Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 31 janvier 2024
Social

En grande difficulté, les centres sociaux appellent leurs partenaires à repenser le modèle économique

Ce mercredi 31 janvier, les centres sociaux manifestent leur ras-le-bol. Une autre manifestation est prévue le 7 mars, date à laquelle tous les partenaires des centres sociaux sont invités à mettre carte sur table pour assurer l'avenir de ces structures sociales et d'éducation populaire, souvent le dernier maillon social dans les territoires.

Par Emmanuelle Stroesser

Le mouvement de protestation des centres sociaux sera moins visible ce mercredi que celui des agriculteurs arrivant aux portes de Paris, il n'en sera pas moins général, touchant tous les départements, et un très grand nombre de communes ; à l'image du réseau des 2 000 centres sociaux, largement disséminés dans les villes et villages de France. En tissu urbain ou rural, c'est parfois le seul lieu de rencontre encore vivant. 

La forme et la manière de manifester des centres sera à l'image de leur histoire, misant sur le dialogue et les échanges avec café-débats, animations, conférences de presse locales, etc. Si la manière est plus douce, la colère n'est pas moins forte. Certains resteront d'ailleurs porte close, pour marquer plus franchement leur ras-le-bol.

« Nous sommes au bout du bout », explique à Maire info le président de la fédération des centres sociaux, Tarik Touahria. « C'est un peu tard de penser à nous quand il y a une émeute, nous travaillons sur le temps long, et nous avons besoin d'être épaulés sur la durée » 

Les moyens financiers des centres sociaux apparaissent pourtant plutôt stables, mais cette stabilité ne suffit pas : « en euros constants, on constate effectivement une stabilité, mais les partenaires n'ont pas – dans leur ensemble – appliqué la hausse de l'inflation pour cette année 2024 » . Hormis la Cnaf (1), les subventions des autres partenaires, dont les collectivités, n'ont pas bougé, voire ont baissé. Les résultats d'une enquête flash que vient de mener la fédération auprès de ses adhérents (près de 1 500 centres sur les 2 000 existants) permettent d'être plus précis : la moitié (51 %) des centres ades financements stables, un quart (25 %) est en baisse, un autre quart (24 %) est en hausse. 
 
« Or nous devons aussi assumer une revalorisation des salaires, qui devenait plus que nécessaire car nous n'arrivons plus non plus à recruter directeurs, animateurs, référents famille, etc. faute d'attractivité », ajoute Tarik Touahria. C'est d'ailleurs cette revalorisation (négociée par un accord de révision de la convention collective des centres sociaux) qui a fait « déborder le vase » . (2) La « goutte d'eau »  qui va faire basculer en déficit de nombreux centres sociaux, assure le président. « Cela fait des années que l'on bricole tant bien que mal. La survie de certains centres sociaux, fragiles économiquement, va les obliger à choisir entre des licenciements économiques, la réduction de l'offre d'activités, ou encore réduire les horaires d'ouvertures, voire augmenter les tarifs de certains ateliers » . Autant de choix « à défaut »  qui pourraient conduire certains jusqu'à la fermeture, alerte la fédération.

Enfin, ces contraintes budgétaires se combinent à une hausse des demandes et besoins sociaux observée par les centres sociaux. « De plus en plus de gens ont des besoins sociaux de nature diverse. Mais ce que l'on peut leur offrir dépend de nos moyens financiers », souligne Tarik Touahria.

Invitation à une table ronde le 7 mars 

« Nous avons besoin de repenser le modèle économique des centres sociaux », relance-t-il. Ce sera le deuxième temps de la mobilisation des centres sociaux. Leur fédération invite les partenaires financiers « et co responsables de la cohésion sociale »  – collectivités locales, CAF, État – à se réunir autour d'une table, le 7 mars, au Conseil économique, social et environnemental (CESE), à Paris. « Nous voulons discuter d'un modèle pérenne, avec des engagements de chacun à travailler dans une forme de coopération sur la durée », précise-t-il. Les invitations ont été lancées la semaine dernière. La semaine prochaine, la fédération a d'ores et déjà rendez-vous à l'AMF (avec son vice-président André Laignel). 

Voilà donc pour la solution à long terme. À plus court terme, les centres sociaux demandent un fonds d'urgence de 65 millions d'euros, pour assumer l'augmentation de la masse salariale. La demande s'adresse cette fois à l'État. Reste à savoir quel interlocuteur au gouvernement sera en charge d'y répondre. Pour l'heure, aucun n'est formellement désigné. 

(1) La CNAF a revalorisé la prestation de service à l'occasion de la convention d'objectifs et de gestion signée avec l’État pour 2023-2027.
(2) cette revalorisation touche aussi les centres sociaux municipaux chargés d'appliquer la hausse du point d'indice.

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