Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 26 novembre 2020
Fonction publique territoriale

L'absentéisme n'a pas progressé dans la fonction publique territoriale en 2019

Avec un taux global de 9,8 %, les absences pour raison de santé sont restées au même niveau qu’en 2018 dans la « territoriale ». Une stabilisation que l’assureur Sofaxis explique notamment par l’instauration du jour de carence. Mais le vieillissement de la pyramide des âges, les réductions d’effectifs et la pénibilité des métiers pourraient, selon l’assureur, faire repartir l’absentéisme à la hausse dans les prochaines années.

Instauré en 2018, le jour de carence a bel et bien freiné la progression du taux d’absence au travail pour raison de santé dans la fonction publique territoriale. C’est ce que confirme le dernier Panorama Sofaxis publié le 24 novembre et réalisé à partir de données compilées auprès de 420 000 agents répartis dans 14 800 collectivités. Selon cette étude annuelle réalisée par le courtier spécialisé dans le risque statutaire des acteurs territoriaux, l’absentéisme des agents des collectivités a, en effet, cessé d’augmenter en 2019, même si le nombre d’arrêts pour 100 agents demeure encore à un niveau élevé : 9,8 % (congés de maternité compris). Dans le détail, Sofaxis observe que les absences pour maladie ordinaire constituent la première cause de l’absentéisme dans les collectivités (4,8 %), soit plus de la moitié de l’absentéisme global. Viennent, ensuite, les absences pour longue maladie et maladie de longue durée (2,9 %) et les accidents du travail (1,5 %). Par ailleurs, il apparaît qu’au cours de l’année 2019, la durée moyenne des arrêts de travail pour raison de santé s’établit à un peu plus de 47 jours et varie selon les différentes natures d’absences : 265 jours pour les maladies de longue durée et les longues maladies, 101 jours pour les congés de maternité, 65 jours pour les accidents du travail et 28 jours pour la maladie ordinaire. Autre donnée mise en avant par l’assureur, le coût moyen des absences par agent employé demeure à un niveau élevé, mais il reste stable (2 152 euros en 2019 contre 2 134 euros en 2018). 

Le dernier mandat municipal marqué par la carence et la crise sanitaire
Le Panorama Sofaxis 2020 passe également au crible l’évolution des indicateurs d’absence pour raison de santé tout au long du dernier mandat municipal (2014-2020). Selon l’étude, l’absentéisme des personnels a connu sa plus forte progression au cours des deux premiers tiers du mandat. « D’année en année, les agents ont été plus souvent absents, plus nombreux à s’absenter et sur des durées d’arrêt toujours plus longues », soulignent les auteurs du Panorama. En effet, entre 2014 et 2017, le taux global des absences pour raison de santé progresse de 11 %, une progression identique à celle de la fréquence des arrêts (qui mesure le nombre d’arrêts pour 100 agents employés). Au cours de ces trois premières années du mandat, le niveau d’exposition (proportion d’agents absents arrêtés au moins une fois) bondit de 7 %. Celui de la gravité (calculée sur la durée des arrêts) affiche, quant à lui, une hausse de 5 points. 
Si 2018 constitue une année charnière avec l’entrée en vigueur du dispositif de la journée de carence pour les agents en maladie ordinaire, la fin du cycle municipal a également été marquée par la crise sanitaire. Certes, l’impact définitif de la pandémie de covid-19 sur l’absentéisme du personnel territorial ne sera pas connu avant plusieurs mois, mais d’ores et déjà le Panorama Sofaxis met en évidence quelques « tendances de fond »  qui se dégagent à la lumière d’une comparaison entre 2019 et 2020. Ainsi l’assureur observe que dès le mois de mars 2020, le nombre d’absences a fortement augmenté dès la première semaine du confinement, avant de diminuer dans les semaines suivantes et ce, jusqu’au début du déconfinement. « Une part importante d’arrêts pour garde d’enfants explique en partie ce phénomène », soulignent les responsables de l’étude. Concernant le volume des accidents du travail, il apparaît que cet indicateur est logiquement en repli pendant toute la période du confinement. 

Vieillissement et pénibilité accrue de certains métiers
Le dernier volet du Panorama Sofaxis 2020 repose sur une étude prospective de l’évolution des effectifs territoriaux. Les données analysées dans ce chapitre traduisent « un double effet de vieillissement et de contraction des effectifs ». Un double phénomène qui, selon Sofaxis, « nécessitera des actions pour maintenir l’employabilité durable des agents ». L’assureur démontre que l’avancée en âge conjuguée à la pénibilité de certains métiers constituent les principaux facteurs de l’absence au travail des agents. Ainsi, près d’un agent absent sur deux a plus de 50 ans (48 %) et 77 % d’entre eux ont plus de 40 ans. À l’opposé de la pyramide des âges, les moins de 30 ans ne représentent que 5 % des absents. Dans ces conditions, alors que le postulat du non-remplacement d’un agent sur deux entraînerait mécaniquement une diminution de 30 % des effectifs de la fonction publique territoriale d’ici les deux prochains mandats, Sofaxis prédit à brève échéance une sous-représentation encore plus marquée des agents de moins de 40 ans. « Il faut ainsi s’attendre à une hausse de la gravité des arrêts, d’autant que les métiers territoriaux, souvent pénibles physiquement et/ou psychologiquement, sont exercés en milieu contraint (manutention de charges, postures pénibles, vibrations, bruits, agents chimiques, écart de température ...) », souligne le Panorama, qui pointe également une prochaine flambée du coût des arrêts, déjà en progression de 10 % entre 2014 et 2019.
« L’enjeu de l’employabilité durable des agents devient ainsi clé », affirme l’assureur en invitant les employeurs territoriaux à « anticiper les problématiques d’usure professionnelle afin d’endiguer l’inaptitude et d’agir en prévision des carrières professionnelles à long terme ». Une problématique dont les employeurs territoriaux se sont, en réalité, saisis depuis plusieurs années, comme on l'a notamment vu au cours des débats sur la loi de transformation de la fonction publique.

Emmanuelle Quémard

Accéder à l’étude.

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