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Édition du mercredi 6 juillet 2022
Gouvernement

Gouvernement Borne II : les nouveaux ministres clés pour les collectivités territoriales

L'architecture du nouveau gouvernement donne une place particulière au ministère chargé à la fois de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, confié au maire d'Angers Christophe Béchu. Suite du tour d'horizon de ce nouvel exécutif.

Par Franck Lemarc

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Après la nomination du premier gouvernement Borne, Maire info avait dressé la liste des ministres auxquels les collectivités locales allaient avoir à faire. De nouveaux noms sont apparus dans le gouvernement Borne II. 

Télécharger l'organigramme du gouvernement Borne II, imprimable au format A3. 

Une nouvelle architecture

Bien qu’ayant reculé dans l’ordre protocolaire du gouvernement (le ministre Christophe Béchu y apparaît, inexplicablement, à la dixième place, alors qu’Amélie de Montchalin, exactement sur le même périmètre, était cinquième), le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires est à présent nettement plus musclé : c’est notamment celui qui compte le plus de ministres délégués et de secrétaires d’État. 

On se rappelle qu’il avait été vivement reproché au premier gouvernement Borne de ne compter aucun ministre ou secrétaire d’État dédié à des sujets aussi essentiels que le logement, les transports, la ruralité ou la politique de ville. Cette carence a été comblée lundi, avec la nomination, sous la tutelle de Christophe Béchu, de pas moins de cinq ministres délégués ou secrétaires d’État – ce qui en fait le ministère le plus riche, de ce point de vue, devant Bercy qui ne compte que quatre ministres délégués. 

La nouvelle ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, est à la fois – et logiquement – sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de Christophe Béchu. La maire de Beauvais était jusqu’à présent, rappelons-le, présidente de l’association Villes de France et présidente de l’Agence nationale de la cohésion des territoires. 

Sous la tutelle unique de Christophe Béchu, en revanche, on trouve quatre ministres délégués ou secrétaires d’État. Clément Beaune est chargé des transports – et va donc être, dans les semaines qui viennent, chargé de gérer une situation sociale relativement tendue dans le transport ferroviaire et aérien, avec des appels à la grève qui se multiplient. 

Olivier Klein, ancien maire de Clichy-sous-Bois et jusqu’à présent président de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), est chargé à la fois de la politique de la ville et du logement. Des dossiers brûlants, là encore, l’attendent, dont celui de l’accélération de la rénovation énergétique des logements et de la résorption des « passoires thermiques », sujet qu’il devra cogérer avec la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Autre sujet majeur pour le nouveau ministre délégué : la crise du logement qui se dessine au vu de la hausse des taux d’intérêts, qui empêche de nombreux ménages d’emprunter et fait craindre aux experts un blocage du marché dans les mois à venir. 

Bérangère Couillard hérite, toujours sous la tutelle de Christophe Béchu, d’un portefeuille de secrétaire d’État à l’Écologie. Élue députée de la Gironde en 2017 sous l’étiquette de LaREM, Bérangère Couillard vient de la société civile – elle était alors directrice régionale d’une grande marque de prêt-à-porter. À l’Assemblée nationale, pendant la précédente mandature, elle a gagné une certaine expérience sur le sujet  en siégeant à la commission du développement durable, et a été co-rapporteure de la loi d’orientation des mobilités. Parmi les dossiers qui attendent la nouvelle ministre déléguée, on peut citer le deuxième volet de la stratégie nationale biodiversité (SNB) et la préparation de la COP15 Biodiversité, qui devrait se tenir avant la fin de l’année. 

Enfin, la ruralité, qui avait un ministère de plein exercice lors de la précédente mandature, ne fait plus maintenant l’objet que d’un secrétariat d’Etat, confié à Dominique Faure. Cadre dirigeante chez Veolia environnement, elle a été élue pour la première fois députée il y a trois semaines, Dominique Faure a en revanche une vraie expérience d’élue locale : elle était depuis 2014 maire de la commune de Saint-Orens, en Haute-Garonne, et première vice-présidente de Toulouse métropole, chargée du développement économique, de l’innovation et de l’emploi. Dominique Faure ne restera pas maire – puisque son élection à la députation fait automatiquement tomber son mandat exécutif local. 

Nouveaux entrants

Parmi les nouveaux entrants avec qui les associations d’élus vont avoir à travailler en étroite collaboration, Jean-Noël Barrot, qui occupera à Bercy le ministère délégué à la Transition numérique et aux Télécommunications. Il sera donc chargé de poursuivre le déploiement du très haut débit et de résorber définitivement, on l’espère, les zones blanches. Il va très vite être plongé dans le grand bain, puisque l’Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel), excédée par les problèmes récurrents qui se posent sur le réseau fibre, a convoqué demain une conférence de presse pour « siffler la fin de la récréation »  sur ce sujet, lors de laquelle elle va annoncer un « plan de bataille »  (lire Maire info du 3 juin).  

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé auprès du ministre de la Santé, sera, si l’on en croit l’intitulé de son ministère, la ministre référente en termes de lutte contre la désertification médicale. 

Nouvelle entrante également, la secrétaire d’État chargée la Citoyenneté, Sonia Backès, sous la tutelle de Gérald Darmanin. Peu connue en métropole, Sonia Backès vient de Nouvelle-Calédonie – elle est la première ministre originaire du « Caillou »  à être nommée dans un gouvernement. Figure de la droite anti-indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès a occupé plusieurs postes au sein du gouvernement de Nouvelle-Calédonie entre 2009 et 2015, et est présidente depuis 2019 de la Province sud (collectivité équivalente à une région). Elle a déclaré après sa nomination au gouvernement qu’elle conserverait cette fonction. 

Enfin, les élus du littoral feront la connaissance du nouveau secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, qui remplace à ce poste Justine Bénin, battue aux législatives. Né au Rwanda, qu’il a quitté à l’âge de 4 ans pendant le génocide (évacué par l’armée française), Hervé Berville est député des Côtes-d’Armor. Il a indiqué au moment de sa prise de fonction que sa première priorité serait la gestion du dossier des marins-pêcheurs mis à mal par le Brexit, mais aussi de « répondre aux attentes des Français en matière environnementale, en protégeant l’océan, la biodiversité, en luttant contre le changement climatique ». Il sera partie prenante du débat sur la politique en matière d’érosion du littoral et de gestion du trait de côte, au moment où l’on attend l’avis du Conseil d’État, saisi par l’AMF et l’Association nationale des élus du littoral, sur l’ordonnance sur le recul du trait de côte (lire Maire info du 20 mai). 

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