Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 11 juin 2025
Déchets

Et revoilà la consigne des bouteilles plastiques... ?

L'éco-organisme Citéo a relancé hier une campagne de lobbying pour la « généralisation » de la consigne pour les bouteilles plastique, dans le sillage du sommet sur les océans qui se tient actuellement à Nice et des déclarations du chef de l'État, qui a demandé que le débat reprenne sur ce sujet. 

Par Franck Lemarc

« Il faut continuer le combat sur la consigne et que le gouvernement choisisse le bon chemin à prendre », a déclaré Emmanuel Macron à la presse, en marge du sommet de l’Onu sur les océans, qualifiant ce dispositif d’« absolument clé ». 

Il n’en fallait pas plus à Citéo pour se déclarer « tout à fait favorable à la généralisation d’un système de consigne pour les bouteilles en plastique PET »  (1), fait savoir l’AFP, la directrice Opérations et territories de Citéo, Anne-Sophie Louvel, estimant que « la consigne est un levier puissant en faveur du recyclage et va certainement faire l'objet de nombreuses discussions dans les semaines qui viennent ».

Les associations d’élus farouchement opposées 

On croyait pourtant le sujet enterré depuis que Christophe Béchu, l’ancien ministre de la Transition écologique, avait annoncé, lors des Assises des déchets le 27 septembre 2023, que le gouvernement renonçait à imposer la consigne pour les bouteilles plastique. Le ministre avait alors constaté que cette consigne « ne remportait pas la pleine adhésion », ce qui était un doux euphémisme dans la mesure où la totalité des associations et réseaux d’élus, AMF et Amorce en tête, y étaient farouchement opposés. 

Cela faisait alors quatre ans que le gouvernement, en 2019, avec le plein soutien des industriels de la boisson, avait sorti du chapeau l’idée d’imposer la consigne des bouteilles plastique, alors même que de nombreuses collectivités venaient de dépenser des millions d’euros pour recalibrer et moderniser leurs installations de tri pour traiter ces bouteilles. Dès le départ, les associations d’élus se sont élevées contre cette idée consistant à augmenter le prix des bouteilles, à installer des dispositifs de collecte dans les supermarchés et à inviter les consommateurs à les restituer contre quelques centimes. Les associations avaient dénoncé un dispositif injuste socialement, puisqu’il amène les consommateurs à payer deux fois – une fois via la Teom et une autre fois avec l’augmentation du prix des bouteilles. Et surtout, elles ont pointé le risque « d’assèchement »  de la collecte en bac jaune, et de se retrouver avec des installations  de tri surdimensionnées – alors que les PET est l’un des rares déchets valorisables financièrement. 

Enfin, les associations d'élus ont régulièrement rappelé que la mise en œuvre de la consigne ne permet pas de se diriger vers la disparation progressive du plastique dans ce secteur, ce qui devrait être l'objectif, mais ne fera que le consolider en créant en nouveau marché. 

Rappelons que les associations d’élus ne sont, en aucune façon, pour le statu quo sur ce sujet, puisqu’elles ont publié en 2023 un document très précisément argumenté présentant 14 propositions « pour lutter efficacement contre la pollution des emballages plastique » 

« Complémentarité » 

Ce débat risque donc d’être relancé – les industriels de la boisson n’ayant jamais renoncé à en faire le lobbying, y voyant une source importante de profits supplémentaires. Le secrétaire général de Citéo, hier, tout en se disant favorable à la généralisation de la consigne, a voulu déminer le débat en déclarant à l’AFP que ce dispositif doit néanmoins « rester complémentaire à celui des bacs jaunes »  et « ne pas se faire au détriment d’une partie prenante ». Il a par ailleurs proposé que les poubelles de rue et les 60 000 tonnes de matières recyclables qu’elles reçoivent soient « associées »  au recyclage.

Les responsables de Citéo ont pointé hier le « retard »  de la France sur les objectifs européens, puisque la France est « à peine à 53 % »  de collecte séparée des bouteilles et canettes, alors que l’Europe a fixé un objectif de 90 % en 2029. Pour le recyclage, la France plafonne « à 28 ou 30 % », selon Citéo, quand l’objectif de l’UE est de 50 % en 2029. 

Citéo demande qu’un décret soit pris pour généraliser la consigne. Il va donc falloir que les associations d’élus reprennent leur bâton de pèlerin si elles veulent convaincre le gouvernement que la consigne des bouteilles plastique est, comme l’avait dit le Sénat lui-même dans un rapport, « une fausse bonne idée ». 

(1) Polyéthylène téréphtalate.

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