Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 10 mai 2021
Europe

Conférence sur l'avenir de l'Europe : les élus locaux invités à organiser des « consultations citoyennes »

Emmanuel Macron et les dirigeants européens ont lancé, hier à Strasbourg (Bas-Rhin), la Conférence sur l'avenir de l'Europe, une vaste consultation citoyenne censée « renforcer la légitimité démocratique » de l'Union européenne.

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Une version européenne du grand débat national et de la Convention citoyenne pour le climat ? Emmanuel Macron et les dirigeants de l’Union européenne (David Sassoli, président du Parlement européen, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne) ont donné, hier à Strasbourg (Bas-Rhin), le coup d’envoi de la Conférence sur l’avenir de l’Europe afin, entre autres, de « renforcer sa légitimité démocratique ». Cette vaste consultation citoyenne doit donner aux citoyens des 27 États membres la possibilité d’exprimer, via la plateforme en ligne baptisée « L’avenir est entre vos mains » , ce qu’ils attendent précisément de l’UE. 
En France, des « consultations citoyennes », organisées en région au mois de septembre, ainsi qu’une « consultation spécifique à destination des jeunes Français »  complèteront le dispositif. Leurs conclusions en matière de transitions énergétique et numérique, des frontières, de la santé seront rendues au moment où la France exercera la présidence tournante de l’UE (1er janvier - 30 juin 2022). Un calendrier qui tombe à point nommé pour le très européen Emmanuel Macron, à l’initiative de cette consultation, dans la perspective de la présidentielle 2022. Hier, le président français a d'ailleurs rappelé son attachement à l'Europe et défendu le « modèle européen »  face à la pandémie de covid-19, alors que l'UE a été vivement critiquée pour sa gestion de la crise sanitaire. 

Un conseiller aux affaires européennes dans chaque conseil municipal ?

Le Comité européen des régions (CdR), partie prenante de la consultation, a adressé, dans ce contexte, une lettre ouverte au million de responsables politiques élus aux niveaux régional et local. Celle-ci appelle les dirigeants locaux et régionaux à « organiser des dialogues dans leur région, villes et villages comme contribution à la Conférence »  et à « nommer dans leur assemblée politique un conseiller aux affaires européennes ». « La conférence ne peut fonctionner que si elle va au-delà de Bruxelles et des capitales. Les autorités locales et régionales sont les meilleures alliées que l'Union puisse avoir pour faire de la Conférence un succès », a insisté le président du CdR, Apostolos Tzitzikostas. 
« Pour consolider une Union européenne agissant au service des citoyens, il faut associer plus encore les maires et présidents d’intercommunalités dans l’élaboration des textes qui les concernent, directement ou indirectement, a abondé dans son sens le président de l’AMF, François Baroin. Il s’agit de permettre également une meilleure appropriation des politiques régionales et agricoles communes par tous les territoires et pour tous les territoires. » « Nous devons aussi veiller à ce que les fonds de l’Union européenne soient utilisés à bon escient pour contribuer à la relance dans les territoires et être pleinement associés à la conception et à la mise en oeuvre du plan de relance européen dont la France bénéficiera à hauteur de 40 milliards d'euros. Notre contribution est essentielle pour façonner des politiques à même d’accompagner les transformations fondamentales auxquelles nos sociétés doivent faire face » , ajoutent, dans une tribune publiée ce matin, Territoires unis (AMF, ADF et Régions de France) et le CdR.
La principale inconnue, souligne l’AFP, demeure la participation des citoyens au débat, après une précédente consultation en 2018 qui s'était perdue dans les limbes et une initiative du même ordre en 2002 qui avait accouché du projet de Constitution européenne anéanti par le « non »  des référendums français et néerlandais. Ce matin, la plateforme en ligne recensait près de 10 000 participants et 2 230 idées déposées.

« Renforcer la dimension européenne de Strasbourg » 

Les élus locaux ont aussi été invités hier à rejoindre le réseau de conseillers régionaux et locaux de l'UE porté par le CdR, qui lancera mercredi, une coopération avec la Fondation Bertelsmann « afin de faire entendre la voix des villes et des régions tout au long de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ». Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et présidente de l’Eurométropole, où se situe le siège du Parlement européen, promet de s’impliquer dans cette initiative : « Strasbourg fera connaître et vivre la Conférence auprès de ses habitants, contribuant ainsi au renforcement des liens entre les institutions européennes, la ville et les citoyens. »  
Au même moment, un contrat triennal 2021-2023 était signé avec les collectivités territoriales pour « renforcer la dimension européenne de Strasbourg ». « Ce contrat, resserré autour des enjeux d’accessibilité et de rayonnement de Strasbourg, vise à renforcer le statut européen de la ville. À ce titre, la ville de Strasbourg s’engage à mobiliser plus de 72 millions d’euros et l’Eurométropole plus de 35 millions d’euros, la région Grand-Est et la Collectivité européenne d’Alsace chacune plus de 14 millions d’euros, sur trois ans. L’engagement des collectivités territoriales représente plus de 70 % du contrat triennal, dont le montant total est de 189 millions d’euros, écrivaient de concert en avril, au moment où le contrat triennal a été acté, Jeanne Barseghian, Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace, et Jean Rottner, président de la région Grand-Est.
Les trois élus, rejoints depuis par l'ensemble des maires et des présidents d'intercommunalité de France, se mobilisent, par ailleurs, pour un retour des sessions du Parlement européen à Strasbourg. La capitale alsacienne a, en effet, été désertée au profit de Bruxelles par les eurodéputés depuis l'explosion de l'épidémie. Sans avancer de date précise, David Sassoli a assuré « ne pas dout(er) que le Parlement européen pourra revenir très bientôt à Strasbourg ». Emmanuel Macron souhaiterait, quant à lui, que la session plénière de juin soit l'occasion d'un retour des parlementaires à Strasbourg.

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