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Édition du mercredi 19 juin 2024
Environnement

La pollution de l'air a fait plus de 8 millions de morts dans le monde en 2021

Une étude réalisée par un institut de recherches américain en collaboration avec l'Unicef dresse un bilan dramatique des conséquences de la pollution atmosphérique, devenue la deuxième cause de mortalité dans le monde, devant le tabac et la mauvaise alimentation. 

Par Franck Lemarc

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© Unicef

Les polluants présents dans l’air que nous respirons (particules fines, ozone et dioxyde d’azote) ont été à l’origine de 8,1 millions de décès en 2021, selon le Health Effects Institute de Boston (États-Unis), un « institut de recherche indépendant à but non lucratif ». L’étude, menée en coopération avec l’Unicef, s’appuie sur des données de mortalité issues de quelque 200 pays. Elle établit que « pratiquement tous les habitants de la planète respirent chaque jour des niveaux de pollution atmosphérique nocifs, avec des répercussions considérables sur la santé ». 

Particules fines

Le principal facteur de mortalité serait la présence de particules fines PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 micromètres), responsables selon l’étude de 90 % des décès. Ces particules sont « si petites qu'elles restent dans les poumons et peuvent pénétrer dans la circulation sanguine, affectant de nombreux systèmes organiques et augmentant les risques de maladies non transmissibles chez les adultes, telles que les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, le cancer du poumon et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ». 

Rappelons que les PM2,5 sont principalement issues de la combustion de combustibles fossiles, et peuvent être émises par des vecteurs aussi variés que la cuisson des aliments, les centrales à charbon, les automobiles, l’industrie ou les feux de forêt. 

Quant à l’exposition à l’ozone, elle aurait provoqué près de 500 000 décès. L’impact du NO2 (dioxyde d’azote) est également estimé, avec des conséquences particulièrement sensibles dans les grandes métropoles, ce gaz étant essentiellement émis par les gaz d’échappement. 

2000 enfants qui meurent chaque jour

Le rapport fait un focus sur les conséquences de la pollution de l’air sur les enfants. Les enfants en bas âge (moins de cinq ans) sont en effet particulièrement exposés : l’exposition à la pollution de l’air serait responsable de quelque 700 000 décès dans cette classe d’âge, sans compter les naissances prématurées, « insuffisance pondérale à la naissance », asthme qu’elle provoque sans forcément provoquer le décès. 

« Les enfants sont particulièrement vulnérables à la pollution de l'air et les dommages causés par cette dernière peuvent apparaître dès la grossesse, avec des effets sur la santé qui peuvent perdurer tout au long de la vie. Par exemple, les enfants inhalent plus d'air par kilogramme de poids corporel et absorbent plus de polluants que les adultes, alors que leurs poumons, leur corps et leur cerveau sont encore en développement » , notent les auteurs du rapport. 

Selon ceux-ci, 2000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour à cause des effets de la pollution atmosphérique, avec des inégalités très marquées selon le niveau de pauvreté : « Le taux de mortalité lié à la pollution de l'air chez les enfants de moins de cinq ans en Afrique de l'Est, de l'Ouest, centrale et australe est 100 fois plus élevé que celui de leurs homologues dans les pays à revenu élevés » , selon le rapport. 

Des progrès, insuffisants

Seul point positif du rapport : certains de ces chiffres sont en baisse. Depuis 2000, notamment, le taux de mortalité des enfants du fait de la pollution aurait diminué de moitié, en particulier du fait de l’élargissement de l’accès à une énergie propre pour la cuisine. Un certain nombre de pays « prennent enfin le problème à bras-le-corps » , estiment les chercheurs, avec par exemple « la mise en œuvre de politiques plus strictes en matière de qualité de l’air (…) ou de transports ». 

Mais en conclusion, les chercheurs jugent que « nous pouvons et devons faire plus pour que la pollution atmosphérique ne figure plus en haut de la liste des risques sanitaires qui menacent la vie de millions d'individus. »  Chez les adultes, la pollution est désormais la deuxième cause de mortalité après l’hypertension artérielle ; chez les enfants, c’est également la deuxième cause de mortalité, après la malnutrition. 

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