Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 28 avril 2020
Déconfinement

Déconfinement : quelles sont les recommandations du Haut conseil de la santé publique ?

À quoi ressemblera l’après 11-mai ? Le Premier ministre, Édouard Philippe, dévoilera, à partir de 15 heures cet après-midi à l’Assemblée nationale, le scénario de sortie progressive du confinement de l’exécutif. Quelques jours plus tôt, le 24 avril, le Haut conseil à la santé publique (HCSP) lui remettait ses préconisations censées l’inspirer pour « protéger les professionnels »  et « limiter au maximum la transmission interindividuelle dans la population dans le cadre du déconfinement ». Et ce, en attendant « la disponibilité d’un vaccin efficace ou de traitements spécifiques ». Ce qu’il faut en retenir.
D’abord qu’il est désormais établi que le déconfinement doit s’accompagner de la poursuite « au quotidien »  des « gestes barrières »  (distanciation sociale ou physique d’au moins un mètre entre deux personnes en milieux extérieur et intérieur, recommandation d’un espace libre de 4 m² autour d’une personne, hygiène des mains). « Une attention particulière sera portée aux conditions d’accès des espaces publics », indique le HCSP.

Port du masque « obligatoire »  dans certains établissements publics
Surtout, Édouard Philippe est attendu, cet après-midi, sur l’épineuse question des masques, dont la pénurie a alimenté la chronique. Le gouvernement a publiquement douté, à maintes reprises, de leur efficacité en population générale pour freiner l’épidémie. Pourtant, la recommandation du HCSP est, sur le sujet, claire comme de l’eau de roche. « Dans le contexte du confinement et de déconfinement, le port d’un masque grand public trouve une justification en population générale pour limiter les émissions particulaires lorsque les personnes doivent se déplacer dans des espaces clos, notamment mal aérés ou insuffisamment ventilés (ex. magasins, grandes surfaces, transports en commun, lieux de travail, etc.) ou en milieu extérieur si la distance physique d’au moins 1 mètre ne peut être respectée ou garantie ». 
Il écrit en outre : « Quel que soit l’établissement recevant du public, le port d’un masque grand public est obligatoire dès lors que la distance physique d’au moins 1 mètre ne peut être garantie ou s’il y a un doute sur la possibilité de l’organiser et la respecter. » 
Ces masques devraient, par ailleurs, « être largement distribués dans la population en quantité suffisante sur la durée », selon le HCSP. L’exécutif a, semble-t-il, entendu cet appel puisque les pharmacies, qui n’en ont toutefois pas encore toutes à disposition, sont de nouveau autorisées à vendre des masques depuis dimanche. Ils étaient réquisitionnés, depuis le 3 mars, par l’État en faveur des personnels les plus exposés.
« En cas d’impossibilité d’accès à des masques répondant aux spécifications de l’Afnor, imagine encore le HCSP, il est possible d’utiliser des masques fabriqués de manière artisanale, qui n’ont pas les mêmes performances de filtration ».

Et « systématique »  dans les transports en commun
Le respect des distances de sécurité s’annonçant délicat dans les transports en commun, le port du masque à l’intérieur doit être « systématique ». Dans les bus, trams, métros et trains, le HCSP recommande, par conséquent, « d’éviter les fréquentations maximales pour prévenir la contamination. À titre d’exemple on peut citer : limiter l’accès des moyens de transports aux personnes devant vraiment se déplacer, condamner un siège sur deux en quinconce, adapter les rotations plus fréquentes, informer les passagers de la nécessité de respecter les gestes barrières et la distance physique par bande annonce vocale ».
Des mesures difficiles à mettre en oeuvre : le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, posait d'ailleurs le problème lors de son audition au Sénat le 15 avril : « Dans les trains de banlieue d’Île-de-France, par exemple, si on nous impose de mettre un mètre ou un mètre et demi entre chaque passager, avec 100 % des trains on ne transporte que 20 % de ce qu’on transporte d’habitude… Donc ça ne marche pas » , s'exclamait-il.
Pêle-mêle, le HCSE recommande encore aux exploitants de trains, bus, métros, tramways, de mettre à disposition des distributeurs de produits hydro-alcooliques dans les transports en commun ou dans les abris bus et si possible, d'ouvrir automatiquement les portes à chaque arrêt sans nécessité d’appuyer sur un bouton d’alerte ou ouvre-porte.

