Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 13 juin 2008
Emploi

Mesure du chômage: un rapport propose de créer une batterie de nouveaux indicateurs

Un rapport du Conseil national de l'information statistique (CNIS) préconise de progresser encore dans la mesure du chômage, en créant une batterie de nouveaux indicateurs comme le taux d'emploi à temps plein ou le taux d'emploi «insatisfaisant» (nombre de personnes en emploi souhaitant un autre emploi). Les 30 propositions de ce rapport, doté «d'un assez large consensus» et «de chances raisonnables d'application» selon ses auteurs, font suite à l'intense polémique suscitée par les chiffres du chômage avant la présidentielle de 2007. Le CNIS, installé à Bercy, est chargé de la concertation entre producteurs et utilisateurs des statistiques publiques. Le rapport, également remis à la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, est le fruit d'un groupe de travail créé il y un an par le CNIS auquel a été associé le collectif Les Autres chiffres du chômage (ACDC). Héraut de la contestation, ACDC a obtenu en partie gain de cause, même si le collectif juge le rapport «insuffisamment innovant» et pas assez sévère sur la valse méthodologique affectant les indicateurs Insee. Depuis septembre, l'Insee ne publie plus d'estimation mensuelle du taux de chômage dans la population active, comme elle le faisait auparavant en se fondant sur des données ANPE qui surestimaient la baisse du chômage. En outre, depuis décembre, l'Insee a complété sa publication trimestrielle avec des indicateurs livrant une photographie du marché du travail qui tient compte des personnes ayant un pied dans l'emploi, un autre dans le chômage. L'Insee publie ainsi le nombre de personnes au chômage ou dans une situation proche du chômage (2,64 millions au 1er trimestre 2008) et le taux de sous-emploi, c'est-à-dire les personnes contraintes au temps partiel ou au chômage technique. «On peut encore faire des progrès importants», a souligné lors d'un point de presse Jean-Baptiste de Foucauld, président du groupe de travail et, depuis peu, administrateur du nouveau service de l'emploi qui remplacera l'ANPE après sa fusion avec les Assedic en 2009. «Le boulot d'un bon système d'indicateurs est de représenter la réalité, y compris ses défauts. Ce n'est pas une machine de guerre pour dire que tout va mal, mais cela va élever le niveau d'exigence des politiques publiques», a-t-il dit. Etre capable de mesurer la partie des chômeurs empêchés de reprendre un emploi n'est pas une simple coquetterie de statisticien, mais permet par exemple de savoir combien de personnes reprendraient un emploi s'il y avait une crèche à proximité pour garder leur enfant, a-t-il expliqué en substance. Le rapport est ainsi intitulé «Emploi, chômage, précarité. Mieux mesurer pour mieux débattre et mieux agir». A l'adresse des professionnels des médias et des politiques, il souligne que la focalisation sur un indicateur unique, le chiffre mensuel de l'ANPE, «qui n'est pas une mesure du chômage», «risque d'altérer la conduite des politiques de l'emploi». Il propose d'«ajouter de nouveaux indicateurs globaux» comme le taux de chômage des personnes handicapées, le taux d'emploi à temps plein et à temps partiel (actuellement il suffit de travailler une heure pour être considéré en emploi), un indicateur de l'ancienneté et de la récurrence dans le chômage (nombre et durée cumulées des périodes de chômage au cours des deux ans passés). Il souhaite aussi disposer, «au moins chaque année», d'un indicateur du «taux d'emploi insatisfaisant» (personnes en emploi qui en souhaitent un autre), une notion qui, selon ACDC, «élude la question de l'emploi inadéquat».

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