Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 15 janvier 2019
Europe

Le maire de Gdansk, en Pologne, figure de la tolérance, assassiné

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Le maire de la sixième ville de Pologne, Pawel Adamowicz, 56 ans, est décédé hier après avoir été poignardé dimanche lors d’une manifestation caritative publique. Cet assassinat a provoqué une immense émotion dans sa ville et dans tout le pays.
Maire de Gdansk (460 000 habitants) depuis vingt ans, Pawel Adamowicz était connu pour ses engagements humanistes et son combat pour la tolérance dans un pays où l’extrême droite violente est de plus en plus présente. Il a notamment été le pionnier d’un programme particulièrement ambitieux pour l’accueil et l’insertion des réfugiés, sous l’égide de l’Agence des nations unies pour les réfugiés (UNHCR), convaincu, disait-il, que « les maires ont un rôle important à jouer »  dans ce dossier : « Lorsque nous attirons de nouveaux talents, de nouvelles compétences, des nouvelles couleurs, de nouvelles langues – mais aussi une nouvelle façon de penser –, ce n’est pas une défaite mais une victoire », déclarait en février dernier cet humaniste.
Pawel Adamowicz avait créé dans sa ville un programme « inclusif »  permettant de faciliter l’intégration des migrants et des réfugiés, en s’appuyant sur l’idée que « tous les secteurs de la société, de l’éducation à la culture en passant par le monde du travail », doivent activement participer à l’intégration des réfugiés. Il avait mis en place un « conseil consultatif »  composé de réfugiés qui le tenaient « régulièrement informé des préoccupations »  de ceux-ci. D’autres structures avaient été mises en place sous la houlette du maire, comme des cours de polonais gratuits pour les réfugiés au sein du Centre européen de la Solidarité qu’il avait créé.
Le maire de Gdansk était également connu pour sa politique de lutte contre les discriminations homophobes.
Pawel Adamowicz était victime d’un véritable harcèlement du fait de cette politique – recevant chaque jour messages de haine et menaces. Il était confronté à l’opposition de son propre gouvernement pour sa politique en faveur des réfugiés, qui lui avait coupé un certain nombre de subventions. Le maire de Gdansk assumait pleinement les conséquences de ses choix : « C’est notre politique, notre responsabilité et notre propre prise de risques. »  Les habitants de sa ville, en tout cas, le suivaient largement dans ses choix, puisque le maire venait d’être réélu, cet automne, avec plus de 64 % des voix.
C’est lors d’une collecte de fonds pour acheter des équipements hospitaliers pour les enfants, en plein discours, que Pawel Adamowicz a été attaqué au couteau par un repris de justice de 27 ans, sortant tout juste d’une longue peine de prison. Très grièvement blessé au thorax, plusieurs opérations n’ont pas réussi à le sauver.

Émotion dans tout le pays
L’annonce de la mort du maire a été faite à Gdansk accompagnée du son de toutes les cloches de la ville. Une immense manifestation a eu lieu, hier soir, pour lui rendre hommage, à Gdansk mais aussi à Varsovie, Cracovie ou Poznan. Le président de la République polonaise, Andrzej Duda, a déclaré que le jour de ses obsèques serait proclamé jour « de deuil national »  ; le président du Conseil européen Donald Tusk, originaire de Gdansk, bouleversé, a rendu hommage cette nuit à un homme « qui s’est toujours dressé contre la haine et le mépris », « toujours là pour montrer un visage bon et courageux pour s’opposer au mal ».
En France, plusieurs personnalités se sont exprimées à la suite de cet assassinat, dont la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, qui a dit sa « forte émotion »  après le meurtre d’un homme « attaché aux valeurs de liberté et de tolérance ». L’ancienne maire de Strasbourg, Fabienne Keller, a salué « un homme de convictions, courageux, proeuropéen, défenseur des minorités et de la communauté LGBT », et la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est dite « très choquée ». Christophe Rouillon, maire de Coulaines, président de la commission Europe de l’AMF, a exprimé cette nuit sur Facebook son émotion : « Lâchement assassiné, notre collègue du European committee of the regions était un humaniste pro-européen, qui défendait les droits de la minorité juive et des personnes LGBTI. La population polonaise est descendue massivement dans les rues de sa ville pour exprimer sa tristesse et le remercier de ses vingt ans de mandat. » 
Franck Lemarc

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