Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 4 décembre 2019
Ecole

Enquête Pisa : le système éducatif français toujours très inégalitaire

L’enquête Pisa sur le niveau scolaire au sein des pays de l’OCDE a été publiée hier. Avec à la clé, comme chaque année, une constante : la France reste un pays extrêmement inégalitaire en termes de résultats scolaires, et où l’origine sociale des élèves pèse plus profondément qu’ailleurs sur les résultats.
Avec 600 000 élèves de 15 ans interrogés dans 79 pays, l’enquête Pisa est la plus approfondie du genre. Elle s’appuie sur trois items (compétences à l’écrit, en mathématiques et en sciences) pour établir un score, en points, pour chaque pays, permettant ainsi toutes sortes de comparaisons.

Des résultats globalement corrects
En compréhension de l’écrit autant qu’en mathématiques, les élèves français se classent plutôt bien, avec un score au-dessus de la moyenne de l’OCDE. En lecture, le score moyen à l’échelle de tous les pays interrogés est de 487. La France est légèrement au-dessus (493), mais elle reste assez loin derrière le peloton de tête. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, les pays ou régions qui obtiennent les meilleurs scores se situent en Asie (Singapour, Macao, Hong-Kong, Corée du sud). Le Canada et l’Estonie sortent également du lot avec des scores supérieurs à 520.
En sciences et mathématiques, les scores français sont également honorables, sans toutefois, là encore, atteindre ceux des pays les plus performants. 
Ces résultats sont relativement stables depuis plusieurs années (légère baisse pour la lecture et les sciences, légère hausse pour les mathématiques). C’est au début des années 2000 que les résultats de la France avaient connu la plus forte baisse, avant une stabilisation : en lecture, la France est passée d’un score de 505 à 488 entre 2000 et 2006 ; en mathématiques, de 511 à 496. Ce « fort décrochage »  a certes été enrayé, comme le notait hier le ministère de l’Éducation nationale, mais le pays n’est jamais revenu aux meilleurs scores des années 1990. Le niveau s’est stabilisé, certes, mais à un niveau bas.

Des inégalités toujours criantes
C’est sur le terrain des inégalités sociales entre élèves que la situation reste la plus préoccupante : alors que l’écart de points entre les élèves venant des milieux les plus riches et ceux des milieux les plus défavorisés est, en moyenne, de 88 dans l’OCDE, il est de 107 en France. Cela fait de la France un des pays les plus inégalitaires de l’OCDE, avec l’Allemagne et le Luxembourg. À l’autre bout de l’échelle, on trouve un pays comme l’Estonie, où l’écart de résultats entre les plus riches et les plus pauvres n’est que de 60 points – et avec des scores bien meilleurs que ceux de la France dans tous les domaines. 
Selon l’OCDE, l’une des causes essentielles de ces inégalités en France est le manque de mixité sociale dans les établissements : les élèves venant de milieux pauvres ne fréquentent pas les mêmes établissements que ceux des milieux riches, et un élève de milieu défavorisé n’a « qu’une chance sur six de fréquenter le même lycée »  qu’un élève de milieu plus riche. 
Du côté du ministère de l’Éducation nationale en tout cas, on juge que ces résultats « confortent »  la politique engagée depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron aux affaires : « L’enquête note que les pays qui ont le plus progressé ont agi à la fois sur l’organisation de leur système scolaire et sur les méthodes pédagogiques », peut-on lire dans un communiqué de Jean-Michel Blanquer, qui se félicite de la politique « d’élévation du niveau et de justice sociale »  déployée par son ministère : « Afin d’attaquer à la racine la difficulté scolaire, la priorité a été mise sur l’école primaire : instruction à 3 ans, dédoublement des classes de CP et de CE1 en zone d’éducation prioritaire au profit de 300 000 élèves, dédoublement à venir des grandes sections de maternelle en zone d’éducation prioritaire, 8 000 postes créés depuis 2017, évaluations nationales pour permettre aux professeurs de mieux répondre aux besoins des élèves, renforcement des méthodes de lecture et de mathématiques, transformation de la formation continue des professeurs. » 
Les enquêtes Pisa des années à venir montreront si cette politique aura réellement permis, ou non, « d’attaquer à la racine »  les inégalités dans l’accès au savoir.

F.L.

Télécharger l’enquête Pisa 2019. 


 

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