Les activités sportives individuelles extérieures et professionnelles « peuvent reprendre » 
Autre sujet : la pratique du sport devrait être, selon le HCSP, encore encadrée. Si les activités sportives individuelles extérieures, comme le footing par exemple, et professionnelles « peuvent reprendre », la reprise des activités sportives individuelles intérieures (gym, danse, tennis, athlétisme, natation, etc.) « doit tenir compte des capacités d’organisation, de ventilation et de respect d’une distance physique suffisante (ex. 4m² par personne environ) ».
À l’extérieur, « la distance entre deux personnes doit être suffisamment augmentée bien au-delà d’un mètre, par exemple 5 m pour une marche rapide et 10 m pour la pratique du footing ou une pratique du vélo ». 
Les autres « activités collectives », de contact ou aquatiques, « ne devraient pas être autorisées à la reprise dans un premier temps ». De même que les « sports collectifs ». L’ouverture des vestiaires sportifs collectifs, « lieux potentiels de contamination », est déconseillée. Quoi qu'il en soit, seul ou à plusieurs, la pratique du sport en extérieur doit avoir lieu dans « des zones de faible densité de population ».
Un mot sur les piscines publiques : si la date de leur réouverture n'est, pour l'heure, pas connue, le HCSP recommande la réalisation d’un certain nombre d’étapes avant qu'elles ne puissent accueillir du public. Elles « nécessiteraient de procéder aux opérations adaptées d’entretien et de purge du réseau d’eau froide afin d’évacuer le volume qui a stagné dans les canalisations intérieures pendant la durée de la fermeture, de mettre en œuvre les mesures prévues dans l’arrêté du 1er février 2010 relatif à la surveillance des légionelles dans les installations de production, de stockage et de distribution d’eau chaude sanitaire, lorsqu’un ERP a fermé ses portes pendant plusieurs semaines ».

Nettoyage et désinfection des écoles
L’exercice est des plus périlleux pour le gouvernement : sur la forme, les conditions dans lesquelles se déroulera le vote des 75 députés (dont le nombre par groupes parlementaires a été fixé en fonction de leur poids dans l’Hémicycle) qui suivra la présentation font déjà l’unanimité contre elles. Sur le fond, le Conseil scientifique s’est désolidarisé d’une des mesures emblématiques de cette stratégie nationale de déconfinement, annoncée, le 13 avril, par Emmanuel Macron : la réouverture des écoles le 11 mai (lire Maire info d’hier). 
Sans se prononcer sur la décision politique en tant que telle, le HCSP insiste sur l’importance du nettoyage et la désinfection « avec un protocole habituel »  avant la réouverture des établissements scolaires et le respect des gestes barrières (« il convient de veiller à la mise à disposition dans toutes les écoles de lavabos et de savon en nombre et quantité suffisante » ). 
Recommandé « dans la mesure du possible »  pour les enseignants et les encadrants, « le port du masque systématique »  est, en revanche, « difficile chez les enfants avec un risque de mésusage (difficulté de port adéquat, manipulation fréquente, etc.). Celui-ci n’est pas recommandé chez les plus jeunes. Il peut être même dangereux pour les plus petits (étouffement). Il peut être en revanche proposé à ceux qui sont en âge de l'accepter et d'en respecter les règles d'utilisation. Les masques de taille pédiatrique doivent être disponibles. » 
Selon l'organisation locale pouvant être mise en œuvre, deux solutions sont, enfin, possibles pour la restauration scolaire : « Prendre le repas sur place en respectant la distanciation physique ou en installant des écrans (ex. de type plexiglas, plastique acrylique, contreplaqué, etc.) ; si la cuisine ne fonctionne pas, les repas peuvent préparés et livrés sous forme de plateaux repas ou de boîtes »  ou « prendre le repas dans une pièce collective en modulant les horaires de déjeuner pour éviter les interactions, en respectant la distanciation physique ou en installant des écrans (ex. protection de de type plexiglas, etc.) ».

Ludovic Galtier

Télécharger l'avis du HCSP.

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