Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du lundi 8 janvier 2018
Démographie

Exclusif : la carte de l'évolution démographique commune par commune

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© © Maire info
En dehors des communes nouvelles, quelque 5 400 communes de métropole ont vu leur population augmenter de plus de 10 % entre 2010 et 2015, tandis qu’un peu plus de 2 000 d’entre elles ont, au contraire, vu leur population diminuer de plus de 10 %. C’est l’un des enseignements de la carte que Maire info a réalisée après la publication, fin décembre, des chiffres de la population légale par l’Insee, comparés avec ceux de 2010. Toujours hors communes nouvelles, environ 60 % des communes (20 880) n’ont pas perdu d’habitants, contre 40 % (13 800 communes environ) qui ont vu diminuer leur population.


Utiliser la molette de la souris ou + et - pour zoomer. Cliquer sur une commune pour obtenir les chiffres. © Maire info avec Carto, source Insee.

Méthodologie
L’émergence des communes nouvelles entre 2015 et aujourd’hui – et le mouvement continue – pose évidemment un certain nombre de difficultés lorsque l’on cherche à mesurer, à l’échelle de la commune, les évolutions de population. Certes, les chiffres publiés fin 2017 par l’Insee sont estampillés « 2015 », mais comme c’est toujours le cas, ils portent sur une campagne de recensement portant sur plusieurs années ; y compris les années 2016 et 2017 pour certains territoires. L’Insee, dans sa dernière livraison, donne donc des chiffres de population pour certaines communes nouvelles, qui n’existaient pas en 2010 ; et à l’inverse, elle ne fournit plus de chiffres pour certaines communes déléguées, qui existaient en 2010 mais ne sont plus recensées aujourd’hui – la commune nouvelle ayant « intégré »  leur population. C’est la raison pour laquelle sur la carte, nous avons « sorti »  les communes nouvelles et les communes déléguées, ou du moins celles qui sont prises en compte par l’Insee. De la même manière, il n’a pas de sens de compter les communes nouvelles dans le « palmarès »  des plus importantes augmentations de population : Montrevault-sur-Èvre, Souleuvre-en-Bocage ou Le Mené ont certes des augmentations de populations dépassant les 700 %, mais cela n’est pas significatif, dans la mesure où ces communes nouvelles ont absorbé la population de plusieurs communes.
Signalons par ailleurs que nous nous sommes appuyés sur les chiffres bruts de population légale de l’Insee, c’est-à-dire que nous ne faisons pas de différence entre le solde naturel et le solde migratoire.

De fortes disparités territoriales
La France métropolitaine se divise donc en deux parties d’inégale importance : 20 800 communes, entre 2010 et 2015 et hors communes nouvelles et déléguées, ont eu une évolution démographique positive, contre 13 800 qui ont vu leur population diminuer. 585 communes ont une population exactement semblable entre 2010 et 2015, et quelque 4000 communes ont connu une évolution modérée (entre -1 % et + 1 % d’habitants).
Aux extrémités du prisme, on notera que 5 400 communes ont vu leur population augmenter de plus de 10 %. 66 communes ont eu une augmentation de plus de 50 % de leur population, et 5 ont même plus que doublé. La commune qui détient le record est Urbanya, dans les Pyrénées-Orientales, avec une augmentation de 318 % - elle est passée de 11 à 46 habitants en cinq ans. En règle générale, ces très fortes augmentations se constatent dans les très petites communes, où l’installation de quelques résidences secondaires peut suffire à doubler, voire tripler le nombre d’habitants (c’est le cas d’Urbanya).
À l’autre extrémité, 2071 communes ont perdu plus de 10 % de leur population sur cette période. 127 communes ont diminué de plus 25 %, 3 de plus de 50 %. Parmi les causes expliquant ces fortes diminutions, on note qu’il s’agit souvent de la disparition de bases militaires. C’est le cas par exemple à Genvry, dans l’Oise, qui a perdu 65 % de sa population suite à la fermeture de la caserne de Noyon. La commune, qui a compté près de 1000 habitants aux beaux jours de la caserne, est retombée à 320 habitants aujourd’hui. Ou encore Haynecourt, dans le Nord, qui a vu sa population diminuer de 44 % suite à la fermeture de la base aérienne 103.


