État et les collectivités pour garantir une prise en charge (…) du premier au dernier kilomètre ».

Le plan proposé par l’AMF s’articule autour de trois acteurs : les autorités locales (Ukraine et pays limitrophes), qui seraient chargées « d’identifier les Ukrainiens volontaires et de procéder aux vérifications afférentes avant de proposer une destination en France, validée ensuite par les autorités françaises, en lien avec les communes d’accueil qui le souhaitent ». Les services de l’État français, deuxièmement, pour assurer « la prise en charge administrative »  des personnes, en particulier la mise en œuvre de la protection temporaire, et affecter les hébergements. Les communes, enfin, pour « préparer l’accueil des réfugiés en indiquant leurs capacités d’accueil aux préfectures, en organisant les modalités opérationnelles du transport, en encadrant sur place l’accueil des familles, et en mobilisant les ressources locales qui participent à l’insertion des personnes concernées, dont la traduction, des cours de Français, la scolarisation des enfants, le travail. » 

L’AMF se dit « mobilisée pour accompagner les communes volontaires »  et souhaite être associée aux travaux du Centre interministériel de crise. Elle demande, enfin, que des réunions de gestion de crise soient organisées pour associer les associations d’élus aux décisions, à la manière de ce qui s’est fait pendant la crise sanitaire.

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