Grève du 18 septembre : les services publics sans doute très perturbés demain dans tout le pays
Par Franck Lemarc
C’est la première fois depuis le mouvement contre les retraites de 2003 que l’ensemble des confédérations syndicales appelle à un mouvement interprofessionnel, le même jour. Une semaine après la mobilisation en demi-teinte du 10 septembre (200 000 participants selon le ministère de l’Intérieur), la grève de demain promet d’être nettement plus suivie.
Au moins 220 manifestations sont prévues d’un bout à l’autre du pays – et les services du ministère ont, dans un premier temps, prévu une participation d’au moins 400 000 personnes. Cette estimation est toutefois à prendre avec prudence, le nombre de participants à la journée du 10 septembre ayant été deux fois plus importante que ce qu’avait prévu le Renseignement territorial (RT). Hier, certains médias annonçaient d’ailleurs que le RT avait revu ses prévisions à la hausse, tablant plutôt sur une mobilisation de 600 000 à 900 000 personnes.
Tous les secteurs touchés
Dans le secteur public, il est un peu plus facile de faire des prévisions que dans le secteur privé, dans lequel les salariés n’ont pas l’obligation de se déclarer en grève 24 ou 48 heures à l’avance. Les transports urbains, notamment, devraient être très perturbés. En région parisienne, les syndicats annoncent une participation pouvant aller jusqu’à 90 % des conducteurs. Résultat, en dehors des heures de pointe, seules les lignes automatiques fonctionneront et les trains régionaux seront « très perturbés » . Les grands réseaux de transport urbains seront également très perturbés – à Lille, Marseille, Lyon, Toulouse, Bordeaux…
À la SNCF, la mobilisation semble un peu inférieure : la direction annonce que le TGV devraient rouler « quasi-normalement » . Mais le trafic des Intercités devrait être réduit de moitié, tandis que « 3 trains sur 5 » circuleront sur le réseau TER. Le ministre démissionnaire des Transports, Philippe Tabarot, craint néanmoins des taux de grévistes plus élevés dans certaines régions.
Dans les aéroports, la situation sera également compliquée : les compagnies annoncent entre 30 et 50 % de vols annulés. Mais la situation pourrait évoluer : si les salariés des compagnies aériennes sont obligés de se déclarer grévistes 48 h à l’avance, ce n’est pas le cas des salariés des innombrables sociétés privées qui interviennent dans les aéroports (sécurité, bagagistes, nettoyage, etc.) et qui pourraient, selon les syndicats, se mobiliser fortement.
Autre secteur clé, les écoles. Là aussi, le mouvement devrait être bien suivi avec un tiers des enseignants qui se sont déclarés grévistes. Comme souvent, le mouvement sera davantage suivi dans le premier degré, et de plusieurs villes annoncent dès aujourd’hui que de nombreuses écoles primaires seront totalement fermées demain. La mobilisation pourrait être importante dans les cantines et les activités périscolaires devraient être, elles aussi, très perturbées dans de nombreuses communes.
Le traitement des déchets va être touché par la grève, tant dans les communes où il fonctionne en régie que dans le secteur privé – les syndicats des plus importants délégataires, Veolia, Suez, Nicollin ou Pizzorno ayant déposé des préavis et s’attendant à une mobilisation importante.
Il est probable enfin que le trafic routier sera également touché, dans la mesure où plusieurs blocages ou « opérations escargots » sont prévues. La principale fédération des routiers, la CFDT, annonce des blocages jeudi matin dès l’aube, notamment au niveau des péages et « dans les zones industrielles ».
Il sera par ailleurs quasiment impossible de se procurer des médicaments demain : entre 85 et 95 % des pharmacies devraient rester fermées, dans le cadre d’un mouvement non pas organisé par les fédérations de salariés mais par les pharmaciens eux-mêmes, visant à protester contre la baisse du plafond de remise sur les médicaments génériques, décidée par décret début août par le gouvernement sortant.
Réponse « massive » des forces de l’ordre en cas de troubles
Face à ces perturbations annoncées, le gouvernement va déployer un dispositif de sécurité massif, similaire à celui du 10 septembre, avec encore quelque 80 000 forces de l’ordre mobilisées. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a ce matin encore insisté sur le risque de débordements orchestrés par « l’ultra-gauche » et la présence attendue de casseurs dans les cortèges à Paris, Lyon, Rennes ou Nantes notamment. Bruno Retailleau a prévenu que, comme la semaine dernière, « les blocages seront débloqués » très rapidement et que les forces de l’ordre « iront au contact très vite » en cas d’atteintes aux personnes ou aux biens. Alors que le ministre attend « 5 à 10 000 personnes qui viendront pour la bagarre », il a promis une « réponse massive ».
Dans une note envoyée aux préfets hier, et transmise à la presse aujourd’hui, Bruno Retailleau demande aux représentants de l’État dans les départements de ne tolérer « aucune dégradation de bâtiments publics ou emblématiques » et exige une intervention rapide des forces de l’ordre en cas de blocage des établissement scolaires ou « des infrastructures essentielles ». La « vigilance » doit s’exercer dès la nuit prochaine, exige le ministre, « pour éviter les sabotages, les dégradations et les blocages ».
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