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Édition du vendredi 5 décembre 2025
Fonction publique

Fonction publique : pas d'augmentation générale des salaires en vue en 2026

Alors que le projet de loi de finances est toujours en discussion au Parlement, le ministre délégué chargé de la Fonction publique, David Amiel, a confirmé le maintien du gel du point d'indice en 2026, juste avant de recevoir pour la première fois les employeurs territoriaux.

Par Marie Lavezzi

Il ne veut pas « détruire les services publics »  mais les « améliorer ». Invité de France Info le week-end dernier, David Amiel, ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, a annoncé qu’il n’y aurait pas de revalorisation salariale globale dans la fonction publique en 2026.

« Dans le contexte actuel, on ne pourra pas avoir une augmentation générale des rémunérations dans la fonction publique. Tout le monde connaît la contrainte budgétaire dans laquelle on est », a expliqué l'ancien député de Paris, en estimant « qu’il y a un sujet structurel de manière générale pour nos finances publiques ».

Améliorer l’accès au logement

Après avoir été augmenté de 3,5 % en 2022 et de 1,5 % en 2023, le point d'indice sera à nouveau gelé pour la troisième année consécutive, ce qui impactera le pouvoir d'achat des fonctionnaires, également touchés par le non-versement de la Gipa (Garantie individuelle de pouvoir d’achat) en 2024 et 2025. 

Néanmoins, le ministre délégué propose de travailler sur les conditions de vie des fonctionnaires, « en rapprochant leur domicile de leur lieu de travail ». « Il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer la vie quotidienne des agents publics, y compris sur des choses qui pèsent sur leur pouvoir d’achat, notamment la question du logement », a-t-il indiqué.

Il travaille ainsi sur une proposition de loi, avec le ministre du logement, Vincent Jeanbrun, qui devrait être examinée « en priorité »  dans les semaines à venir. Son objectif est « d’améliorer l’accès au logement des travailleurs de première ligne, les aides soignantes, les infirmières, les policiers, les enseignants, qui souvent habitent à une ou deux heures de leur lieu de travail et qui parfois jettent l’éponge pour cette raison ».

Dans ce contexte, il a reçu la Coordination des employeurs territoriaux (CET) et les représentants des principales associations d’élus locaux, lundi, pour une première rencontre. « Malgré les incertitudes, (il y a) une volonté partagée d’avancer dans l’intérêt des agents », a souligné sur X le porte-parole de la Coordination des employeurs territoriaux, Philippe Laurent, au sortir d’une réunion qui « a permis d’aborder les enjeux d’attractivité et de dialogue social ».

Plus de 3 000 suppressions de postes annoncés

Pour tenter de maintenir le déficit public à 4,7 % en 2026, le gouvernement table aussi sur une réduction conséquente du nombre de fonctionnaires. Au cours de la même interview, David Amiel a confirmé la suppression « d'un peu plus 3000 emplois publics en net », sauf aux ministères de l'Intérieur, des Armées et de la Justice. « Mais dans le reste des ministères, on fait des économies considérables et ça permet, au global, d'avoir une baisse des agents de l'Etat l'année prochaine », a-t-il assuré, avant de défendre la liberté des des collectivités territoriales d'embaucher de choisir entre les embauches et les investissements.

Du côté des collectivités, il a dit « croire en (leur) libre administration ». « C’est le choix des maires, des présidents de régions et de conseils départementaux ».

Selon l'estimation trimestrielle d'emploi salarié de l'Insee, le nombre d’emplois dans la fonction publique a bien augmenté au 3e trimestre 2025 (+16 600 emplois, soit +0,3 %). Il se situe même bien au-dessus de son niveau d’avant crise sanitaire (+ 200 000). Si l'étude ne permet pas de savoir précisément quelles versant de la fonction publique sont concernés par cette hausse au 3e trimestre 2025, il apparaît néanmoins que l'emploi salarié non marchand a augmenté dans l'enseignement (+ 9 500), dans l'administration publique (+ 4 400) et dans la santé publique (+ 3 600).

Mais, selon le ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, le nombre d'emplois de fonctionnaire n'est pas responsable des déficits successifs. « Quand vous regardez sur une longue période, ce qui est quand même intéressant, c'est que vous voyez la part de l'emploi public dans l'emploi total en France qui a plutôt tendance à baisser, a-t-il assuré. Ce n'est pas là qu'est la raison de l'augmentation de la dette considérable depuis plusieurs décennies. »  Selon le site spécialisé Fipeco, « la part de la fonction publique dans l’emploi total est passée de 19,7 % en 1997 à 19,8 % en 2020 puis 19,1 % en 2022 et 2023 ».

Déploiement de l'IA générative

Le 18 novembre, la France et l'Allemagne ont signé un partenariat pour déployer des outils utilisant l'intelligence artificielle génératives (IAG) dans leurs administrations publiques. Les sociétés européennes Mistral AI et SAP SE seront au coeur du dispositif. Objectif? « Améliorer l'efficacité, la transparence et la réactivité des services publics », selon le communiqué de presse.

« Ça va permettre de libérer du temps aux agents pour qu'ils passent, eux, plus de temps au contact du public », a assuré David Amiel, se défendant de toute velléité de remplacer des fonctionnaires par l'IAG. En France, 10 000 agents l’utilisent déjà dans leur travail dans le cadre d’une expérimentation.

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