Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 29 janvier 2020
Elections municipales

« Fake news », « fact-checking », faux comptes... La stratégie de Facebook pour « protéger l'intégrité » des municipales

Les failles de Facebook mises en lumière lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, marquée par la diffusion massive de fausses informations et l’interférence russe, ont, semble-t-il, laissé des traces. Le réseau social à l’influence considérable (28 millions de visiteurs uniques en France en septembre 2019, selon Médiamétrie) a, depuis, « beaucoup appris et investi tant en moyens humains que technologiques », assure Anton Battesti, responsable des affaires publiques de Facebook France. Qui dévoilait, hier devant la presse, sa stratégie pour « protéger l’intégrité »  des élections et en premier lieu des municipales des 15 et 22 mars 2020. Des dates que Facebook montre, depuis hier, dans le fil d’actualité des utilisateurs français de plus de 18 ans via « un module d’information qui leur rappellera [également] la date limite, fixée au 7 février 2020, pour s’inscrire sur les listes électorales et ainsi participer à ce scrutin ».

À lire aussi dans Maires de France (Janvier 2020) : "Municipales 2020 : quel est l'impact des réseaux sociaux ?"

« Une lutte féroce contre les fake news » 
Le premier volet de cette stratégie est la lutte « féroce »  contre les fake news. Facebook a constitué un « pool »  de médias partenaires (55 dans le monde), chargés de vérifier la véracité d’informations « aux sources douteuses »  signalées par les utilisateurs ou repérées par les systèmes d’intelligence artificielle. « En France, Facebook travaille avec 20 Minutes, l’Agence France Presse (AFP), CheckNews de Libération, Les Décodeurs du Monde et Les Observateurs de France 24 ».
Si l'information est considérée comme fausse ou trompeuse par les fact-checkers, « sa visibilité sera alors réduite [de 80 % en moyenne, ndrl] par Facebook », explique Élisa Borry, responsable des relations avec les institutions politiques et gouvernementales à Facebook France. « Nous fournissons également aux utilisateurs des liens vers des « articles connexes »  où ils peuvent comprendre pourquoi ces articles ont été déterminés comme faux ou partiellement faux par nos partenaires. » 
Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun média local ne travaille avec Facebook pour ces élections municipales. « Facebook fait remonter aux fact-checkers les contenus les plus viraux [les plus partagés par les utilisateurs, ndlr] », répond simplement Élisa Borry. Il y a donc peu de chance qu’une « fake news », qui concernerait un scrutin organisé dans une commune de 500 habitants, soit repérée. « On ne pourra pas régler les problèmes de mensonges dans les 35 000 communes », en convient Anton Battesti. Qui ajoute que Facebook « retire les contenus visant à tromper les utilisateurs sur la date ou le lieu du scrutin (par exemple : « les gens de gauche votent à telle date et les gens de droite à telle autre » ) ». Aux-États-Unis, 45 000 contenus du genre ont été supprimés par le réseau social, au cours des élections de mi-mandat en 2018 (midterms).

Supprimer les faux comptes
L’un des vecteurs de diffusion des fausses informations, selon Élisa Borry, est le « faux compte ». Des faux comptes sont créés quotidiennement sur le réseau social. À tel point qu’au cours des trois premiers trimestres de 2019, « nous avons ainsi supprimé plus de 5,4 milliards de faux comptes de notre plateforme à travers le monde ». 
Plus de 99,7% des faux comptes supprimés - parfois quelques minutes après leur création - « sont détectés proactivement par nos systèmes, avant même tout signalement de la part de nos utilisateurs », poursuit Anton Battesti, persuadé qu’avec l’intelligence artificielle, « créer simultanément 10 000 comptes sur Facebook est plus difficile aujourd’hui ». 

Transparence sur les publicités politiques
Facebook a, enfin, tiré des enseignements de l’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine de 2016. En France, les candidats aux élections municipales n’ont pas le droit de sponsoriser moyennant de l’argent leurs publications sur Facebook depuis le 1er septembre 2019 mais des « publicités portant sur un enjeu social, électoral ou politique »  dont sont à l'origine les organisations non-gouvernementales (ONG) ou les think tank, sont, elles, bien possibles.
Ainsi, « quiconque souhaite diffuser des publicités portant sur un enjeu social, électoral ou politique doit passer au travers d’un processus de vérification pour prouver son identité et qu’il est bien établi dans le pays où il souhaite diffuser les publicités en question »  et « chaque publicité portant sur un enjeu social, électoral ou politique doit comprendre un avertissement spécifique, afin que les utilisateurs puissent voir qui l’a financée ». Facebook a, en effet, lancé en mars 2019 en France, une bibliothèque publicitaire recensant l’intégralité des « publicités actuellement diffusées sur les produits Facebook, y compris Instagram », dont celles liées à la politique ou aux débats d’intérêt général. On peut y faire une recherche par annonceur et par période (dernière semaine, dernier mois, 90 derniers jours, toutes les dates), voir les montants dépensés, ou faire des recherches par mots-clés. Des informations qui resteront en ligne pendant sept ans. 

À Paris, Ludovic Galtier

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