Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 15 novembre 2013
Délinquance

Pyrénées-Orientales : les maires confrontés à des vols de matériel de voirie sans précédent

Les services de l'Etat ont donné l'alerte mercredi devant la multiplication dans les Pyrénées-Orientales des vols de plaques d'égout et de grilles d'évacuation des eaux de pluie. Elne, Sainte-Marie, Villeneuve-de-la-Raho... Des centaines de plaques et de grilles ont disparu dans une douzaine de petites communes des Pyrénées-Orientales depuis l'été dernier, probablement pour être revendues et fondues, selon la gendarmerie.
« On est nombreux à être touchés. On est tous consternés, révoltés même », déplore Jacqueline Irles, maire de Villeneuve-de-la-Raho, commune de 3 837 habitants qui s'est retrouvée récemment avec une trentaine de trous béants dans la chaussée. Montant de la facture - non remboursée par les assurances -, souligne Jacqueline Irles : 3 000 euros. Pas question de laisser la voirie béante: il a fallu intervenir à la hâte pour signaler ces trous avant de les combler pour éviter qu'un piéton ne tombe dedans ou qu'une voiture n'ait un accident. La municipalité serait alors responsable.
« Environ 50 grilles avaloirs ont été volées en une semaine. Cela représente un coût de 8 000 euros qui ne sera pas pris en charge par les assurances », déclare ce matin à Maire info Edmond Jorda, DGS de Sainte-Marie, l’une des autres communes à avoir été particulièrement touchées par les tout récents vols. Si le phénomène des vols de métaux n’est pas un phénomène récent dans le département, « jamais cela n’avait pris une telle ampleur », poursuit Edmond Jorda, expliquant que la commune avait déjà été victime, il y a un an, d’un vol de pontons en aluminium.
« Les vols ont commencé en juillet et se sont accrus en octobre, précise ce matin à Maire info Pierre Contet, le directeur de l’Association départementale de maires. Depuis cet été, 23 communes ont été touchées et, au total, 350 plaques d’égouts et grilles avaloir ont été volées. Ce sont essentiellement ces grilles qui sont dérobées car elles sont plus faciles à voler ».
« Il suffit de passer dans la rue au moment où il n'y a personne », estime le commandant Joël Feiche, adjoint chargé de la police judiciaire au groupement de gendarmerie des Pyrénées-Orientales. Une plaque d'égout pèse une bonne vingtaine de kilos, et dans le département, ce sont surtout aux grilles pour les eaux pluviales, plus facilement manipulables, que s'en prennent les voleurs. A quelque 30 centimes le kilo de fonte à la revente (quatre euros pour le cuivre), le voleur a intérêt à viser les grandes quantités, d'autant qu'il faut trouver un repreneur capable de fondre la fonte et que les nouvelles contraintes imposées aux ferrailleurs en France (interdiction d'achat en liquide, identification obligatoire du vendeur) compliquent les trafics.
« On peut dire sans trop s’avancer qu’il y a un marché en Espagne », déclare le DGS de Sainte-Marie. Avant de dénoncer : « Nous sommes écrasés de normes, la plupart europénnes. Or, à quelques kilomètres de là, dans le même espace européen, ce ne sont pas les mêmes méthodes de travail qui s’imposent aux récupérateurs de ferraille. Il faudrait que ces méthodes soient les mêmes dans tous les pays ».
La maire de Villeneuve-de-la-Raho a, quant à elle, annoncé son intention d'interpeller le président de l'Association des maires de France, lors du congrès des maires la semaine prochaine à Paris (avec Afp).

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