Les dépenses culturelles toujours portées par le bloc communal
Par A.W.
Des dépenses communales et intercommunales en hausse, celles des régions en baisse. C’est ce que révèle le Département des études, de la prospective, de la statistique et de la documentation (Deps) du ministère de la Culture qui vient de publier son tableau de bord des dépenses culturelles des collectivités territoriales pour l’année 2023.
Bien que le document porte sur les données compilées il y a deux ans, il fait forcément écho à la série de coupes budgétaires annoncées ces derniers mois par certaines collectivités et dont les associations culturelles s’inquiètent sérieusement.
Avec notamment le très emblématique cas du conseil régional des Pays-de-la-Loire qui a marqué les esprits en décidant de baisser de plus de 60 % ces aides aux lieux, initiatives et projets du secteur. Dans un contexte budgétaire contraint, ce n’est toutefois pas le seul, comme l’a montré l'Observatoire des politiques culturelles avec sa « cartocrise culture 2025 » qui recense les différentes baisses frappant les acteurs culturels du pays.
Hausse des dépenses du bloc communal
Reste que, en 2023, les dépenses culturelles des collectivités territoriales augmentaient encore de quelque 400 millions d’euros pour atteindre 10,7 milliards d’euros (dont 8,5 milliards pour le fonctionnement et 2,2 milliards pour l’investissement). Elles ont ainsi progressé de 4 % par rapport à 2022 et retrouvé leur niveau de 2019, après la chute de 8 % enregistrée en 2020 pendant la crise sanitaire.
Si ces dépenses représentaient 4,5 % du budget total des collectivités, celles-ci restaient toujours portées par les blocs communaux puisque plus de 80 % de ces dépenses provenaient des EPCI et des communes, les collectivités départementales et régionales ne finançant respectivement que 11 % et 7 % des dépenses culturelles territoriales.
En 2023, les communes sont celles qui financent le plus le secteur culturel en proportion de leur budget puisque leurs dépenses culturelles représentent 7,6 % de leurs budgets totaux (et près de 6 % pour les EPCI) quand celles des départements correspondent à 1,6 % de leurs budgets totaux et celles des régions équivalent à 2 % de leurs budgets totaux.
Par habitant, la différence est encore plus flagrante puisque les communes dépensent 135 euros par habitant – soit 6,3 milliards d’euros - alors que les départements et les régions ne débloquent respectivement que 19 euros et 11 euros par habitant, soit 1,2 milliard et 781 millions d’euros. Les communes dépensent donc plus de dix fois plus par habitant que les régions.
On peut d’ailleurs noter que les dépenses culturelles des régions poursuivaient la baisse entamée depuis 2021, avec une diminution de 6 % entre 2022 et 2023, représentant une chute cumulée de 11 % par rapport à 2019. A l’inverse, depuis 2021 les communes et EPCI continuaient de financer davantage ce secteur avec une hausse respective des moyens déployés de 4 % et 9 % en 2023. Les dépenses départementales restant quasi stables.
In fine, « les dépenses culturelles totales des communes en 2023 ont quasiment retrouvé leur niveau de 2019, celles des départements l’ont légèrement dépassé et pour les groupements de communes, elles se situent significativement au-dessus (+5 %) », constate le Deps du ministère de la Culture.
Fortes augmentations en Corse et en Île-de-France
Dans le détail, si les dépenses culturelles de fonctionnement des blocs communaux progressaient dans la quasi-totalité des régions en 2023, leur évolution étaient toutefois très variables d’un bloc communal à l’autre.
Ainsi, si les dépenses ont augmenté pour 486 blocs communaux, elles ont dans le même temps diminué pour 304 autres blocs (et se sont stabilisées pour les 83 blocs restants).
« Après la Corse (+ 15 %, 9 blocs communaux) et l’Île-de-France (+ 8,4 %, 50 blocs communaux), deux autres régions affichent des taux d’évolution élevés pour les dépenses culturelles en fonctionnement de leurs blocs locaux : la Bretagne (+ 6,6 %, 57 blocs communaux) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (+ 5,4 %, avec 111 blocs communaux) », expliquent les auteurs de l’étude, qui notent que les quatre dernières régions métropolitaines dont les dépenses culturelles de fonctionnement sont restées stables entre 2022 et 2023 sont « le Grand Est (+ 0,7 %), la Bourgogne-Franche-Comté (+ 0,4 %), le Centre-Val de Loire (+ 0,3 %) et les Hauts-de-France (- 0,2 %) ».
Bibliothèques et musées, premier secteur financé
Le premier secteur culturel d’intervention des collectivités territoriales restait « la conservation et la diffusion des patrimoines », avec 37 % du total de leurs dépenses culturelles. Un secteur qui regroupe les bibliothèques et médiathèques (16 % des dépenses totales), les musées (9 %), l’entretien du patrimoine culturel (8 %) et les archives (4 %).
Suivent ensuite les dépenses regroupées dans le secteur « expression artistique et activités culturelles », pour 28 % des dépenses culturelles totales, consacrées aux domaines du spectacle vivant (« expressions musicales, lyriques et chorégraphiques », théâtre), du cinéma et des « arts plastiques et autres activités artistiques ».
« La répartition des dépenses culturelles des communes et des intercommunalités est plus homogène que celles des autres collectivités territoriales [puisque] 36 % de leurs dépenses sont réservées à la conservation et la diffusion des patrimoines, 21 % à 22 % aux expressions artistiques et activités culturelles et 26 % à 31 % à l’action culturelle », constatent ainsi les auteurs de l’étude.
En parallèle, ils observent que « les régions se distinguent en consacrant plus des trois quarts de leurs dépenses culturelles aux "expressions artistiques et activités culturelles" », tandis que « les départements privilégient la conservation et la diffusion des patrimoines avec près de 60 % de leurs dépenses culturelles, en particulier 18 % pour les archives relevant de leurs compétences culturelles ».
A noter que L’AMF a lancé, la semaine dernière, pour la première fois, une enquête relative à l’action culturelle auprès de ses adhérents, communes et EPCI, afin de disposer de données affinées sur l’offre culturelle, les difficultés rencontrées et les moyens organisationnels et financiers mobilisés par le bloc communal pour rendre accessible la culture à l’ensemble de la population.
Télécharger le tableau de bord du Deps.
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