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Édition du jeudi 5 janvier 2023
Démographie

La croissance de la population française continue de ralentir, notamment en milieu rural

Si presque toutes les régions observent un ralentissement de leur croissance démographique, une vingtaine de départements ont vu leur nombre d'habitants diminuer depuis 2014. Dans les villes, la population a augmenté plus vite que dans les campagnes, alors que c'était l'inverse entre 2009 et 2014.

Par A.W.

La population française est restée stable, entre 2014 et 2020, dans les Hauts-de-France, le Grand Est, en Normandie, en Centre-Val-de-Loire et en Bourgogne-Franche-Comté, alors qu’elle baissait en Martinique et en Guadeloupe et qu'elle continuait de croître dans les autres régions.

Globalement, si la population française a continué de progresser, cette progression s’est ralentie dans presque toutes les régions en raison d'un « solde naturel »  - c’est-à-dire la différence entre le nombre de morts et le nombre de naissances - moins important qu’auparavant, selon les derniers chiffres de l’Insee, publiés il y a quelques jours, portant sur l’année 2020 et constituant les populations légales prises en compte au 1er janvier 2023.

Croissance de 0,3 % par an 

Résultat, au 1er janvier 2020, la France a franchi la barre des 67 millions d’habitants avec un peu plus de 67,16 millions d'habitants (hors Mayotte), soit une croissance moyenne de 0,3 % par an depuis 2014, contre 0,5 % durant la période quinquennale précédente, selon l’Institut. Une croissance qui représente, toutefois, encore près de 210 000 habitants supplémentaires chaque année, soit « l’équivalent de la commune de Rennes », et dont la dynamique reste, comme par le passé, davantage tirée par le solde naturel que par le solde migratoire apparent (+ 0,1 % de personnes qui sont entrées sur le territoire par rapport au nombre de personnes qui en sont sorties).

Dans le détail, la croissance démographique a ralenti dans toutes les régions du pays par rapport à la période 2009-2014, à l’exception de la Provence-Alpes-Côte d’Azur dont le taux s’est maintenu à l’identique (+0,4 %).

Façade atlantique et sud du pays plus dynamiques

Malgré ce ralentissement, neuf régions ont vu leur population augmenter de plus de 0,4 %, dont la Guyane (+ 2,1 %), la Corse (+ 1 %), l'Occitanie (+ 0,7 %), les Pays de la Loire (+ 0,6 %), Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne (+ 0,5 % chacune). 

D’autres sont quasiment stables, comme le Centre-Val de Loire, les Hauts-de-France, le Grand-Est, ainsi que la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté, ces deux dernières voyant leur population légèrement reculée à hauteur de 0,1 %.

À l’inverse, la population baisse en Martinique (- 1 %) et en Guadeloupe (- 0,7 %), sous l’effet de soldes migratoires apparents particulièrement négatifs, respectivement de - 1,2 % et - 1 %. Un phénomène que l’on retrouve également en Île-de-France, en Guyane et à La Réunion, régions où la population a continué de croître grâce à des soldes naturels particulièrement élevés.

Pour ce qui est des départements, la population a baissé à un rythme moyen d’au moins 0,2 % par an dans 21 d’entre eux, pour l’essentiel localisés dans le quart nord est, le centre et le Massif central. Les plus touchés ont été la Martinique (- 1 %), la Nièvre (- 0,9 %), la Meuse et la Haute-Marne (- 0,8 %), ces trois derniers cumulant déficits naturel et migratoire apparent.

À l’inverse, « les fortes croissances démographiques se concentrent dans un nombre plus restreint de départements qu’auparavant, autour de Paris, le long de la façade atlantique, dans le Sud et dans le couloir rhodanien », expliquent les auteurs de l’étude. La population dans les deux départements de Corse, en Haute-Savoie, Gironde, Loire-Atlantique, Haute-Garonne, Hérault et Guyane ont ainsi augmenté de 1 % ou plus en moyenne par an entre 2014 et 2020, en raison notamment d’un excédent migratoire « élevé »  (à l’exception de la Guyane).

La population urbaine progresse davantage

Les villes ont, quant à elles, globalement continué d’attirer, avec une croissance démographique qui a été plus élevée que dans les campagnes, alors que c’était l’inverse entre 2009 et 2014.

Ainsi, entre 2014 et 2020, la population a augmenté « deux fois plus rapidement »  dans l'espace urbain dans son ensemble (+ 0,4 % en moyenne par an) que dans l'espace rural (+ 0,2 %). En comparaison, la population rurale avait connu une hausse de 0,6 % durant la période quinquennale précédente.

Reste « une forte hétérogénéité spatiale ». La croissance est ainsi en moyenne la plus soutenue dans les ceintures urbaines (+ 0,6 % par an) en raison des soldes naturel et migratoire apparent positifs, suivies par les grands centres urbains (+ 0,4 %) et les petites villes (+ 0,3 %).

« La moindre croissance de la population rurale s’explique par un solde naturel plus faible qu’en milieu urbain », observe l’Insee, qui constate que la population a diminué au rythme de 0,3 % par an dans les communes à habitat très dispersé, mais a augmenté dans les bourgs ruraux (+ 0,3 %), où « la croissance démographique est portée par le solde migratoire apparent qui compense le déficit naturel ». 

Populations municipales et intercommunales 

Pour obtenir la population légale des communes une à une, l’Insee a mis en place un outil spécifique. L’Institut propose également de visualiser les données de différentes échelles géographiques (intercommunalité, bassin de vie, arrondissement, aire d’attraction, zone d’emploi...) sur la période 2014-2020 via une cartographie interactive.  

On peut rappeler que ces chiffres de population légale, publiés chaque année par décret, sont cruciaux pour les communes puisqu’ils déterminent le montant de la DGF (dotation globale de fonctionnement). Par ailleurs, de très nombreuses règles fixées par la loi ou les décrets dépendent de seuils de population (plus ou moins de 1 000, 3 500 habitants…), dans des domaines aussi variés que le droit électoral, l’urbanisme, les obligations en matière de plans climat-air-énergie…

Point important, l’Insee souligne que « les résultats des recensements rénovés ne se comparent correctement entre eux que sur des périodes espacées d’au moins 5 ans »  (comme celle de 2009 -2014 utilisée ici). Pour une période plus courte, l’Institut conseille donc « vivement »  de « ne pas comparer deux recensements ».

A noter également que, en raison du report en 2022 de l’enquête annuelle de recensement prévue en 2021 dû à la situation sanitaire de l’époque, les résultats du millésime 2020 du recensement doivent être comparés avec ceux de millésimes antérieurs distants d’au moins six ans. « Pour toutes les communes de moins de 10 000 habitants, il y aura donc dorénavant (pendant cinq ans) un intervalle entre deux collectes de recensement de six ans au lieu de cinq habituellement », préviennent les auteurs de l’étude.
 

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