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Édition du lundi 11 octobre 2021
Éducation

L'Andev alarme sur la pénurie d'animateurs au sein des accueils périscolaires et des écoles en France

Un mois après la rentrée scolaire, l'Andev (Association nationale des directeurs et cadres de l'éducation des villes et collectivités territoriales) s'inquiète du manque d'animateurs en milieux périscolaires et dans les écoles françaises. Un problème structurel existant depuis déjà plusieurs années, mais accentué par les effets de la crise sanitaire.

Par Jeanne Bastelica

« En 2018, une étude (1) avait révélé qu’un quart des communes françaises se disaient déjà concernées par le problème », remarque Delphine Labails, maire de Périgueux et co-présidente de la commission éducation de l’AMF. Mais la crise sanitaire est venue aggraver la situation, au même titre que pour d’autres métiers en tension comme l’hôtellerie qui connaît actuellement de grandes difficultés de recrutement. 

Avec la fin de la crise sanitaire et des confinements s’effectue le retour (ou l’arrivée) d’un nombre d’enfants important au sein de ces structures, tandis que les effectifs d’animateurs continuent de baisser : « Les communes ont peu recruté ces deux dernières années étant donné qu’il n’y avait pas ou peu d’enfants concernés », analyse l’élue. Mais le retour sur site des parents et la rentrée scolaire en présentiel changent la donne : d’après l’Andev, certaines communes accusent jusqu’à 37 % de déficit au niveau des effectifs. Quand la jauge réglementaire prévoit normalement un animateur pour quatorze à dix-huit élèves pour les accueils de loisirs sans hébergement ayant un projet éducatif territorial (PEDT), certaines structures se retrouvent avec un animateur pour vingt-cinq à trente élèves. « La qualité éducative de ces temps en est remise en cause », remarque par ailleurs Rozenn Merrien, présidente de l’Andev. Ces manques sont d’autant plus accentués en milieu rural, où les remplacements se font plus difficilement qu’en milieu urbain en raison d’une pénurie criante de candidats aux postes. 

Une profession nouvelle 

Le métier d’animateur, créé il y a seulement vingt-cinq ans (en 1997), jouit encore d’une reconnaissance insuffisante. D’après Rozenn Merrien, « on considère que c’est avant tout un job étudiant, alors que certaines personnes font réellement carrière dans le milieu ». La faute, aussi, à une formation insuffisante ou balbutiante, avec finalement peu de diplômes existants et reconnus en dehors des diplômes non professionnalisants (BAFA, BASE, BAFD…). Dans ce sens, le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a lancé l’an dernier une formation en bac professionnel spécialement dédiée : un bon début, mais qui reste insuffisant. 

Au-delà de la question de la formation se pose celle de la qualification : les collectivités locales ne sont autorisées à embaucher que 20 % maximum d’animateurs dits « non qualifiés », à savoir qui ne sont pas diplômés d’une formation reconnue. « Ce qui ne signifie absolument pas qu’ils sont moins compétents, car ils disposent parfois de plus d’expérience », précise Delphine Labails. 

Appel à la concertation

La pénurie d’animateurs s’explique également par la vision que renvoie cette profession, insuffisamment valorisée car précaire, morcelée, difficilement compatible avec une vie de famille ou une réelle carrière : horaires contraignants (démarrage tôt, grandes coupures pendant la journée…), contrats inégaux (dix-sept heures par-ci, vacations de quelques jours par-là…), titularisation tardive qui aboutissent à un turn-over élevé. 

Les premières à pouvoir agir et endiguer le phénomène sont les collectivités, premier employeur d’animateurs en milieux périscolaires, notamment en renforçant les conditions de travail et la qualité de ces emplois, indispensable pour favoriser le recrutement et le développement du secteur. « Les collectivités agissent déjà dans ce sens mais sont peu aidées. L’État doit prendre ses responsabilités, notamment en mettant en place un plan de communication qui favorise la reconnaissance et le développement des formations initiales », appuie Rozenn Merrien. Néanmoins, l’amélioration des contrats dépend aussi des possibilités communes elles-mêmes : si des contrats des 35 heures existent dans certaines villes – comme à Périgueux –, ce n’est évidemment pas le cas partout. De nombreux animateurs sont donc contraints de s’engager sur plusieurs contrats simultanés pour pouvoir toucher un salaire complet. 

Rappelant que ces metiers de l’animation sont devenus indispensables au fonctionnement même de l’école, l’Andev appelle a une réflexion globale avec l’ensemble des partenaires concernés. Elle sollicite en particulier le ministère de l’Éducation nationale pour la mise en œuvre urgente d’une concertation sur le sujet.

(1) Enquête de l'AMF sur les temps périscolaires, novembre 2018.

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