L’Ouest particulièrement dynamique
La carte fait apparaître clairement, et sans surprise, que ce sont les zones littorales et les zones frontalières qui sont les plus dynamiques ; et qu’à l’inverse, les territoires les plus sinistrés sont fortement concentrés dans le centre du pays, le nord-est et dans les zones de montagne
À l’exception notable de la côte nord de la Bretagne et de la Manche nord, toutes les zones littorales du pays voient leurs communes augmenter leur population : Bretagne sud, Vendée, littoral aquitain, Méditerranée, Corse… ces secteurs sont presque uniformément verts sur notre carte. La zone frontalière de la Suisse est également très dynamique. Le Doubs est d’ailleurs le deuxième département où l’on compte le plus de communes ayant eu un taux d’augmentation de leur population supérieur à 10 % (148 communes, juste derrière la Haute-Garonne, 164 communes).
Particulièrement dynamiques aussi sont en général les territoires du centre ouest du pays, dans un arc allant du Maine-et-Loire aux Pyrénées-Atlantiques. Dans les zones périurbaines autour de villes comme Tours, Poitiers, Angers, Nantes, Bordeaux, on trouve un grand nombre de petites communes connaissant des taux de croissance démographique supérieurs à 10 % : autour de Tours par exemple, 8 communes augmentent de plus de 15 %, et trois de presque 30 %. Même constat sur la côte des Landes ou, plus au sud, du Pays Basque, avec de très nombreuses communes approchant ou dépassant les 10 % de croissance.
À l’inverse, les villages de montagne – on le voit très nettement dans les Pyrénées, les Alpes ou en Corse, ont de grandes difficultés. En Haute-Savoie, en Isère, dans les Hautes-Pyrénées, des zones entières sont touchées par une démographie négative, ce qui n’empêche pas les mêmes départements de connaître, de façon contrastée, un réel dynamisme. La Haute-Savoie, par exemple, est à l’échelle du département l’un des plus dynamique du pays, grâce à la proximité de la Suisse ; ce qui n’empêche pas une partie du département d’être frappée par des taux de décroissance de -10 %. Même constat dans l’Isère, avec un fort dynamisme de certaines communes autour de Grenoble mais des villages qui se vident lentement en montagne.

Villes moyennes et petites : une dynamique positive
Les presque 400 villes moyennes (entre 20 000 et 100 000 habitants) affichent globalement un bon dynamisme : presque 70 % d’entre elles voient leur population augmenter. C’est Lens qui diminue le plus (-13 %), et Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne, qui augmente le plus, avec 28,8 % de croissance. Un quart de ces communes ont une croissance supérieure à 5 %.
Les presque 3 000 petites villes de la métropole (3 000 à 20 000 habitants), suivent grosso modo la même dynamique : deux tiers qui augmentent, un tiers qui diminue. Le taux d’augmentation moyen de la population des petites villes est élevé (6,4 %), tiré vers le haut par les 62 communes qui dépassent 20 % de croissance (le record étant détenu dans cette catégorie par Chanteloup-en-Brie, en Seine-et-Marne, avec 78 % de croissance). Les petites villes qui perdent des habitants, à l’inverse, le font à un taux plus modéré, en moyenne de 2,9 %.

Des grandes villes plutôt en hausse démographique
Un mot enfin sur les grandes villes. Dans la quarantaine de villes de plus de 100 000 habitants, là encore les deux tiers voient leur population augmenter, les plus dynamiques étant, dans l’ordre, Montpellier, Argenteuil, Toulouse, Nantes, Lyon et Nîmes. Toutes ces villes ont gagné plus de 6 % d’habitants entre 2010 et 2015. Douze grandes villes ont en revanche perdu des habitants, la plus durement touchée étant Limoges, avec 4 % de perte. Paris, qui a perdu 37 000 habitants en cinq ans (-1,7 %) se classe dans le bas du tableau.
Franck Lemarc

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