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Édition du mardi 10 juin 2025
Fonction publique

Les agents publics davantage exposés aux violences que les salariés du privé

Une étude de la DGAFP montre que 16% des agents de la fonction publique ont déjà fait l'objet d'injures, de menaces, de violences physiques, de harcèlement ou de discrimination contre 13% parmi les acteurs du secteur privé.

Par Emmanuelle Quémard

Les agents publics sont plus fréquemment victimes de violences que les salariés du privé. Ils sont également plus nombreux à ressentir un sentiment d’insécurité au travail que les personnes employées dans une entreprise. C’est ce que montre une étude de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) publiée le 5 juin.

Selon cette enquête d’opinion réalisée tout au long de l’année 2023 auprès de 110 000 répondants résidant en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique ou à La Réunion, 16% des agents de l’Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux publics ont, en effet, déjà fait l’objet d’injures, de menaces ou de harcèlement moral. Une proportion supérieure à celle constatée dans la sphère privée (13%).

Pour la DGAFP, cette différence s’explique principalement par « la plus forte exposition professionnelle »  des agents publics. Hors violences conjugales, ces derniers associent pour une large part (45%) les violences dont ils sont victimes à l’exercice de leur métier. Un sentiment qui n’est exprimé que par 32% des salariés du privé. L’étude confirme que ce sont en premier lieu les agents exerçant leur mission d’intérêt général au contact direct du public qui sont le plus exposés aux violences.

Les policiers, les militaires, les pompiers, mais aussi les personnels de la santé et du travail social, se trouvent ainsi parmi les plus nombreux à faire état de situations de violence perpétrées à leur encontre pendant leurs activités professionnelles. Les atteintes les plus citées concernent les injures (7%), le harcèlement moral (5%) et les violences physiques (2%). Les violences de nature sexuelle (physiques ou non), les menaces et les discriminations sont également évoquées par les agents du service public. 

Des métiers publics très exposés aux violences

Ces derniers décrivent des atteintes ayant majoritairement pour cadre les interventions réalisées dans un contexte professionnel (45%), mais aussi à l’occasion d’activités associatives ou de loisirs (36%). A contrario, parmi les salariés du privé, 32 % des atteintes décrites ont eu lieu dans un contexte professionnel, alors que seulement 8% de ces atteintes sont associées à un contexte non professionnel. 

Par ailleurs, l’enquête de la DGAFP indique que les agents les plus jeunes sont plus souvent victimes que les personnels plus âgés, un constat qui vaut également pour les salariés du secteur privé. Dans la fonction publique, les moins de 30 ans subissent, en effet, 18 % des atteintes déclarées dans le contexte de leur travail, alors qu’ils ne représentent que 13 % des agents. Les agents les plus jeunes sont notamment davantage victimes de violences de nature sexuelle (29 %) et physique (20 %) ainsi que de discriminations (20 %). Les agents de 30 à 49 ans sont également surreprésentés parmi les victimes d’atteintes dans le cadre professionnel, alors que les agents de 50 ans et plus sont, au contraire, sous-représentés (28 % alors qu’ils constituent 36 % des agents). Les agents les plus âgés sont, en revanche, les plus touchés par le harcèlement moral (33%) et par les injures (31%).

La DGAFP observe d’autre part que parmi les victimes d’atteintes commises dans le cadre professionnel, les femmes sont légèrement sous représentées dans la fonction publique (60 % des atteintes, contre 64 % des effectifs), alors qu’elles sont surreprésentées dans le secteur privé (57 % des atteintes, contre 47 % des salariés). Alors que dans le privé, les femmes constituent la plus forte proportion des victimes de violences sexuelles (82 %), de discriminations (74%) et de harcèlement moral (69%), les agentes la fonction publique sont au contraire sous-représentées parmi les victimes de violences physiques (47% des atteintes) et de menaces (41%).

Montée du sentiment d’insécurité au travail

Pour la DGAFP, la prégnance des violences exercées à l’encontre des agents se traduit chez eux par une montée sensible du sentiment d’insécurité au travail. Ils sont 26 % à affirmer ressentir un tel sentiment « souvent ou de temps en temps », contre 16 % parmi les salariés du privé.

A noter que la proportion de victimes de violences est en hausse par rapport à 2021 (+2 points), notamment pour ce qui concerne les discriminations. Les auteurs de l’étude soulignent que « cette hausse peut être reliée au moins en partie à la sortie de la crise sanitaire, offrant des possibilités d’accès accrues aux espaces accueillant du public ». La DGAFP observe, en outre, une évolution semblable pour les salariés du secteur privé. « Cependant, ces derniers se déclarent moins souvent victimes que les agents publics (13 % d’entre eux en 2022), et ce pour la quasi globalité des atteintes, mis à part les discriminations. » 

Autre donnée mise en évidence par l’étude : les violences subies par les agents de la fonction publique ne se traduisent par une plainte devant la justice que dans de faibles proportions. Seulement 10% des victimes franchissent le seuil d’un commissariat, d’une gendarmerie ou du bureau d’un procureur et les plaintes concernent essentiellement des faits de violences physiques ou de menaces. Dans le privé, la saisine de la justice est encore plus exceptionnelle (3%).
 

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